Le général Mahamat Idriss Déby Itno a été déclaré jeudi vainqueur de la présidentielle, trois ans après avoir pris le pouvoir à la tête du Tchad. Mais son Premier ministre Succès Masra lui conteste cette victoire : ce dernier a déposé dimanche une requête auprès du Conseil constitutionnel pour faire annuler le scrutin.
Succès Masra, arrivé deuxième à l’élection présidentielle tchadienne remportée lundi par Mahamat Déby, a annoncé dimanche 12 mai avoir déposé une requête auprès du Conseil constitutionnel pour faire annuler le scrutin. « Avec l’aide de nos avocats, nous avons déposé aujourd’hui une demande au Conseil constitutionnel pour révéler la vérité des urnes », selon une publication sur Facebook. « Notre requête, c’est l’annulation pure et simple de cette mascarade électorale », a précisé à l’AFP Sitack Yombatina, vice-président des Transformateurs, le parti de Succès Masra. Succès Masra a obtenu 18,53 % des suffrages face aux 61,03 % du président de transition Mahamat Idriss Déby Itno, qui l’avait nommé Premier ministre quatre mois avant le scrutin.
Accusations de fraude
Jeudi soir, quelques heures avant la proclamation des résultats officiels, Masra revendiquait « la victoire au premier tour » selon sa propre compilation des voix réalisée par ses militants à travers le pays. « Toutes les preuves sont dans les clés USB » jointes à la requête auprès du Conseil constitutionnel, a ajouté le vice-président du parti.
Sitack Yombatina affirme qu’elles contiennent « des vidéos de bourrage d’urnes, de vols et de menaces mais surtout des urnes qui ont été enlevées par les militaires pour être dépouillées ailleurs ».
Soixante-seize personnes, dont des mineurs, ont été incarcérées suite à leur arrestation lundi, jour du scrutin, pour avoir « eux-mêmes fabriqué des cartes d’accès dans différents bureaux de vote », tous des militants des Transformateurs selon le procureur de la République de N’Djamena.
Le parti dénonçait mercredi des « arrestations arbitraires » pour des motifs « ridicules et fantaisistes ». L’opposition, violemment réprimée et dont les principales figures ont été évincées de la course à la présidence, considère Masra comme un « traître », dont la candidature sert de « vernis démocratique » au scrutin.
Ce scrutin devait marquer la fin d’une transition militaire de trois ans, mais nombre d’observateurs l’estimaient joué d’avance en faveur de Mahamat Déby, proclamé chef le 20 avril 2021 pour remplacer son père Idriss Déby Itno. Ce dernier venait d’être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé d’une main de fer, 30 années durant, ce vaste pays sahélien, parmi les plus pauvres du monde.
Les résultats définitifs sont attendus au plus tard le 23 mai après examen de la saisine de Succès Masra et de Yacine Abdaramane Sakine, qui conteste sa huitième place.