Le ministre de la communication, des télécommunications et de l’économie numérique n’a pas mis du temps pour répondre à la Coordination des Associations de Presse (CAP) qui a taclé le régime de Macky Sall suite aux arrestations de journalistes. Dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, Me Moussa Bocar Thiam estime que le Sénégal mérite une presse beaucoup plus responsable et évoque quelques dispositions du code de la presse pour disserter sur la liberté de la presse.
C’est la réponse du berger à la bergère entre la coordination des associations de presse et le ministre de la communication. En effet, Moussa Bocar Thiam qui gère la communication du gouvernement est monté au créneau pour apporter la réplique. Pour lui, la CAP est dans l’excès « Je pense que cette démarche de la CAP est excessive parce qu’aujourd’hui, sur 1300 journalistes et acteurs de médias qui ont la carte de presse, il n’y a que deux personnes qui ont maille à partir avec la justice », a-t-il laissé entendre.
Selon lui, la liberté de la presse est bien une réalité au Sénégal. Pour étayer ses propos, le ministre de la communication fait appel aux dispositions de l’article 10 de la Constitution « Il est consacré au Sénégal, en vertu des dispositions pertinentes de l’article 10 de la Constitution d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image ect », a-t-il déclaré. Dans ce même sillage, Me Moussa Bocar Thiam souligne que cette liberté de la presse est également consacrée par les instruments internationaux ratifiés par le Sénégal notamment le pacte des droits civils et politiques de 1966, la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1945 et la charte africaine des droits de l’homme.
Ainsi, Moussa Bocar Thiam considère que cet arsenal juridique consacre en définitif la liberté de la presse qui se manifeste selon lui par la publication en temps réel des résultats des élections par les médias. Cependant, l’avocat estime dans la foulée que la liberté de la presse n’est pas un droit absolu permettant de dire ou de diffuser tout et n’importe quoi. Il s’agit d’après lui, une liberté encadrée et limitée lorsque l’ordre public est menacé. À cet effet, le praticien du droit rappelle les dispositions de l’article 57 du code de la presse « Les entreprises de presse et de la communication audiovisuelle doivent respecter la vie privée et les bonnes mœurs ; elles doivent aussi respecter l’ordre public en veillant notamment à ne pas diffuser des des programmes et messages de nature à inciter à la violence ou à la haine », a-t-il fait savoir.
Poursuivant son argumentaire, le ministre de la communication, des télécommunications et de l’économie numérique explique que dans les cahiers de charge qui lient l’État et la presse, il est mentionné un certain nombre de limites auxquelles le journaliste ne doit pas franchir prétextant une quelconque liberté. Revenant sur la situation du groupe Walfadjiri qui est sous le coup d’une suspension d’un mois, Moussa Bocar Thiam indique que le média a enfreint les dispositions du code de la presse en marge de sa couverture des émeutes du 1er juin à Ziguinchor en affirmant selon lui que l’armée était déployée pour tirer sur la population. C’est au regard de tous ces éléments que la robe noire pense que le Sénégal mérite une presse beaucoup plus responsable « En tout état de cause, notre pays mérite une presse plus responsable car, comme l’écrivait Albert Camus dans son éditorial combat du 1er septembre 1944 « un pays vaut souvent ce que vaut sa presse : l’énergie plutôt que la haine, la pure objectivité et non la rhétorique, l’humanité et non la médiocrité », a-t-il conclu.