Sonko et Diomaye ne font pas apparemment mieux que Macky et Wade en matière de liberté. Bizarrement, ils sont apparemment sur leurs traces. Et pour cause ! La situation politique actuelle est, en effet, marquée par une certaine tension du fait de convocations et d’arrestations de personnes y compris des politiques et des journalistes.
Bougane Guèye Dany et Cheikh Yérim Seck sont les derniers de la liste alors qu’il est fort à parier que d’autres arrestations vont suivre. Les délits qui sont souvent avancés sont la diffusion de fausses nouvelles et la diffamation. Cette situation intervient au moment où la reddition des comptes est aussi lancée avec des interdictions de sortie du territoire national et des interpellations d’anciens hauts responsables.
Une offensive judiciaire tous azimuts rendue suspecte par le contexte de précampagne électorale pour les législatives du 17 novembre prochain. Il reste alors évident que les autorités actuelles déroulent une stratégie de diabolisation de l’opposition et de neutralisation d’adversaires réels ou potentiels. Une démarche bien connue des sénégalais parce que les anciens régimes ont en usé et abusé. Rien de nouveau alors sous les tropiques. Il s’agit, ni plus ni moins que la survivance de vieilles pratiques dénoncées par ailleurs par des Ong comme Amnisty International. Or, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Macky et Sonko ont souffert de ses manœuvres et Me Wade, bien avant eux. De la martyrisation qui en a découlée, ils ont pu se victimiser et se hisser au sommet du pinacle politique pour finir par être élus. Malheureusement, quand on est au pouvoir, tout se passe comme si l’on devient aveugle. On rechigne à retenir les leçons du passé et l’on tombe dans les mêmes travers que ses prédécesseurs. S’agissant précisément du régime de Diomaye-Sonko, ils sont en train de reproduire les méthodes qui avaient fait que Macky était banni par la majorité des électeurs : Restrictions des libertés notamment d’expression et de marche, emprisonnement et harcèlement d’opposants et de journalistes, arrogance dans le discours, etc. et signes ostentatoires de jouissance du pouvoir. Toutes choses qui font que la majorité des électeurs peut se dresser contre vous. Surtout dans un contexte électoral à l’issue incertaine.
Ne pas craindre le retour de bâton pour tout homme politique au pouvoir, c’est faire preuve de mémoire courte et de ne pas faire une bonne lecture de l’histoire politique du Sénégal. C’est sans doute pour cela que Bougane, son chroniqueur Kader et Cheikh Yerim Seck ont été finalement libérés. Mais le mal est déjà fait.
Assane Samb