Les leaders du principal parti d’opposition en Tanzanie, Freeman Mbowe et Tundu Lissu, arrêtés avant un rassemblement interdit par la police dans la ville de Mbeya (sud-ouest), ont été libérés sous caution, a annoncé mardi le porte-parole du parti.
Le retour de l’autoritarisme inquiète en Tanzanie, où les opposants viennent toutefois d’obtenir la libération de personnalités importantes : responsables du principal parti d’opposition, Freeman Mbowe et Tundu Lissu arrêtés avant un rassemblement interdit par la police dans la ville de Mbeya (sud-ouest) ont été libérés sous caution. L’information a été annoncée mardi 13 août par le porte-parole du parti.
Le principal parti d’opposition en Tanzanie, Chadema, avait demandé, le 12 août, la libération de plusieurs de ses responsables, dont Freeman Mbowe, et Tundu Lissu. Cette vague d’arrestations a suscité l’inquiétude d’organisations de défense des droits humains et de l’opposition dans le pays qui dénoncent un retour aux pratiques autoritaires de l’ancien président John Magufuli à quelques mois d’élections locales, en décembre 2024, puis présidentielle et législatives en 2025.
La présidente Samia Suluhu Hassan, qui a pris les rênes du pays après le décès soudain de John Magufuli en mars 2021, avait jusqu’à présent affiché une certaine rupture avec son prédécesseur, promettant notamment de restaurer « la compétition électorale » et multipliant les gestes envers l’opposition, muselée sous John Magufuli.
Dans un communiqué, Chadema a fait état de 469 jeunes ou responsables du parti, ainsi que cinq journalistes, interpellés dans le pays et demandé la « libération immédiate et sans condition » de tous ceux placés en détention.
La formation d’opposition ACT Wazalendo a « fermement » condamné ces arrestations, qui « ravivent les craintes d’un retour rapide à un environnement répressif empêchant les partis politiques d’opposition de mener librement leurs activités ». Ces actions constituent « une menace (…) pour la démocratie multipartite dans le pays », a-t-elle estimé dans un communiqué.
La Coalition tanzanienne des défenseurs des droits humains, réseau de plus de 250 organisations, a appelé à la libération de toutes les personnes détenues. L’ONG Amnesty International a également dénoncé des « arrestations massives » et « détentions arbitraires », estimant que « les autorités doivent libérer de toute urgence toutes les personnes détenues ou les poursuivre pour une infraction pénale prévue par la loi ».
Depuis son arrivée au pouvoir, Samia Suluhu Hassan s’était démarquée de la politique menée par son autoritaire prédécesseur John Magufuli, dont les années de présidence (2015-2021) ont été marquées par la répression de l’opposition politique, l’intimidation des médias et des restrictions à la liberté d’expression. Elle a notamment autorisé la réouverture de médias interdits, mis fin à l’interdiction des meetings politiques d’opposition et promis de relancer le processus de révision constitutionnelle, réclamé de longue date par l’opposition.
Arrêté en juillet 2021, le dirigeant de Chadema Freeman Mbowe, 62 ans, et trois autres responsables du parti ont vu leur procès pour « terrorisme » arrêté en mars 2022, après que les procureurs ont annoncé l’abandon des poursuites.
Lui aussi figure emblématique du parti, Tundu Lissu, 56 ans, était rentré d’exil en janvier 2023. Il avait fui la Tanzanie après une tentative d’assassinat en 2017, qu’il avait qualifiée de politique, puis était revenu brièvement en 2020 pour concourir à l’élection présidentielle contre John Magufuli, qui avait été réélu avec un score officiel de 84 %.