Dans une interview ce vendredi, accordée au journal Observateur, Robert Bourgi, avocat et conseiller politique français spécialisé dans les affaires africaines, a partagé ses observations sur la situation politique actuelle au Sénégal, notamment en ce qui concerne le dialogue national initié par le Président Macky Sall. Ses commentaires touchent plusieurs aspects cruciaux du processus politique en cours, dont le report de l’élection présidentielle, le cas de Karim Wade, et la future saisine du Conseil constitutionnel.
Bourgi affirme que le Président Macky Sall a été « contraint » de reporter la date de l’élection présidentielle, une décision qu’il attribue à diverses formes de pressions. Il explique que « On prête cela au Président. Je m’élève contre ça. Je rapproche cela de la signature du décret de report des élections. J’étais en France quand je l’ai appris. Je puis vous dire, que M. le président de la République, a signé ce décret sous la contrainte de certaines pressions. Ce n’est pas Macky Sall lui-même qui a signé le décret. » Il précise que ces pressions venaient de « l’entourage politique. De certains groupes de pression, même des pressions d’ordre religieux. Il a été soumis à des pressions. Ce n’est pas Macky Sall qui a signé. Il a signé, mais ce n’est pas le Macky Sall entier qui l’a signé. »
Lorsqu’il est interrogé sur la réouverture des listes électorales et la possibilité d’intégrer Karim Wade et d’autres candidats, Bourgi exprime ses réserves : « Je n’ai rien contre Karim Wade. J’ai dit ce que j’avais à dire dans une autre interview, mais si on ouvre la porte à Karim Wade, je ne vois pas pourquoi on n’ouvrirai pas la porte à d’autres recalés. Je comprendrais que des gens se révoltent. Ce serait une iniquité d’ouvrir la porte à Karim Wade qui reste redevable d’une amende de 138 milliards de FCfa. »
Sur la question de qui devrait assurer la période de transition, Bourgi note que, normalement, c’est le rôle du Président de l’Assemblée nationale, mais il ajoute que « les trois raisons de l’intérim, c’est la démission, le décès et l’empêchement. Aucun de ces trois éléments n’est réuni. »
Il conclut en affirmant le rôle crucial du Conseil constitutionnel et la souveraineté de ses décisions : « C’est au Conseil constitutionnel de décider souverainement. Le Président, le 02 avril, est un citoyen comme vous et moi et il s’en ira. Mais, il ne se passera pas beaucoup de temps avant que les Sénégalais ne regrettent Macky Sall. ».