Alors que la situation sécuritaire dans la ville de Goma demeure préoccupante et un « calme précaire » est noté à Bukavu, chefs-lieux du Nord- et du Sud-Kivu actuellement sous le contrôle du groupe armé M23, des agences humanitaires des Nations Unies se sont inquiétées lundi de l’aggravation de l’épidémie de choléra dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le groupe sectoriel Santé alerte sur une aggravation de l’épidémie de choléra dans et autour de Goma.
Au moins 420 cas et 1 décès ont été signalés sur deux semaines consécutives (du 3 au 15 février), soit plus d’un tiers des 1.280 cas de choléra enregistrés dans toute la province du Nord-Kivu depuis le début de l’année.
Par ailleurs, des cas suspects de choléra ont été signalés au sein du camp de la Mission de paix des Nations Unies (MONUSCO) à Goma, où de nombreux membres des Forces armées de RDC (FARDC) désarmés se sont réfugiés. À ce jour, un décès dû au choléra a été enregistré, tandis que 24 cas suspects sont en cours de traitement. « Des tests de dépistage rapide ont confirmé trois cas parmi eux. Le diagnostic approfondi est en cours », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport de situation.
En réponse à cette épidémie potentielle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place des mesures de riposte, qui comprennent l’isolement et le traitement des personnes affectées, ainsi que la distribution de kits d’eau, d’hygiène et d’assainissement aux occupants du camp.
Si le Nord-Kivu fait face au choléra, au Sud-Kivu, l’inquiétude porte sur le mpox (variole simienne) et l’augmentation des cas de rougeole. Selon l’OCHA, 224 cas de rougeole et 7 décès ont été recensés au sein de la population déplacée, depuis ce nouveau regain de tension dans l’Est de la RDC.
La zone de santé de Kalole figure parmi les zones les plus touchées, avec 101 cas et quatre décès enregistrés dans la semaine du 2 au 8 février (semaine 6) contre 123 cas et trois décès dans la semaine du 26 janvier au 1er février 2025.
Inquiétudes sur une propagation du mpox
En outre, le groupe sectoriel Santé rapporte 590 cas suspects et un décès dû au mpox dans la semaine du 2 au 8 février. L’OMS indique un taux de positivité de 42% sur les 315 échantillons prélevés parmi les cas suspects. Le groupe sectoriel signale également que trois centres de traitement mpox ont été détruits à Kalehe, Minova et Miti Murhesa à la suite de bombardements.
La RDC est parmi les pays les plus touchés au monde par le mpox, avec plus de 79.000 cas suspects dont plus de 1.500 décès répartis sur l’ensemble de ses 26 provinces, entre le 1er janvier 2024 et le 9 février 2025. Près de 15.000 cas de mpox ont été confirmés au laboratoire dans les 26 provinces du pays au cours de la même période.
Depuis fin janvier, le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, est arrivé dans de nouvelles localités, dont Goma et Bukavu, déclenchant de nouveaux mouvements des populations. Cette avancée du M23 est la plus grave escalade depuis plus de dix ans dans le conflit qui sévit dans l’est du Congo.