La Cédéao se réunit samedi en sommet extraordinaire à Accra afin de discuter des sanctions adoptées par l’instance ouest-africaine contre les juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Et de six sommets extraordinaires pour la Cédéao. Les dirigeants ouest-africains se réunissent samedi 4 juin à Accra pour décider d’atténuer ou de durcir les sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, où les juntes arrivées au pouvoir par la force n’entendent pas le quitter de sitôt.
Les dirigeants des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) rassemblés en fin de matinée dans la capitale ghanéenne doivent dire en particulier s’ils maintiennent, allègent voire lèvent les sévères mesures de rétorsion infligées au Mali le 9 janvier pour stopper le projet des militaires de gouverner cinq années de plus. Le Burkina, autre pays sahélien pris dans la tourmente jihadiste, et la Guinée ne sont pour l’heure que suspendus des organes de la Cédéao. Mais les juntes au pouvoir entendent y rester trois ans et exposent leur pays aux foudres de la Cédéao. L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups de force des colonels et lieutenants-colonels en moins de deux ans : putsch le 18 août 2020 à Bamako nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021 –, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.
Résistance des nouveaux hommes forts
Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour abréger les périodes dites de transition avant un retour des civils à la direction de leur pays. Elle se heurte aux résistances des nouveaux hommes forts, qu’il s’agisse du colonel Assimi Goïta au Mali, du colonel Mamady Doumbouya en Guinée ou du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui se sont tous fait investir présidents entre-temps.
Les nouveaux gouvernants en uniforme invoquent, pour rester au pouvoir, la gravité des crises auxquels ils sont confrontés, sécuritaire au Mali et au Burkina, sociale et politique dans les trois pays. Ils veulent avoir le temps nécessaire pour ce qu’ils présentent comme leur entreprise de « refondation » de leur État, et pour l’organisation d’élections crédibles. Face à la Cédéao, ils se drapent dans la prééminence de la souveraineté nationale sur les règles de gouvernance ouest-africaines.