Prolégomènes à l’élaboration de stratégies de développement endogènes en Afrique: Une stratégie construite avec méthode et maîtrise conceptuelle, se comprend et s’applique aisément.

On n’écrit pas une stratégie cohérente et pertinente en substituant des concepts opérationnels à de la perception. C’est le cas, quand on confond les étapes de la croissance chez Rostow avec la pyramide de Maslow pour parler d’inversion.

L’agriculture et les services sont des SECTEURS de production et l’industrie, des MODES de production de masse applicable à plusieurs secteurs de production.

Dans le contexte des économies Africaines, utiliser les concepts de secteur primaire, secondaire et tertiaire, obscurcit la réflexion stratégique opérationnelle sur les changements de systèmes et structures. Parce que ces notions sont héritées de l’histoire économique et sociale des pays industrialisés, qui enseigne que leur développement a commencé avec la production dans le secteur agricole. C’est la seule raison pour laquelle les économistes classiques l’ont appelé “secteur primaire”.

L’industrie, quelle soit lourde ou légère, est un MODE de production de masse qui s’est développée au 18 ème siècle, par opposition à l’artisanat, mode de production limitée en quantité. Ce MODE de production ayant suivi l’agriculture, ces économistes l’ont appelé “secteur secondaire”.

L’industrie des services (aussi une industrie parce que répondant au critère de MODE de production de masse), a été le 3 ème secteur d’activité à se développer et a été appelé “secteur tertiaire”. Il faut différencier un historien de l’économie qui a appris, raconte et reproduit des modèles, avec un économiste qui entreprend conceptuellement, de transformer son environnement avec des outils qu’il doit construire.

Ces clarifications sémantiques sont capitales, pour plusieurs raisons dont celles-ci . Elles répudient l’idée reçue selon laquelle, l’Afrique devrait suivre le même cheminement historique pour son développement, que celui des nations développées, parce qu’on bâtit une économie sur ses forces.

Un exemple est celui de Dubaï, où le développement de l’industrie des services a précédé celui de l’industrie des activités de logistique qui a servi au développement du secteur de production industrielle manufacturière, en offrant des plateformes de compétitivité. On pourrait aussi citer les cas de Singapour et de l’Irlande qui ont leurs trajectoires.

Elles remettent l’industrie (qui est une fonction de transformation, à proprement parler), à sa véritable place d’instrument stratégique, qui permet d’introduire des méthodes de création d’agglomérations pour la production de masse, ce qui peut se faire dans tous les secteurs qui présentent des lignes de production potentielles, que ce soit pour des biens ou des services. Elles permettent l’identification d’avantages comparatifs (source de croissance) et surtout, leur transformation en avantages compétitifs, par des moteurs spécifiques à construire.

Pr Pape Demba Thiam

Economiste Consultant, Gestion de projets

Formateur en Management/Intervenant en Genre et Développement