Elle a passé en revue les questions d’actualité relatives à la dissolution de l’Assemblée nationale, la reddition des comptes, le duo Diomaye Sonko tout en décriant leur gestion. Pour Zahra Iyane Thiam, la politique a pris le dessus face aux urgences d’ordre social. Souteneur d’Amadou Ba, elle a invité l’ancien candidat à la présidentielle à mettre en place une plate-forme politique. Elle était l’invitée du Grand oral sur Rewmi Tv.
L’ancien ministre sous Macky Sall, Zahra Iyane Thiam n’a pas mis de gants pour assener ses vérités concernant l’imbroglio à propos de la DPG de Sonko. Selon l’invitée de l’émission Grand Oral, si à la date du 13 septembre, le Premier ministre ne se présente pas à l’Assemblée nationale, il ne faut pas lui en tenir rigueur, car il a été clair. « Il préfère violer la loi et aller faire une Dpg sur la place publique ». « Sonko est cohérent mais cette responsabilité incombe à Diomaye qui a pris un décret pour fixer la Dpg au 14 septembre. Si on s’amusait à faire un sondage, c’est que l’inquiétude qui sied ici c’est qu’il va dissoudre l’Assemblée au soir du 12 septembre. Je pense que ce serait un précédent dangereux que d’user de prétextes, fouler aux pieds la courtoisie républicaine. Donc si Diomaye prend un autre décret entre le 12 et le 14 ce serait une catastrophe » fait-elle savoir.
Pour l’invitée, le Premier ministre est en train de tergiverser sur certaines questions dont celle des marchands ambulants, mais pour la Dpg il est resté cohérent et il faut que le Président Diomaye endosse cette situation. Et de déplorer cette manière de parler du Premier ministre qui irrite plus d’un. « Il n’endosse pas le costume de Pm car le chef de l’Etat a une vision et qui résume tout un espoir. Il a le devoir d’avoir une vision, pour les sénégalais, teintée d’espoir autour de questions essentielles dont la cherté de la vie, l’insécurité », a-t-elle rappelé.
A la question de savoir si le Pm est régi par le temps étant donné que l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye avait attendu 6 mois et 8 jours pour faire sa Dpg, alors que le règlement intérieur est strict, Zahra Iyane Thiam, répond qu’on ne doit plus faire référence aux textes malgré le cadre, mais il est question de conscience. Bien que les textes soient clairs et stipulent que le Président ne peut convoquer qu’une session extraordinaire et c’est lors de l’installation de l’Assemblée nationale et lui en a convoqué deux à quatre. « Mais dans une session normale, il faut 8 jours. Nous sommes dans une session extraordinaire. Chacun va interpréter à sa manière. C’est une question de conscience. Les citoyens veulent savoir la direction que Diomaye veut prendre. On verra la suite. J’ai appelé au dialogue avant que le duo Diomaye-Sonko ne soit porté à la magistrature suprême, j’ai invité ces deux au dialogue. Avec la concertation mais le bon tempo serait trouvé », a insisté Zahra. A l’en croire, seule la réglementation pourrait apporter la stabilité dans ce pays, sinon on ne peut pas prétendre à un développement. Cette confusion a été créée par la déclaration de Sonko faisant allusion au règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui ne serait pas à jour. D’où cette levée de boucliers.
Interpellée sur les calculs politiques notés de part et d’autres, Zahra Iyane Thiam dira à l’endroit des députés membres du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar: « si le Premier ministre se présentait à eux avec sa Dpg, ils allaient l’accepter délibérément en toute connaissance de cause. Mais on ne peut plus douter de leur bonne foi car la question est politique de même que la Dpg. Ce sont des orientations et des données mais pas des chiffres. »
La question de censure peut avoir lieu aussi
Pour ce qui est du décret, elle a expliqué que le Président Diomaye l’avait annoncé (la Dpg) mais sans mentionner la date et que l’Assemblée nationale a cru bon de choisir la date du 11 septembre là où ce dernier a préféré la date du13 septembre. Mais, poursuit-elle, les députés de Bby, s’il n’étaient pas de bonne foi, n’auraient pas cette courtoisie républicaine en sortant un rectificatif et de le suivre. Et si tel ne sera pas le cas, « les conséquences seront désastreuses. Et même si le Pm ne se présente pas, c’est lui qui va violer la loi. » Elle a, ainsi, invité le Président Diomaye à prendre ses responsabilités afin de renverser le rapport de force avec son Pm. « Il ne faut pas se leurrer. Les sénégalais lui en veulent car les faits prouvent à suffisance que ce n’est pas lui qui dirige. Car un Pm ne peut pas dire que les institutions seront dissoutes et que la Dpg n’aura pas lieu », a ajouté l’ancien Ministre.
Pour la suppression des deux institutions que sont le Cese et le Hcct, elle a dénoncé la manière de faire des autorités, même si c’était une promesse de campagne puisque le projet de loi a été rejeté par les députés de la majorité. A l’en croire, il y avait une volonté manifeste de dire aux populations que « je ne peux pas faire avec ces gens-là et de dissoudre ces deux institutions ». Elle a souligné, par ailleurs, que le chef de l’Etat n’a pas besoin de justificatif pour dissoudre une institution. C’est le cas de l’Assemblée nationale et ce n’était pas la peine de demander au Conseil constitutionnel qui ne lui accorde qu’une date. Elle a estimé qu’il y a des niches financières mais il y a des niches hautement importantes comme les caisses secrètes. « Les fonds obéissent à une ligne budgétaire et des fonds politiques et sociaux. Là-bas, il y a des choses à prendre mais aussi à la Primature, etc. Vous introduisez un projet qui est rejeté. Vous démettez les présidents de deux institutions mais elles restent et continuent de fonctionner avec des charges car chacun a ses droits. Il a donné son salaire sans oublier ses indemnités qu’il n’a pas inscrites dans sa déclaration de patrimoine », a argué l’invitée de l’émission Grand Oral.
L’impression d’être dans un pays de non droit !
Analysant la situation socio- politique, avec la politique qui semble prendre le dessus sur les urgences, Mme Thiam trouve que la faute incombe à ceux qui gouvernent. Nous sommes tous dans le véhicule de Diomaye qui est le chauffeur et qui veut faire un détour. « Il est idoine de noter cette clameur quand on sait que le chemin emprunté par le Président n’est pas le bon. Il est dans le temps de la politique. Les jeunes continuent de braver la mer, les prix des denrées flambent. Chacun fait sa propre loi aujourd’hui. Les personnes qui doivent s’occuper des difficultés sont dans des questions politiques dont le fait de dissoudre des institutions budgétivores », a-t-elle souligné. Mais ce qui la chiffonne c’est le fait qu’il existe deux poids deux mesures. « On dissous la Commission nationale des dialogues des territoires ( Cndt).Mais à côté il existe des Commissions. On ne peut pas être dans des tiraillements pendant le reste de l’année », a-t-elle clamé.
Reddition des comptes : « Le Pm dit le droit à la place du pouvoir judiciaire »
Sur la reddition des comptes, Ousmane Sonko avait annoncé les couleurs avec des séries de poursuites. L’ancien ministre argue que Ousmane Sonko aurait pu se passer des annonces pour dire qu’il y aura des arrestations.
« Il a lui-même indiqué que le procureur de la République comme le ministre de la justice prennent leurs décisions de chez lui. Il dit la loi à la place du pouvoir judiciaire. Comme si les personnes interpellées étaient coupables. Oubliant la présomption d’innocence. Ce qui a été fait à Lat Diop est désolant. On viole la loi », a fustigé l’invitée.
La reddition des comptes est un acte de gestion réglementaires, à expliqué Mme Thiam. « Il faut juste respecter les textes car la confiance n’exclut pas le contrôle. D’aucuns pensent que c’est une chasse aux sorcières. C’est le cas de l’interdiction de sortie du territoire pour certains hauts dignitaires de l’ancien régime. Comme si on voulait instaurer la peur. Mais ce sont des sénégalais. Pourquoi catégoriser les gens pour la prison ? Aller en prison n’est pas un crime », a-t-elle renchéri.
« Amadou Ba n’a plus le droit de reculer… »
Concernant les remous notés à l’APR, elle a avancé qu’elle n’est plus au courant des activités du Parti. A preuve, lors de la publication du Livre blanc de l’Apr, elle a révélé n’avoir pas été invitée. «J’ai dit que je suis à l’Apr. Mais il faut aller au-delà des ses ambitions. Il y a une situation d’élection et on connaît la suite. Mais c’est le flou total mais je suis fière et heureuse car les 36% ont dit que Amadou Ba est compétent. Nous sommes avec lui et on estime qu’il n’a plus le droit de reculer et doit prendre ses responsabilités et redonner au pays ce qu’il lui a donné. Car ce que nous voyons ne nous rassure pas », a argumenté Mme Thiam. « Il a été « poignardé » mais il est debout. Il faut pardonner et donc il faut tourner la page de la présidentielle. Nous sommes sur une nouvelle perspective. On verra s’il y aura des pièges ou des peaux de banane. Mais nous avons observé », a ajouté Zahra Iyane Thiam. Elle révèle que plus de 300 personnes se bousculent pour adhérer au projet de l’ancien candidat à la présidentielle, y compris de hauts responsables de la diaspora. Malgré tout, elle trouve que Benno Bokk Yakaar doit se réinventer et se mettre à jour.
MOMAR CISSE