Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé sa profonde inquiétude face à l’évolution de la situation à El Fasher, dans le nord du Darfour, au Soudan, où de violents combats ont été signalés dans cette région frappée par la famine, a déclaré son porte-parole adjoint dimanche soir.
Les affrontements entre les forces armées soudanaises, les paramilitaires des forces de soutien rapide et les éléments des mouvements de lutte armée à El Fasher ont laissé les civils entre les feux croisés d’un conflit qui a été déclenché en avril 2023. « Ces affrontements ont des conséquences dévastatrices pour la population civile », a déclaré dans un communiqué, Farhan Haq.
« Les combats vont également exacerber les besoins humanitaires à El Fasher et dans ses environs, alors que la famine a été confirmée dans le camp de Zamzam, au sud d’El Fasher, et qu’il est probable qu’elle sévisse dans d’autres sites de déplacement de la ville », a ajouté le porte-parole adjoint du Secrétaire général.
Autoriser le passage des civils en toute sécurité
Après plus de 15 mois de guerre au Soudan, ces derniers développements interviennent alors qu’une combinaison catastrophique de conflits, de déplacements et de contraintes d’accès humanitaire a entraîné une famine dans un camp abritant des centaines de milliers de personnes déplacées dans la région du Darfour du Nord. « Le Secrétaire général appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international, à protéger les civils, à leur permettre de passer en toute sécurité et à faciliter un accès humanitaire rapide et sans entrave », a ajouté M. Haq.
Le chef de l’ONU a également réitéré son appel à une cessation immédiate des hostilités et à un cessez-le-feu durable, et a exhorté les parties à reprendre le dialogue politique, seul moyen de parvenir à un règlement négocié. « Les Nations Unies restent déterminées à soutenir les efforts de médiation internationale et à travailler avec toutes les parties prenantes concernées pour aider à mettre fin à la guerre », a insisté le porte-parole.
Des pourparlers de paix pour le Soudan en Suisse
Le Soudan est en proie à des combats entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, qui est à la tête du Conseil souverain au pouvoir, et les paramilitaires de Forces de soutien rapide (RSF), dirigées par Mohamed Hamdan Daglo.
Sur le front diplomatique, Washington a invité cette semaine en Suisse les belligérants pour des pourparlers, qui pourraient débuter le mercredi 14 août, selon des rapports des médias.
L’Envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan, Tom Perriello, a déclaré qu’il était arrivé à Genève en provenance d’Arabie saoudite pour lancer « l’effort international urgent en Suisse pour mettre fin à la crise au Soudan ». « Outre les consultations avec les parties, nous avons entendu des dizaines de milliers de civils à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan. Leur message est clair : ils veulent que cesse la terreur quotidienne des bombardements, de la famine et des sièges, et les États-Unis et leurs partenaires sont déterminés à répondre à cet appel », a écrit M. Perriello sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
Une situation humanitaire catastrophique
De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rappelé lundi que la situation humanitaire au Soudan a atteint « un point de rupture catastrophique ».
De nouveaux chiffres montrent que les déplacements continuent de grimper en flèche, avec plus de 10,7 millions de personnes en quête de sécurité à l’intérieur du pays, dont beaucoup ont été déplacées deux fois ou plus. Les combats dans l’État de Sennar ont déplacé plus de 700.000 personnes le mois dernier, dont 63 % venaient d’autres États, la majorité de Khartoum.
Cette situation est aggravée par les inondations généralisées qui ont déplacé plus de 20.000 personnes depuis juin dans 11 des 18 États du Soudan. Des infrastructures essentielles ont été emportées, perturbant encore davantage la fourniture d’une aide humanitaire vitale.