Barthélémy Dias cristallise toutes les attentions. Il creuse, à pas feutrés, son sillon. Barth’ n’est plus le jeune socialiste inexpérimenté ni le petit trublion qui menait la fronde au sein de son ex famille politique. Barthélémy Diaz appartient désormais à une génération qui est appelée demain à diriger ce pays et il est convaincu qu’il a un rôle majeur à jouer.
Et, il faudra désormais compter avec Dias fils, car il contrôle la Ville de Dakar, une passerelle pour accéder à la magistrature suprême. L’hôtel de ville de Dakar aiguise des appétits et attise des ambitions…
Depuis sa victoire éclatante aux élections locales, Dias-fils occupe une place importante dans le schéma politique. En plus d’être maire, il est député et vise même le Perchoir de l’Hémicycle. À force de gagner en puissance, il est devenu un danger non pas seulement pour le Pouvoir, mais pour ses amis de l’opposition, dont principalement Ousmane Sonko.
Récemment, il a déclaré lors d’une émission télévisée qu’il soutiendra à la prochaine présidentielle Khalifa Sall, si ce dernier est candidat. À défaut, il dit qu’il soutiendra le leader de Pastef. N’est-ce pas une déclaration de façade ? Brutus a bien tué César, dit-on. Et Barth’ tuera Sonko, le cas échéant.
Le conflit entre lui et Sonko est tout simplement différé et leur rivalité prochaine s’identifie à la fois à un film de Luis de Funès et de Clint Eastwood. La comédie et le drame s’y unissent en diphtongue pour donner un véritable scénario de boulevard. Les parodies, les pastiches, les singeries, les clowneries, les coups bas et les complots se s’y croisent et s’y entrecroisent !
Maire de la Ville de Dakar et député, Barthélémy Dias devient, par la force des choses, un homme politique et dangereux. Il est une grosse équation à résoudre en 2024 pour Macky Sall et Ousmane Sonko. Si son mentor ne peut pas être candidat, l’ex-maire de Mermoz Sacré-Cœur s’impose comme candidat à la Présidentielle de 2024. Bien qu’il ait affirmé publiquement soutenir Sonko si Khalifa Sall est out. Barth’ sait que la candidature de son « ami » Sonko est compromise par l’affaire Adji Sarr pendante devant la justice. Et si par extraordinaire le leader de Pastef est recalé à la Présidentielle, Dias-fils pourra surfer sur l’électorat jeune.
Ses défauts sont ses qualités
Au-delà de sa notoriété et de son assise politique, Barth’ dégage la témérité et un courage démesuré. En politique, il est une hydre aux pattes armées de griffes. Il ne connait pas l’abdication. Il ignore la capitulation. Dans un combat politique, si les soldats sont mille, il en est un. S’ils sont cent, il en fait partie. S’ils en demeurent dix, il est en tête et s’il n’en reste qu’un, c’est lui. Il est tenace, son atout est immense, mais il est hyperactif et a une fougue démesurée. L’aspect instable de sa personnalité lui fait commettre des bourdes. Ses humeurs sont emportées. Sa hargne ne fait que lui porter préjudice. Il est un homme d’action. Mais il a le défaut de vouloir agir seul pour fonctionner à son gré, étant têtu. Qu’on l’aime ou pas, Barthélémy Diaz ne laisse personne indifférent.
Un avenir politique en suspens ?
Comme Sonko, Barth a un dossier judiciaire relatif au meurtre de Ndiaga Diouf. S’il est reconnu coupable, sa carrière politique sera alors hypothéquée avec un casier judiciaire compromettant. Mais s’il s’en sort, il sera un homme politique comparable à ceux qui ont marqué leurs époques à cause d’accusations fallacieuses contre lesquelles ils ont remporté une victoire chevaleresque. Ce serait aussi pour beaucoup de personnalités du PDS et de la mouvance présidentielle une débâcle identifiable à une humiliation. Barthélémy tombera pour se relever grand. Mais, pour l’heure, son avenir politique est en suspens.
Safiétou DIOP