Ousmane Sonko aura perdu, en peu de mois, deux belles carrières. La première est sa riche profession d’Inspecteur des impôts. Ses sorties qui auguraient déjà de son engagement politique ont fait qu’il avait été radié. Ad nutum. En peu de temps, il s’engagea en politique et aura réussi l’extraordinaire parcours d’être en peu de temps l’opposition numéro Un du régime de Macky Sall. Mais comme la politique sous nos cieux et sans doute partout ailleurs est un rapport de force où les erreurs se paient cash, il s’est fait broyer par la machine judiciaire de son pays avec trois affaires dont deux l’ont été la suite de plaintes de citoyens.
Cette fois-ci, c’est l’Etat qui exerce contre lui la force publique de coercition, après que l’opposant, jusqu’ici, à l’abri de l’incarcération du fait de la pression populaire, se croyait immunisé. Erreur.
Les autorités qui sont aussi ses adversaires ont attendu le bon moment pour s’en prendre à lui. Il rejoint ainsi Diomaye Faye et tant d’autres qui l’avaient accompagné dans « le projet ». Mais il rejoint surtout Feu Mamadou Dia, Majmouth Diop et tant d’autres du PAI de l’époque qui a donné naissance à tant de partis comme la Ld, le Pit, Aj/Pads, etc. Ils les rejoint en tant que victime de leurs engagements politiques face à des régimes qui ont tenu à en découdre avec eux.
Et ce ne sont sans doute pas ces manifestations sporadiques qui vont le sauver. Il lui faudra la patience de Khalifa Sall, de Karim Wade, les premières victimes du « mackysme ». Mais il lui faudra surtout faire confiance à ses avocats cette fois-ci pour les laisser travailler.
Le résultat sera sans doute qu’il ne va pas participer à la prochaine présidentielle. Surtout que son parti, Pastef vient d’être dissous. Ce qui va rendre la tâche plus difficile et nous conforte dans l’idée que c’est le projet Pastef qui fait peur. Mais il y aura beaucoup d’autres présidentielles. Qu’il se sente victime d’injustice est un fait. Qu’il ait raison parfois est une hypothèse défendable. Mais qu’il ait prêté le flanc est aussi une possibilité largement partagée. Sonko a eu la chance qui a été aussi sa faiblesse de se hisser très tôt sur le toit de l’opposition politique. L’expérience lui a manqué, même s’il s’est battu avec toutes les armes qu’il avait. Alors, qu’il sache que le monde ne s’arrête pas en 2024.
Et que dans tous les cas, Macky va partir. Donc, comme Khalifa, Karim Wade et bien d’autres avant eux comme Idrissa Seck avec les chantiers de Thiès, il devra faire preuve de davantage de résilience. Car, un chaos signifierait un prétexte pour que les élections soient reportées et que Macky proroge son mandat. Et ça, personne ne le souhaite. Et aucune mobilisation actuelle ne saurait faire revenir les autorités sur leur décision.
Assane Samb