Si l’Etat est le premier à annoncer les effets de la suspension de l’aide américaine, la société civile fait, également, partie des victimes collatérales. C’est le Premier ministre, lui-même, qui a jeté le pavé dans la mare. En marge du lancement,, lundi dernier, de la Phase II du Projet d’approvisionnement en eau potable, à Fass Touré, Ousmane Sonko, a évoqué la décision du nouveau président américain, Donald Trump, de geler l’aide publique au développement.
Le Chef du gouvernement, cette décision de l’administration Trump a bloqué un projet de 500 millions de dollars, soit près de 316 milliards de FCFA au Sénégal. “Nous ne nous développons jamais avec les aides extérieures. Vous l’avez vu, le nouveau président américain a bloqué, pour 90 jours, les programmes d’aide au développement pour les pays pauvres.
Ici, au Sénégal, certains programmes concernent ces fonds bloqués, notamment le programme courant sur lequel nous recevions pas moins de 500 millions de dollars (316 milliards FCFA). Ceci montre que nous devons nous développer par nous-mêmes”, a déclaré le Premier ministre. En quoi, Ousmane Sonko tire une leçon. Lui qui est d’avis que pour faire du Sénégal un pays prospère, il faut refuser de se baser, à l’image du modèle chinois, sur l’aide extérieure. La preuve, dit-il, les aides au développement peuvent être bloquées à tout moment, comme vient de le faire le nouveau président américain, Donald Trump. “Peut-on continuer à espérer ce qui vient de l’étranger ? Il est temps de nous recentrer sur notre travail”, a-t-il affirmé.
Si le PM Sonko a trouvé une parade, du moins théorique, au blocage de l’aide américaine, nombre de bénéficiaires, autres que l’Etat, pourraient être impuissants face à ce tournant. Au Sénégal, nombre d’organisations de la société sont largement tributaires de la manne financière qui leur est versée dans le cadre de l’aide américaine. Il en est ainsi du Forum civil, de l’ONG 3D, d’Amnesty International, du Cosydep et tant d’autres comme “Y’en a marre”. Si le montant de l’appui financier reçu reste un mystère, la paralysie des secteurs d’intervention sera, sans doute, évidente.
La lutte contre le paludisme, la sensibilisation citoyenne, l’éducation des filles, le suivi de la gouvernance, la consolidation de la démocratie, l’éducation à la santé sont autant de domaines d’intervention de la société civile qui risquent de pâtir de la suspension de l’aide de l’administration américaine. Déjà, à l’USAID, on annonce que l’homme chargé par Donald Trump de réduire radicalement la dépense publique a annoncé, la fermeture de l’USAID, l’Agence américaine d’aide au développement. Selon RFI, les employés ont reçu un email les appelant à ne pas venir travailler. Les portes de l’agence qui gère les programmes d’aide de 120 pays dans le monde sont restées closes.
L’USAID semble donc être la première victime du DOGE, le nouveau département de “l’efficacité gouvernementale” confié à Elon Musk par Donald Trump. Elon Musk- chargé par Donald Trump de réduire les dépenses publiques-a qualifié l’agence américaine d’“organisation criminelle” et affirmé qu’il était “temps pour elle de mourir”. “Ce n’est pas seulement que le vers est dans le fruit, dit-il sur son réseau social X, il n’y a que des vers, c’est sans espoir, il faut se débarrasser de l’ensemble”. Avant d’annoncer dans la nuit lors d’une session vidéo sur son réseau X qu’elle allait “fermer”. RFI annonce que la nouvelle porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, justifie cette fermeture en dénonçant le gaspillage de l’argent du contribuable dans des dépenses insensées, dit-elle : “1,5 million de dollars pour promouvoir la diversité au travail en Serbie, 47 000 dollars pour un opéra transgenre en Colombie”. D’après le journal Point Actu, c’est une perspective lourde d’incertitudes qui s’annonce pour les organisations de la société civile.
En plus des emplois qui sont menacés, la veille citoyenne est lourdement hypothéquée. Nombre d’organisations de la société se sont, en effet, ces dernières bien illustrées dans la lutte contre les dérives des pouvoirs publics. Il en est ainsi lorsqu’en 2011, Me Abdoulaye Wade, alors chef de l’Etat s’est présenté, une troisième fois, à la Présidentielle. La même mobilisation a dû contraindre Macky Sall à s’abstenir à la l’élection présidentielle dernière pour la troisième fois.