En marge du débat général annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies, les Etats membres ont tenu mercredi une réunion de haut niveau sur la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie pour tirer les leçons des mesures prises par les gouvernements et les organisations internationales face au fléau de la Covid-19.
Cet événement était organisé par le Président de l’Assemblée générale et animé conjointement par les délégations du Maroc et d’Israël. S’exprimant au nom du Secrétaire général de l’ONU, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale, a évoqué les deux faces de la réponse mondiale à la Covid-19 : « à la fois un exemple d’ingéniosité et… d’échec humain », a-t-elle affirmé.
D’un côté des tests créés à la vitesse de l’éclair et des vaccins développés en un temps record. De l’autre, le manque de préparation qui a touché les plus vulnérables et des vaccins accaparés par les pays riches tandis que les populations de nations plus pauvres en étaient privées.
Rappelant que ces inégalités persistent à ce jour, Amina Mohammed a déploré que la pandémie ait fait dévier davantage les objectifs de développement durable, avec des conséquences graves sur les niveaux de pauvreté, d’endettement des Etats et d’inégalités sociales. D’où, à ses yeux, la nécessité de ne pas répéter les erreurs du passé lors de l’inévitable prochaine pandémie, en améliorant la surveillance des virus, le renforcement des systèmes de santé et l’accès équitable de tous les pays aux vaccins, aux traitements et aux technologies vitales.
Amina Mohammed a aussi préconisé le renforcement de l’autorité et du financement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et exhorté les pays, par-delà cette réunion et son importante déclaration politique adoptée le 20 septembre par 193 membres de l’ONU, à parvenir à un accord solide et global sur les pandémies, axé sur l’équité et accompagné d’amendements au Règlement sanitaire international.
Trois champs d’action pour l’avenir
La Vice-Secrétaire générale a de plus dessiné trois principaux champs d’action multilatérale pour la préparation à la prochaine pandémie.
En premier lieu, une stimulation des objectifs de développement durable nécessaire au moment où, par exemple, l’Afrique dépense plus pour le service de sa dette que pour les soins de santé. Le coup de pouce financier indispensable aux investissements des pays dans les soins à leur population passe par la hausse du financement à long terme, par la réforme de l’architecture financière et un mécanisme efficace d’allègement de la dette.
Ensuite, la préparation contre les pandémies exige une lutte contre la désinformation qui « sape les conseils de experts et alimente le scepticisme envers les vaccins ». Amina Mohammed a, sur ce point, rappelé que la note d’orientation de l’ONU sur l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques propose un cadre pour une réponse internationale à la désinformation et à la haine et nourrira un code de conduite mis en œuvre volontairement par les gouvernements.
Enfin, la stratégie de riposte doit prendre en compte la nouvelle nature des chocs, « de plus en plus internationaux et de plus en plus complexes » qui exige des réponses impliquant un large éventail d’acteurs différents. La Vice-Secrétaire générale a ainsi préconisé une plate-forme d’urgence pour renforcer la coordination face aux chocs mondiaux et leur impacts économiques et sociaux, en complément des efforts de santé publique.
Dépasser les divisions
Pour sa part, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, s’est félicité de la déclaration politique des Etats membres, un signal fort de la détermination à tirer les leçons de la Covid-19 et à renforcer les défenses mondiales contre les pandémies.
Pendant trop longtemps, le monde a fonctionné sur un cycle de panique et de négligence, a-t-il observé. Chaque fois qu’une épidémie ou une pandémie frappe, les pays réagissent en mode crise, et lorsqu’elle passe, ils ne parviennent pas à tirer les leçons qui pourraient prévenir ou atténuer la prochaine épidémie ou pandémie.
Le chef de l’agence sanitaire mondiale, au vu de la déclaration politique des Etats, s’est félicité de voir que « même en cette période de division et de polarisation, les pays ont toujours la possibilité de se réunir pour convenir d’une réponse commune aux menaces communes ». « La Covid-19 est un rappel dévastateur que malgré tout ce qui nous divise, nous sommes une seule humanité, partageant une planète », a-t-il dit.