Agent immobilier, résidant à Liberté 6 Extension, Abdou Boukounta M., est accusé d’escroquerie ainsi que faux et usage de faux en écriture privée par le couple Souleymane D. et Véronique M. Devant le tribunal correctionnel de Dakar, le prévenu a rejeté fermement les accusations, soutenant que le terrain en question, situé à Sicap Assemblée, lui appartenait légalement au moment de la vente.
Après 23 ans passés en France, Souleymane D. et son épouse, Véronique M. ont vu leurs économies fondre comme beurre au soleil, lorsqu’ils ont décidé de s’installer définitivement au Sénégal. Se présentant comme le propriétaire d’un terrain de 278 m², Abdou Boukounta M. aurait grugé le couple de 60 millions de francs. « Nous avons conclu un accord pour un montant de 65 millions francs CFA », a informé Souleymane D. devant le tribunal correctionnel de Dakar. Un acompte de 30 millions de francs a été versé lors d’une rencontre au service des Domaines, en présence de son épouse. « Par la suite, Abdou nous a demandé plusieurs avances supplémentaires, invoquant des difficultés financières. Nous avons finalisé le paiement, croyant que la procédure avançait normalement », a poursuivi Souleymane. Le couple affirme avoir reçu un titre de propriété au nom d’Abdou Boukounta M. Cependant, un détail a attiré leur attention : l’acte mentionnait l’année 1988, alors que l’agent immobilier leur avait assuré avoir acquis le terrain en 2008. « Nous n’avons remarqué cette anomalie qu’après plusieurs mois, lorsque nous avons contacté la DSCOS (Direction de la surveillance du contrôle et de l’occupation du sol) en raison des retards dans les démarches », a expliqué Véronique M. L’affaire a pris une autre tournure quand Serigne Cheikhouna Ba a entamé des travaux de construction sur le même terrain. Sur ces entrefaites Souleymane D. a porté plainte à la gendarmerie. Toutefois, Abdou Boukounta M. a battu en brèche les accusations en mettant en doute la validité du bail détenu par Serigne Cheikhouna Ba. « Je n’avais pas indiqué la date sur l’acte de propriété, c’est le président de la coopérative qui l’a fait. De plus, les Domaines n’ont jamais informé les plaignants d’une annulation de procédure », a-t-il laissé entendre. Entendu en qualité de témoin, Serigne Cheikhouna Ba a allégué être le véritable propriétaire du terrain. Il a expliqué l’avoir acquis auprès de Mamadou Ndao Hanne par l’intermédiaire de sa femme et de sa belle-mère. « En régularisant la situation, j’ai découvert que le terrain appartenait à l’État, mais j’ai obtenu un bail numéro 192 », a-t-il argué. En raison de ces versions contradictoires, le tribunal a reporté l’affaire au 17 avril prochain. D’ici là, les parties concernées devront fournir des documents prouvant que le terrain n’a pas déjà fait l’objet d’un bail, comme l’affirment les plaignants.