Comment ne pas tirer intelligemment profit de cette belle victoire des Lions Rouges avec leurs rugissements victorieux en terre camerounaise ? Comment ne pas transformer cette soudaine énergie positive en bien-être pour la population Sénégalaise? Que la victoire est belle ! Elle seule est belle. Le Sénégal n’a-t-il pas vu des générations de joueurs talentueux se succéder sans parvenir à se hisser sur le toit de l’Afrique?
En plus de l’équipe d’El Hadji Malick Sy « Souris » et de Youssoufa Ndiaye, n’a-t-il pas connu la belle génération de Jules François Bocandé, de Cheikh Seck, d’Oumar Gueye Sène, de Boucacar Sarr Locotte, de Roger Mendy et de Thierno Youm qui, après une longue traversée du désert, renoua avec une qualification du Sénégal en CAN ? Cette équipe ne fit-elle pas sensation en faisant tomber d’entrée le pays organisateur, futur vainqueur de Caire 86 ? N’y-eut-il pas celle de 2002 (composée d’El Hadji Ousseynou Diouf, de Khalidou Fadiga, de Tony Mario Sylva, d’Henri Camara…) avec une première finale de CAN et un quart de finale au Mondial de la même année ? La génération des Sadio Mané, Idrissa Gana Gueye, Kalidou Coulibaly et d’Edouard Mendy n’est-elle pas allée en Coupe du monde en 2018 (la deuxième pour le Sénégal non encore titré, étoilé) avant d’échouer en finale de la CAN 2019 ?
Tous les ingrédients n’étaient-ils pas donc réunis pour enfin toucher au GRAAL ? Autant de raisons qui font de cette victoire un gâteau succulent, un parfum de très bonne odeur, un veau d’or. Pourquoi ne pas alors convertir cette victoire footballistique en réussite diplomatique ? Comment ne pas astucieusement œuvrer à maintenir cette belle équipe sur le toit de l’Afrique pour les trois prochaines CAN ? D’ailleurs pourquoi cette victoire n’adviendrait-elle pas pour inscrire enfin le processus de développement du Sénégal en mode fast-track ? Pourquoi n’en ferait-on pas un trophée pour faire éclore le talent qui sommeille en chaque sénégalais ? Un trophée pour stimuler les énergies du peuple et pour aiguiser la somme de passions positives contenues en chaque citoyen ? Un trophée pour faire briller, scintiller et rayonner le Sénégal ? Un trophée pour répandre les saveurs de sa téranga et l’ensemble des facettes culturelles du pays du poète-président qui le premier, organisa le plus grand Festival Mondial des Arts Nègres? Comment, au regard de l’instabilité qui nous ceinture, nous entoure et nous étreint si fortement, ne pas inscrire durablement le Sénégal dans une dynamique de stabilité renforcée, d’institutions fortifiées, de cohésion nationale toujours plus recherchée pour, une bonne fois, ouvrir une ère de belles victoires? N’est-ce pas étonnant et même inquiétant que cette victoire, ce sacre, ce premier titre de champion d’Afrique ne suscitât pas déjà un Conseil Présidentiel pour capitaliser sur l’exploit des lions, pour mieux renforcer le ciment de l’unité nationale et de l’Union Africaine d’autant que Macky Sall vient d’être, cerise sur le gâteau, porté à la tête de l’UA? Comment ne pas mesurer la catastrophe qu’aurait engendrée une troisième défaite du Sénégal en finale de CAN?
Cette victoire devrait-elle alors servir à divertir la jeunesse et à endormir le peuple ? Ne devrait-elle pas plutôt être intentionnellement mise à profit pour taire les divergences, faire renaitre l’espoir et redonner confiance au peuple à travers des projets de développement qui impactent l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, le commerce, le tourisme, les transports, la culture, bref la jeunesse, moteur du dynamisme, de la vitalité et de l’accélération de l’ensemble des leviers du développement ? Les Sénégalais n’ont-ils pas, au moins pour un moment, enterré au cimetière de l’oubli les invectives de leurs politiciens en mal d’inspiration novatrice-fédératrice, de projet de société et de popularité légitime ? Les Lions Rouges n’ont-ils pas réunis à leur retour, le people sénégalais dans toutes ses composantes et sa diversité ? L’accueil triomphal des vaillants Gaindés à leur retour du Cameroun, ne devrait-il pas servir d’apothéose, de consécration pour un bail avec la performance et l’excellence érigées en mode de gouvernance? Y aurait-il un seul Sénégalais à ne pas être fier de l’exploit historique de nos Gaindés ? Cet exploit des Gaindés n’a-t-il pas, au lendemain des élections locales où les politiciens se montrèrent particulièrement indignes de leur si beau peuple et de leur pays si envié, un goût particulier de fierté et un parfum de dignité ? Faut-il attendre la fin de l’état de grâce engendré par la victoire alors que les législatives se profilent déjà à l’horizon ? Le réveil ne risque-t-il pas d’être brutal ? Cet exploit pharaonique comme pour mieux conforter Cheikh Anta Diop, dans son paisible sommeil de digne égyptologue, ne devrait-il pas servir de prétexte pour un véritable texte à un Sénégal réconcilié, uni, unifié pour un décollage sans danger vers les cimes du développement?
Au moment où le Qatar, une monarchie arable qui compte moins d’habitants que Dakar, s’apprête à bouleverser totalement l’habituel calendrier FIFA pour organiser « sa Coupe du monde », pourquoi le Sénégal de Léopold Sédar Senghor et de Cheikh Anta Diop, peinerait-il à revenir joliment et brillamment, sans ne plus jamais faillir au-devant de l’actualité diplomatique ? Pourquoi le Sénégal de Hyacinthe Cardinal Thiandoum, de Baye Niass, d’El Hadji Malick Sy et de cheikh Ahmadou Bamba.., ne mettrait-il pas suffisamment en valeur le potentiel holistique et le génie pluriel de ses fils et filles pour une diplomatie qui fascine, façonne et rayonne à travers le monde ?
Le Sénégal Champion d’Afrique n’est-il pas devenu une belle Princesse adulée, une Reine adorée ? Pourquoi cette Reine adorée ne ferait-elle pas monter les enchères pour mieux se faire admirer, désirer? Au-delà de la compétition et du jeu remporté sur le terrain au Cameroun, ne s’agit-il pas dorénavant pour le Sénégal de mettre en valeur tout son charme insulaire, la beauté paradisiaque de ses sites touristique, pour remporter l’enjeu de la diplomatie sous-régionale, régionale et mondiale ? N’a-t-il pas la chance d’être dotés de divers parcs, d’être sillonné de lacs et de fleuves et serpenté de rivières et d’iles ? Ne dispose-t-il pas d’infrastructures ferroviaires, aéroportuaires, portuaires, routières hôtelières pour soutenir, renforcer et conforter ses entreprises privées ? Pourquoi ne pas en faire des championnes au Sénégal, en Afrique et dans le monde ? N’est-ce pas le moment de mieux faire découvrir et connaitre le charme de son tourisme fluvial et balnéaire ? Le Sénégal n’a-t-il pas plus 740 kms de côtes ? Ne dispose-t-il d’une faune recherchée et d’une flore enviée ? N’est-ce pas une opportunité de mettre en relief le soleil des cœurs que constitue la légendaire téranga sénégalaise ? D’autant que frappés par la liesse populaire de l’accueil des Lions Rouges, des étrangers s’émerveillent et s’exclament : quel pays et surtout quel beau peuple ! Un peuple réunifié par une éclatante victoire sportive. Une victoire sportive seule capable de réunir au-delà de l’ethnie, de la confrérie, du catholicisme ou du protestantisme, de l’animisme, bref de la religion, les diversités si fécondantes et si enrichissantes? Comment ne pas alors inscrire le tourisme religieux au cœur de l’agenda des Agences de voyages (Tours Opérateurs)? Comment faire pour déverser plus de chaleur dans les cœurs de tous les amoureux et sympathisants du Sénégal ? Une meilleure coordination et une parfaite synergie de l’action gouvernementale ne s’impose-t-elle pas ? N’incombe-t-il pas au gouvernement de résoudre l’équation de voir comment charrier plus de douceur sur le corps-paysage de nos touristes, pour mieux faire chavirer leur cœur et leur donner plus envie de revenir s’établir au pays de la téranga ? Comment fidéliser le tourisme mémoriel de l’île de Gorée et de la ville de St-Louis, inscrites au patrimoine mondiale de l’UNESCO pour mieux séduire une clientèle avide d’assouvir sa soif de connaitre son histoire, enfin dépouillée de clichés et de préjugés ?
L’heure n’est-elle pas venue de promouvoir par la magie de la diplomatie, d’instaurer et d’instituer à Dakar et dans toutes les capitales régionales, le Banquet de l’Universel, pour mieux faire découvrir et adopter notre riz aux poissons, notre ngourbane et tous nos délicieux plats sénégalais? Comment ne pas perpétuer au Sénégal le rendez-vous du donner et du recevoir, pour inscrire au panthéon de l’humanité, la solidarité nationale et l’offrir en exemple, pour l’interdépendance des peuples ? Comment ne pas placer le rendez-vous du donner et du recevoir au carrefour des alizés, pour en faire un espace de convivialité et de brassage des cultures ? Comment ne pas faire du Sénégal, pays aux convives bercés tantôt par les brises marines ou fluviales, tantôt par l’harmattan, le temple de la célébration ou de la consécration de la Civilisation de l’Universel ?
Puisse cette victoire et ce beau trophée, apprendre aux autorités sénégalaises présentes et futures, à savoir équitablement récompenser nos champions d’Afrique méritants, toutes disciplines confondues? Ne serait-il pas une manière de motiver, stimuler les jeunes pour promouvoir, dans une émulation constante, de futurs champions lors des prochains championnats d’Afrique et surtout lors des prochains JOJ (Jeux Olympiques de la Jeunesse) que le Sénégal aura prochainement l’honneur d’accueillir ?
Samuel SENE
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