La trentaine, Moussa Bâ a profité de l’état de santé chancelant du sieur S. Cor pour l’arnaquer de 6,7 millions francs. Jugé hier, par le tribunal des flagrants délits de Dakar, il a écopé d’une peine de trois mois ferme.
Cor était loin d’imaginer qu’il avait affaire à un escroc au moment où Moussa Bâ l’abordait au rond-point Case Bi pour lui demander le chemin à emprunter pour se rendre à Pikine. C’est dans ces circonstances que les deux hommes avaient pris le même taxi-clando. Au cours du trajet, ils sympathisent sous l’angle du cousinage à plaisanterie et Moussa Bâ qui s’est présenté sous le nom de Sidath Bâ, remet à sa proie son numéro de téléphone. Une semaine plus tard, M. Cor contacte l’imposteur qui lui présente son « grand-père » du nom de Demba Bâ au bout du fil. Et le duo qui prétend posséder des pouvoirs mystiques propose de l’aider à résoudre ses soucis de santé, après une séance de voyance. Convaincu, l’enseignant envoie 15.000 francs à Moussa Bâ via Orange money pour les offrandes. Après cela, celui-ci le reçoit à la Scat Urbam et lui fait prendre des bains mystiques sur les lieux. Puis, il lui soutire 174.000 francs. « Une fois chez moi, j’ai contracté plusieurs prêts. Mon frère m’a prêté 1 million francs. Je lui ai envoyé ledit montant via wave. Il me disait que j’étais sous l’emprise des djinns. Je fuyais mon entourage. J’ai été hospitalisé à deux reprises. Tous mes élèves étaient inquiets. Quand j’ai retrouvé mes esprits, il me menaçait de mort. Car, je refusais d’exécuter ses injonctions », a expliqué la partie civile hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Poursuivant, S. Cor indique que la famille du mis en cause lui a proposé une médiation suite à sa plainte à la Section de Recherches. À cet effet, il a reçu un acompte de 3 millions francs. Mais, le prévenu s’était volatilisé au sortir de la gendarmerie pendant 16 mois. « Je lui avais concédé les 700.000 francs parce que je voulais éponger mes dettes et être quitte avec ma conscience. Il avait pris l’engagement de verser le reliquat de 3 millions francs en l’espace de quatre mois », se désole-t-il.
A l’en croire, le plaignant voulait avoir une promotion. « Il veut être directeur d’école. Je lui ai donné de l’eau bénite à deux reprises », admet-il. A l’enquête préliminaire, il avait dit qu’il lui donnait aussi des poudres que lui remettaient d’autres guérisseurs.
L’avocate de la partie civile a réclamé 4,7 millions francs, à titre de dommages et intérêts. Vu la constance des faits, le maître des poursuites a requis l’application de la loi. Pour Me Daouda Kâ, le menace de mort est un délit tiré par les cheveux. Il ne résulte d’aucun élément du dossier. Le juge qui a suivi la plaidoirie de la défense, a relaxé le prévenu du chef de menace de mort, avant de le condamner à trois mois de prison ferme pour escroquerie et charlatanisme. Sur les intérêts civils, Moussa Bâ doit s’acquitter du montant de 4,7 millions francs.