Urgent! Diourbel: Un Talibé âgé de 10 ans battu à mort par son maitre coranique

Procédant à un constat, les policiers remarquent sur la dépouille des égratignures au niveau du cou. Saisie pour autopsie, le médecin légiste conclut que la victime serait morte de polytraumatisme avec luxation du rachis cervical en CI et C2, lésions multiples avec hématome cutanéo-musculaire à la suite de coups et blessures par un objet contondant.  Il résultait aussi des auditions de ces talibés que Khadim Thioune avait l’habitude de perpétrer des violences sur eux et cela lui avait valu le surnom de « Ass Malaaka». Ainsi, Assane Dia (âgé de 10 ans) et Serigne Fallou Samb (âgé de 15 ans environ), indiquaient qu’eux-mêmes avaient eu à subir la furie du maître. Le dernier nommé renchérit que deux autres disciples avaient également été violentés, en l’occurrence, Mouhamed Thioune, sorti récemment d’hôpital, et Cheikhouna Guèye qui avait perdu un œil.

Comme pièces à conviction, les enquêteurs ont saisi et mis sous scellés les objets qu’utilisait le mis cause pour corriger ses talibés à savoir une corde, un câble et trois morceaux d’ardoises en bois. Au titre d’un complément d’enquête, Mouhamed Thioune et Cheikhouna Guèye (autres victimes citées), ont été entendus. Ils ont tous confirmé avoir été violentés. Le premier a mentionné qu’il traîne encore des séquelles. Il renseigne que son défunt condisciple a été battu au motif qu’il n’avait pas assimilé sa leçon. Il indiquait que le jour du drame, lui–même en avait fait les frais avant de parvenir à réciter sa leçon. Quant au second, il a précisé que son œil était juste gonflé. Il ajoutait avoir quitté le « daara » à cause des violences subies.

Lors de sa première comparution devant le juge d’instruction, l’inculpé Khadim Thioune reconnaissait tous les faits à lui reprochés. Interrogé au fond, il atténuait ses aveux en arguant que la mort d’Abdoulaye Diop n’était pas liée aux coups qu’il lui avait donnés des jours auparavant. Au surplus, il réfutait les témoignages à charge des condisciples du défunt, dont Ousseynou Dia, Assane Dia et Serigne Fallou Samb. Ainsi, il soutient ne jamais avoir utilisé une ardoise en bois, ni une corde pour corriger ses élèves. Il expliquait qu’il employait seulement une cravache.

Poursuivi pour avoir volontairement porté des coups et fait des blessures sur la personne d’Abdoulaye Diop, enfant de moins de 15 ans et d’avoir volontairement exercé des violences et voies de fait sur les personnes de Cheikhouna Guèye, Mouhamed Thioune, et Assane Dia (enfants de moins de 15 ans), avec cette circonstance que l’auteur avait une autorité sur lesdites victimes, et volontairement exercé des violences et voies de fait sur la personne de Serigne Fallou, lesquels faits prévus et punis par les articles 298, 299 et 296 du code pénal, Khadim Thioune était ainsi jugé devant la Chambre criminelle de Diourbel.

Face aux robes noires, le prévenu a réitéré ses déclarations faites depuis l’enquête. Mais pour sa défense, il a juré n’avoir jamais eu l’intention de causer ni la mort, encore moins une quelconque souffrance à aucun de ses disciples. Un mea culpa tardif aux yeux du procureur qui a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre l’accusé dont l’avocat, Me Serigne Diongue, a plaidé la clémence. En rendant son verdict, la Chambre a reconnu la culpabilité de Khadim Thioune pour tous les chefs et l’a condamné à cinq ans de réclusion criminelle.