Le Sénégal a été choisi pendant deux jours (du 7 au 9 novembre) pour abriter un séminaire continental sur la Santé sécurité au Travail (SST). Sous la houlette de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), il s’agit de permettre aux organisations syndicales partenaires de mieux comprendre les conventions 155 et 187 afin de promouvoir un milieu de travail sûr et sain.
La santé et la sécurité des travailleurs ont toujours été une bataille des organisations syndicales qui dès leur naissance ont senti l’impérieuse nécessité de lutter pour protéger les travailleurs. Les syndicats ne cessent de réclamer des actions urgentes pour lutter contre les « risques climatiques pour les travailleurs », c’est-à-dire les dangers croissants que la crise climatique fait peser sur la main-d’œuvre partout dans le monde avec de terribles inondations et leurs conséquences sur la vie des populations.
Cette rencontre qui s’est ouverte hier à Dakar entre dans le cadre des activités continentales avec les organisations syndicales partenaires du programme commun WSM-BIS-MSI-ACV-CSC (DGD 2022-2026), ACV-CSC International. Elle regroupe des leaders syndicaux et de membres sélectionnés des organisations syndicales partenaires du programme commun (DGD 2022-2026) ACV-CSCi- MSI-BIS-WSM de l’Afrique de l’Ouest, centrale et du Sud, à savoir : Afrique du Sud, Bénin, Burkina-Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Guinée, Mali, Sénégal. En effet, selon des chiffres avancés par Ndiouga Wade, Secrétaire Général Adjoint de la CNTS, chaque année, dans le monde, 2,78 millions de travailleurs meurent d’accidents du travail et de maladies professionnelles et 374 millions sont victimes d’accidents du travail non mortels. « Autrement dit, plus d’un million de travailleurs sont blessés au travail chaque jour. Qui plus est, ces chiffres impressionnants traduisent seulement les blessures et les maladies qui se produisent sur les lieux de travail officiels et enregistrés ; l’ampleur réelle du problème est encore plus dramatique », a-t-il indiqué.
A l’en croire, il existe une vulnérabilité des travailleurs dont des nouveaux ou jeunes travailleurs, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes handicapées qui sont particulièrement à risque. Ce dernier a insisté hier, sur le fait qu’il faut « particulièrement protéger les travailleuses enceintes et allaitantes afin de préserver la santé de la mère et de l’enfant contre les dangers tels que le plomb et le mercure. Lorsque l’exposition à des produits chimiques dangereux présente un risque pour tous les travailleurs, elle peut avoir des effets différents sur les hommes et les femmes, non seulement pour des raisons biologiques ou liées à la procréation, mais aussi en raison des expositions différentes aux produits chimiques à la maison ou ailleurs (utilisation de solvants pour le nettoyage des taches ou utilisation fréquente de cosmétiques, par exemple) et de la concentration des femmes dans certains secteurs économiques (agriculture, services et travail informel). » Des conséquences qui impactent sur le facteur humain, d’où des menaces quotidiennes et qui représentent un lourd fardeau économique souvent provoqué par les mauvaises pratiques de sécurité et santé au travail.
A ce titre, a rappelé Ndiouga Wade, les syndicats ont lutté âprement. Cela a abouti à la naissance des systèmes de protection sociale notamment la couverture pour les accidents et maladies professionnelles, retraites et santé des travailleurs et de leurs familles. « Au Sénégal, le décret 94-244 du 07 mars 1994, fruit de la lutte des travailleurs, rend obligatoire l’installation d’un comité d’hygiène et de sécurité dans toutes les entreprises ou établissements de plus de 50 travailleurs avec une mission bien définie. Cela contribue à la protection de la santé et de la sécurité des salariés de l’établissement et de ceux mis à sa disposition par un établissement extérieur, y compris les travailleurs temporaires, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de travail. C’est aussi le fait de procéder ou de faire procéder à une enquête à l’occasion de chaque accident du travail ou de chaque maladie professionnelle grave, ayant entraîné la mort ou paraissant devoir entraîner une incapacité permanente ou qui aura révélé l’existence d’un danger grave à l’occasion d’une série d’accidents répétés ou ayant atteint plusieurs travailleurs… », a énuméré Ndiouga Wade. Il a mis en exergue le fait d’organiser avec les services compétents les organismes agréés, la formation des équipes chargées des services d’incendie et de sauvetage et de veiller à l’observation des consignes de ces services et de développer le réflexe de sécurité au niveau des travailleurs et entre autres.
En effet, ce séminaire sera combiné à l’atelier de validation de l’étude sur la santé et la sécurité au travail réalisée par la CSI Afrique en partenariat avec MSI-BIS, dans le but de produire un guide qui servira à renforcer les capacités des organisations syndicales partenaires.
MOMAR CISSE