Antoine Félix Abdoulaye Diome est le nouveau ministre de l’Intérieur. Diome s’est révélé au grand public suite aux affaires Karim Wade et Khalifa Sall, poursuivis pour enrichissement illicite et détournement de deniers publics. Réputé rigoureux et expérimenté, soucieux de rigueur jusqu’à la raideur, Antoine, est aussi très ambitieux. Son look, austère, cache un homme qui ne l’est pas. Qui est ce juge si discret, mais si efficace ? Portrait d’un magistrat hors normes !
Dans le giron de la magistrature, on ne le présente plus. Lui, c’est Antoine Félix Abdoulaye Diome. L’affaire Karim Wade? C’est lui. L’affaire Khalifa Sall ? C’est encore lui.
Ses faits d’armes dans ces deux affaires retentissantes (procès Karim Wade et Khalifa Sall) qui l’ont fait connaître des Sénégalais, renseignent à souhait sur le parcours d’un magistrat compétent et hyper intraitable.
Il a été présent sur tous les fronts lors de ces deux procès qui ont tenu en haleine tout le peuple. Au point de devenir une vedette incontestée et redoutée. Vedette, certes, mais totalement absente de la scène médiatique. Car Diome cultive à l’extrême, question de principe, la discrétion.
Le magistrat Diome force l’admiration. Pour les avocats qui se sont opposés à lui, il est le « super proc redoutable et redouté». Lui ne se voit pas en héros.
« Intenses et passionnantes » sont les qualificatifs qui résument ces 19 années de magistrature. «Dramatiques» aussi pour Karim Wade et Khalifa Sall. À chacun de ses procès, ses « adversaires » retenaient leur souffle.
Il met les principes du droit et de l’intérêt général avant ses intérêts personnels.
De ces expériences hors du commun, le magistrat Diome a puisé l’humanisme qu’il met au service de la justice, exclusivement dans des fonctions du parquet.
Il est présenté par ses proches comme un homme courtois, respectueux des traditions et perfectionniste, mais aussi « très ambitieux pour lui et pour son pays.»
« C’était un garçon de très grande qualité, compétent et courageux, un travailleur infatigable. C’est un grand magistrat qui a déployé beaucoup d’humanisme et d’humanité. Il incarnait une image du parquet que j’ai toujours gardée », nous confie-t-on dans les coursives de la magistrature.
La stature haute, Diome, homme de terrain rigoureux sans être rigide, a insufflé sa méthode dans toutes les juridictions où il a œuvré. « Doté d’une forte personnalité, il est décrit comme un homme intègre, qui ne se laisse influencer ni par le statut social des parties, ni par le souci de l’opinion publique ni même par l’appât du gain.
Il reste neutre envers toutes personnes, de quelque grade, dignité, qualité et conditions qu’elles soient », témoignent des membres du Barreau sous l’anonymat.
«Il nous rend fiers, et ses qualités sont telles que les défauts ne ressortent pas », se réjouissent des juges du parquet.
« C’est d’ailleurs une grande différence avec le métier d’avocat qui consiste à soutenir la cause d’une des parties, « dont est venu ce mot : De bon advocat, mauvais juge. On ne peut être à la fois bon juge et bon avocat, tout simplement parce que les qualités requises par l’un et l’autre métier ne sont pas compatibles », nous confie-t-on.
Ensuite, Diome, nous signale-t-on, ne se soucie guère de l’opinion publique au moment de rendre son verdict. Il offre un modèle idéal aux juges contemporains car il ne fonde son jugement que sur le Droit, rien que le Droit.
Aussi longtemps qu’il parle, on ne le lâche pas. Il est l’homme des circonstances. Sans elles, la notoriété du magistrat de 46 ans n’aurait pas dépassé le cercle restreint de ceux qui travaillent quotidiennement avec lui. Ils sont nombreux, parmi ses pairs, à savourer à travers lui la reconnaissance d’un homme de terrain.
Un Proc’ au riche parcours
Antoine Felix Diome est né le 4 novembre 1974 à Khombole, dans la région de Thiès. Et c’est là-bas aussi qu’il entame (école élémentaire) et achève (Cem), entre 1981 et 1990, ses premières humanités à l’école française. Son entrée au lycée se déroule en deux phases : la première année à Malick Sy, dans la capitale régionale ; ensuite, il débarque à Dakar.
Ses études en secondaires, il l’a fait au Lycée Blaise Diagne de Dakar où il décroche le Baccalauréat. Ensuite, il s’est inscrit à la faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. La maîtrise en poche (option droit des affaires), l’étudiant passe le concours de l’École nationale d’administration (ENA), un succès qui lui ouvre les portes de la magistrature en 2000 ; notamment le Centre de formation judiciaire (Cfj) d’où il sort diplômé et réussit son entrée à l’Enm, la réputée Ecole nationale de la magistrature, à Paris. Il y est formé à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, avec une spécialisation dans la saisie et la confiscation des avoirs criminels. Après la France, Antoine Félix Abdoulaye Diome fait cap sur les Etats-Unis pour subir, au Département d’Etat, deux autres formations dans des matières qui commencent à mobiliser magistrats et policiers du monde entier : la lutte contre la cybercriminalité et la corruption.
De retour au Sénégal, le futur jeune ministre de l’Intérieur est affecté, en 2001, à l’âge de 24 ans, au parquet de Diourbel comme Substitut du Procureur près le Tribunal régional Diourbel. Puis il est muté comme substitut général près le parquet général de la Cour d’appel de Dakar. De substitut général, il passe délégué du procureur du tribunal départemental de Guédiawaye, avant de se retrouver comme second de Alioune Ndao au niveau de la CREI.
En 2007, il monte en grade en devenant et ce jusqu’en 2011 Substitut Général à la Cour d’Appel de Dakar. Quatre années plus tard, il est Délégué du Procureur près le Tribunal départemental de Guédiawaye.
Le mercredi 17 juin 2015, il sera nommé Agent judiciaire de l’État (AJE).Macky Sall l’a nommé à des emplois du deuxième grade, premier groupe, sixième échelon lors de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature. En effet, suite à l’arrêt rendu par la Cour suprême portant annulation de la première nomination Antoine Félix Diome rendu le 26 septembre 2013, le Chef de l’État, par décret, l’a reconduit à ce poste en octobre de la même année.
Tony, comme l’appellent les intimes, a marqué son empreinte dans les juridictions. Il était très attendu lors des sessions de Cour d’assises devenue Chambre criminelle depuis quelques années au Tribunal de Grande Instance de Dakar comme avocat général.