C’est une mauvaise nouvelle pour le Trésor public sénégalais. Et ça risque d’être un coup dur pour les prévisions économiques du pays après le report de l’exploitation du pétrole par Woodside.
En 2023, d’après la Banque mondiale, la croissance économique du Sénégal devrait atteindre 4,7%, entraînée par un rebond du secteur secondaire grâce à la normalisation des cours internationaux des matières premières, à un environnement institutionnel favorable, au recours aux partenariats public-privé pour le financement des investissements directs étrangers pour l’exploitation des hydrocarbures. Mieux, les recettes des hydrocarbures et les efforts de mobilisation des recettes devraient contribuer à la réduction du déficit budgétaire à 3 % du Produit intérieur brut (Pib) d’ici à 2025.
Seulement, ces prévisions risquent d’être revues à la baisse puisque le démarrage de l’exploitation de l’un des projets d’hydrocarbure (le champ pétrolier de Sangomar) prévu pour fin 2023 a été reporté au premier semestre de 2024 pour l’opérateur principal du chantier, Woodside Energy.
Dans un communiqué rendu public hier, Woodside a effectué un examen des coûts et du calendrier de la phase 1 du développement du champ de Sangomar suite à l’identification des travaux correctifs nécessaires sur le navire de stockage flottant de production et de déchargement (Fpso).
Ainsi, le «First oil (premier baril de pétrole) qui a été prévu pour le dernier trimestre de l’année 2023, «est maintenant ciblé pour le premier semestre de 2024 et le coût total du projet devrait être de 4,9 à 5,2 milliards de dollars américains (environ 2 856,05 milliards FCfa à 3 030,91 milliards Fcfa, sur le taux du dollar d’hier soir), soit une augmentation de 7 à 13 % par rapport à la précédente estimation des coûts de 4,6 milliards de dollars américains (environ 2 681,19 milliards FCfa)», précise Woodside.
Non sans rassurer qu’au 30 juin 2023, le projet global était achevé à 88 %. La campagne d’installation sous-marine a été terminée à 76 %, avec la portée des travaux sous-marins achevée à 95 %. Le programme de forage de développement se poursuit avec 12 des
23 puits forés et complétés. Woodside indique également que le navire de forage Ocean BlackHawk a terminé ses travaux avec succès sur l’étendue du chantier en juillet et l’activité de forage restante sera complétée par l’Ocean BlackRhino. Ainsi, Woodside souligne que les résultats à ce jour ont confirmé la qualité de la ressource pétrolière.
Dans la foulée, la Pdg de Woodside, Meg O’Neill, a expliqué que les travaux de réparation étaient inattendus et que l’équipe de projet était la plus compétente, mais que la priorité reste l’achèvement en toute sécurité de toutes les activités. «Nous avons pris la décision prudente de faire effectuer les travaux de réparation pendant que le Fpso reste sur le chantier naval de Singapour.
Cela minimise l’impact sur le calendrier du projet car il est plus sûr, plus efficace et plus rentable que d’entreprendre les travaux au large du Sénégal. Cette approche garantit que nous pouvons réaliser le démarrage de la production conformément au calendrier ajusté et accélérer les opérations comme prévu. Le changement de calendrier du projet n’a aucun impact sur les prévisions de production de Woodside pour 2023», a-t-elle fait savoir.
En revanche, ce report aura des conséquences directes pour le Sénégal, qui risque de voir ses projections budgétaires pour 2023 non atteintes. Dans ses projections, le Sénégal visait des recettes de 59 milliards FCfa issues de l’exploitation de ses ressources d’hydrocarbure pour l’année 2023, et près de 327 milliards FCfa pour l’année 2024.