Les cours du pétrole ont grimpé de plus de 4 % après l’attaque surprise du Hamas contre Israël dans la nuit de vendredi à samedi. Aucune de ces factions ne produit de pétrole, mais deux scénarios expliquent cette hausse, détaille l’expert Francis Perrin.
À l’instar des nombreuses réactions suscitées à travers le monde par l’attaque surprise et massive du Hamas contre Israël, les marchés financiers ont eux aussi réagi promptement. C’est le cas des cours du pétrole, qui comprend deux indices phares : le Brent de la mer du Nord et le baril texan, appelé par son acronyme anglais WTI.
Vers 17 h ce lundi 9 octobre, le prix du premier prenait 4,22 % à 88 dollars (83,45 €). Celui du baril américain était en hausse de 4,25 % à 86,31 dollars (81,84 €). Pourtant, ni la bande de Gaza ni l’État hébreu ne produisent de pétrole. Comment expliquer dès lors ces réactions des marchés mondiaux ?
Deux scénarios
Il existe deux scénarios qui inquiètent les marchés pétroliers. Tout d’abord, une extension du conflit à la région. On parle du Moyen-Orient, qui détient environ 50 % des réserves prouvées
, rappelle Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et spécialiste des problématiques énergétiques. Le second scénario concerne le rôle de l’Iran, 8e producteur mondial et principal soutien du Hamas. Dans l’hypothèse où une forte responsabilité de l’Iran serait prouvée, cela pourrait conduire à des sanctions des pays occidentaux
, poursuit le professeur. L’Iran exporterait moins, et le prix du pétrole monterait mécaniquement. Ce sont ces deux craintes qu’anticipent les marchés mondiaux, en faisant grimper les cours.
Y’aura t-il le risque d’un Pic ou pas ?
Sans lien avec la guerre en cours, l’organisation regroupant 13 pays producteurs de pétroles (l’OPEP) a publié ce lundi 9 octobre son rapport 2023 sur les perspectives à long terme. Elle anticipe une hausse de 16 % d’ici 2045 de la demande d’or noir. Selon l’Opep, la demande mondiale sera tirée par les pays non-membres de l’OCDE (regroupant notamment l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon).
L’Inde en sera le principal moteur, alors que la demande déclinera à partir de 2025 dans la zone OCDE.
Projection de la demande mondiale de pétrole entre 2022 et 2045
Ce pic de consommation est une thèse relativement nouvelle, à ne pas confondre avec celle sur le pic de production, qui intéresse les chercheurs depuis des décennies
, souligne Francis Perrin. Concernant la consommation, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit, elle, un scénario opposé à celui de l’Opep.
Dans son analyse, la demande mondiale serait atteinte avant la fin de la décennie, peut-être en 2028, avant de stagner voire de décroître. Le pétrole serait concurrencé par d’autres sources d’énergie
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