Aminata C. a été victime d’escroquerie pour un préjudice de 2,3 millions de francs. Mais, elle a perdu hier son procès contre le frère de son bourreau, placé sous mandat de dépôt depuis le 26 décembre 2024, pour complicité. L’escroc est établi au Canada. Il a connu la partie civile lorsqu’il faisait ses études supérieures dans un institut privé de la place.
Aminata a été roulée dans la farine par son camarade de promotion, Massamba N. Voulant acquérir un véhicule, la jeune dame est entrée en contact avec son bourreau, établi au Canada courant juillet 2024. C’est alors que celui-ci lui a promis une voiture pour la somme de 4,6 millions de francs. Massamba a ensuite envoyé un numéro de téléphone à son amie pour qu’elle dépose un acompte de 2,3 millions de francs dans le compte wave. Aminata s’est immédiatement exécutée. Le paiement du reliquat de 2,3 millions de francs devait intervenir après livraison de la voiture. Cependant, Massamba n’a pas rempli sa part de marché. Après plusieurs relances, c’est son frère Babacar Badara qui est entré en jeu. Il a contacté la victime le 8 décembre 2024 pour lui dire que le véhicule est arrivé au port de Dakar. Le transitaire a fait une déclaration. Seulement, il y a un redressement sur la voiture. Quelques jours après, Babacar Badara a recontacté Aminata pour tenir un autre discours, soutenant que le transitaire Mohamed a détourné les frais de dédouanement à des fins personnelles. Réalisant qu’elle a été bernée, Aminata s’est rendue à la Division des investigations criminelles (Dic) pour déposer une plainte. Interpellé, Babacar Badara, déjà condamné à six mois ferme pour une affaire de véhicule, a fait savoir aux limiers qu’il n’a rien à voir dans cette histoire. Il s’active lui-aussi dans le commerce de voiture. Toutefois, il ne travaille plus avec son frère Massamba depuis 2019. Des arguments qui n’ont pas convaincu les enquêteurs qui ont déféré le repris de justice au parquet le 26 décembre 2024. Inculpé pour complicité d’escroquerie, le prévenu a comparu hier, à l’audience des flagrants délits de Dakar. Né en 1987, célibataire, père d’un enfant, Babacar Badara a signalé qu’il a été utilisé par son frangin qui lui a fait croire qu’il n’arrivait plus à joindre le transitaire. Sur ces entrefaites, affirme-t-il, il est entré en contact avec ce dernier, avant de transmettre les informations reçues à la partie civile. Assurant les intérêts de celle-ci, Me Dieng a estimé que tous les éléments constitutifs de l’escroquerie sont réunis. Le prévenu a reconnu à l’enquête qu’il utilise le numéro wave sur lequel l’argent est envoyé. En plus, il a corroboré les mensonges de son frère. Pour la réparation du préjudice, le conseil de la partie civile a réclamé 3 millions de francs. Pour le parquet, rien n’établit que le numéro sur lequel l’argent a été envoyé appartient au prévenu. Sur ce, le substitut du procureur a demandé la relaxe du prévenu. Me Dabo, conseil de la défense, a formulé la même demande. Au terme de sa plaidoirie, la juge a prononcé une décision de relaxe en faveur du repris de justice. Elle a ainsi débouté la partie civile de sa demande d’indemnisation.