Le 6 décembre 2024, le Financial Times dressait le portrait du chef du groupe rebelle syrien Hayat Tahrir al-Sham. Quarante-huit heures plus tard, cet homme de 42 ans allait accomplir ce que personne ne croyait possible : faire chuter le régime Assad.
À 42 ans, le leader du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) apparaissait déjà, selon le Financial Times, comme l’architecte méticuleux d’une transformation politique majeure en Syrie. Sa récente apparition sur les marches de la citadelle d’Alep, vêtu d’un uniforme kaki et entouré de gardes non armés, illustrait parfaitement sa stratégie. « Jolani sait très intelligemment choisir ses moments et en tirer profit », analysait Aaron Zelin, expert du djihadisme cité par le quotidien britannique. « Il a choisi un lieu symbolique, il n’y avait pas d’armes autour – tout était conçu pour le faire apparaître comme un leader politique sérieux. »
Né Ahmed Hussein al-Sharaa en 1982, cet homme éduqué et urbain se démarque par son parcours atypique. Après une enfance en Arabie saoudite et à Damas, il se radicalise lors de la seconde Intifada en 2000. Selon Dareen Khalifa du Crisis Group, qui l’a rencontré à plusieurs reprises depuis 2019, Jolani s’entoure « de personnes très instruites qui comprennent le monde extérieur. Ils n’ont pas une mentalité de bunker. » Le journal rapportait que Jolani avait même déclaré à Khalifa que son groupe envisageait de se dissoudre et qu’Alep serait gérée par un organe de transition respectant le tissu social et la diversité de la ville.
Cependant, le Financial Times notait que des obstacles majeurs subsistaient : HTS reste désigné comme organisation terroriste par les États-Unis, qui maintiennent une prime de 10 millions de dollars pour la capture de Jolani. Un défi de taille pour celui qui, deux jours après la publication de ce portrait, allait précipiter la chute historique du régime Assad. Le président syrien aurait, selon plusieurs concordantes, quitté Damas pour une destination inconnue.