Le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, a réitéré lundi ses profondes inquiétudes pour la population de Gaza, alors que des informations font état d’intenses combats entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens dans la ville de Gaza et à Jabalia, dans le nord de l’enclave, et à Khan Younis dans le sud.
S’exprimant à Doha à l’occasion du lancement de l’Aperçu humanitaire mondial, M. Griffiths a déclaré que la situation « s’aggravait », tandis que les efforts visant à obtenir des « moments de paix » demeuraient de la « plus haute importance ».
Selon la dernière mise à jour du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), des dizaines de milliers de personnes « ayant désespérément besoin de nourriture, d’eau, d’abris, de santé et de protection » qui ont récemment fui vers Rafah, dans le sud, ont attendu pendant des heures autour des centres de distribution d’aide.
Cette mise à jour d’OCHA indique aussi que le manque d’assainissement adéquat a conduit à une défécation « généralisée » à l’air libre, augmentant les craintes de propagation des maladies. Selon les autorités sanitaires de Gaza, environ 18.000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début des combats qui ont suivi les attaques sanglantes du Hamas en Israël le 7 octobre. Environ 70% de ces personnes tuées seraient des femmes et des enfants ; et plus de 49.000 personnes auraient été blessées.
Des opérations d’aide compromises
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a réitéré que la capacité de l’ONU à recevoir de l’aide avait été « considérablement réduite au cours des derniers jours », en raison d’une pénurie de camions à Gaza, de pannes de télécommunications et de l’impossibilité pour les travailleurs humanitaires d’atteindre le point de passage de Rafah, par lequel quelques articles de secours entrent en provenance d’Égypte, en raison des combats.
Au cours du weekend, 150.000 litres de carburant par jour en moyenne sont arrivés d’Égypte, a indiqué l’OCHA. Ce chiffre est supérieur à la moyenne quotidienne précédente de 67.000 litres, mais représente tout de même « le strict minimum nécessaire pour empêcher l’effondrement des services essentiels », notamment les hôpitaux et les ambulances, l’eau et l’assainissement, ainsi que les abris pour les personnes déplacées.
Dimanche a également vu l’arrivée de quelque 45 tonnes de gaz de cuisine, « la première livraison de ce type depuis la reprise des hostilités » après la fin d’un cessez-le-feu de sept jours le 1er décembre, a indiqué l’OCHA.
Mme Hastings, la plus haute responsable de l’aide de l’ONU pour le territoire palestinien occupé, a déclaré dimanche qu’« Israël a l’obligation, en tant que puissance occupante, de veiller à ce que des normes d’hygiène et de santé publique suffisantes, ainsi que la fourniture de nourriture et de soins médicaux soient disponibles pour la population sous occupation ».
Les attaques contre la santé se poursuivent
Selon l’OCHA, plusieurs établissements de santé et membres du personnel de santé ont été attaqués dans la bande de Gaza au cours du weekend, notamment à Jabalia, dans le nord, où deux membres du personnel médical auraient été tués alors qu’ils étaient de service à l’intérieur de l’hôpital assiégé d’Al Awda lors d’affrontements entre les forces israéliennes et des groupes armés palestiniens.
Samedi, un convoi dirigé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Croissant-Rouge palestinien a livré des fournitures médicales à l’hôpital Al Ahli Arab de la ville de Gaza et évacué 19 patients grièvement blessés. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a déclaré que le convoi avait été « retardé par les forces israéliennes à un poste de contrôle à Wadi Gaza » pour des « contrôles approfondis » et que l’un des patients évacués était décédé pendant le voyage vers le sud, tandis qu’un ambulancier paramédical était détenu pendant quatre heures, « au cours desquelles il a été interrogé et aurait été battu et intimidé ».
L’accès humanitaire au nord de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de civils ont trouvé refuge, reste « sévèrement restreint », a déclaré l’OCHA.
Pas de santé sans paix
À Khan Younis, dans le sud de l’enclave, une ambulance près de l’hôpital européen a essuyé des tirs, semble-t-il de la part des forces israéliennes, samedi, selon l’OCHA, et deux ambulanciers ont été blessés. Dimanche, la zone autour de l’hôpital a été bombardée à plusieurs reprises pour la troisième journée consécutive, toujours selon l’OCHA, privant des dizaines de blessés de l’accès aux soins.
Citant les autorités sanitaires de Gaza, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a déclaré que depuis le 7 octobre, au moins 286 travailleurs de la santé ont été tués et 57 ambulances ont été touchées et endommagées.
Réuni en session extraordinaire dimanche, le Conseil exécutif de l’OMS a adopté une résolution sur l’accès de l’aide à Gaza et le respect du droit international humanitaire, saluée par le chef de l’agence Tedros Adhanom Ghebreyesus comme un « point de départ » et une « plate-forme sur laquelle construire », réitérant que « sans paix, il n’y a pas de santé ».
Des détenus « déshabillés et battus »
L’OCHA a également souligné qu’au cours du weekend, dans le nord de l’enclave, les forces israéliennes « auraient arrêté des centaines d’hommes et de garçons séjournant dans des espaces publics, des écoles servant d’abris pour les personnes déplacées à l’intérieur du territoire ainsi que des domiciles privés ». « Des détenus auraient été déshabillés en sous-vêtements, menottés et sommés de s’asseoir sur leurs genoux dans des espaces ouverts, soumis à des coups, à du harcèlement, à des conditions météorologiques difficiles et à des privations de produits de première nécessité », a déclaré l’OCHA, tandis que des images d’eux circulaient sur les réseaux sociaux.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a ajouté que, selon l’armée israélienne, les personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le Hamas ont été transférées en Israël pour y être interrogées, tandis que d’autres ont été relâchées.