A peine sortie de la minorité, Bintou D. a vidé le compte bancaire de sa tante et homonyme, Bintou W. F. pour avoir des relations sexuelles avec le chauffeur, Abdoulaye M. S. Jugé coupable d’abus de confiance, d’obtention d’avantage indu et de recel, le couple a écopé de deux ans de prison assorti d’un dédommagement de 2,4 millions francs.
Submergée par le chagrin, Bintou W. F. a pleuré toutes les larmes de son corps ce lundi 11 novembre lors de sa comparution devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. À ses côtés, se tenait sa nièce, Bintou D. qui a vidé son compte bancaire et ses portemonnaies électroniques pour du sexe. En effet, la jeune Bintou D. a été confiée à sa tante et homonyme Bintou W. F. qui a tout fait pour elle. D’ailleurs, cette dernière lui a offert une bague en or lorsqu’elle a réussi au baccalauréat 2023. Mais, la jeune fille de 19 ans menait une vie de patachon. Elle retirait de l’argent dans le compte bancaire de sa tante à chaque fois qu’elle avait envie de faire l’amour. Lorsque Bintou W. F. a découvert les faits, elle a saisi la justice.
Devant les enquêteurs, elle a confié qu’elle a des problèmes de vision. Raison pour laquelle elle a donné mandat à sa nièce pour qu’elle gère son compte bancaire. Ce que la mise en cause a confirmé lors de son interrogatoire. Pour justifier son acte, l’adolescente a déclaré qu’elle a été victime d’un chantage à la sextape de la part d’Abdoulaye M. S. Ce dernier a été ainsi arrêté. Mais, Abdoulaye a réfuté l’extorsion de fonds, arguant que c’est sa victime présumée qui lui offrait des cadeaux pour qu’il tombe amoureux d’elle. Ils ont entretenu des rapports sexuels à maintes reprises dans des appartements que Bintou D. prenait en location. Toutefois, Abdoulaye a avoué avoir collecté les images obscènes de sa partenaire sexuelle, lorsque celle-ci a remis son portable à son cousin Ousmane Sow dans le but de la ramener à la raison.
Compte tenu de toutes ces informations, Bintou B. et Abdoulaye M. D. ont été incarcérés le 30 octobre dernier. Devant le prétoire, Abdoulaye M. S., 32 ans, a maintenu ses déclarations faites à l’enquête préliminaire. « Depuis deux ans, ma co-prévenue me harcelait. Elle m’envoyait des vidéos obscènes et de l’argent de son propre chef. Aussi, elle m’invitait dans des appartements pour des parties de plaisir. Quand elle a donné son portable à mon cousin Ousmane Sow, j’ai découvert qu’elle était en relation avec plus de 15 hommes. Mais, je ne l’ai jamais fait chanter », a nié le chauffeur qui a toutefois admis avoir partagé les images avec un ami par erreur. Visée pour abus de confiance et obtention d’avantage indu, Bintou D. a reconnu avoir causé un préjudice de 2,4 millions francs à la partie civile. « Mon co-prévenu menaçait de publier mes images pornographiques. C’est pourquoi je lui envoyais de l’argent. Son ami me faisait aussi chanter », a dit la nouvelle bachelière, d’une voix timide. Mais, d’après la présidente de la séance, les enquêteurs ont retrouvé dans le téléphone portable de la prévenue des messages où elle proposait à son partenaire sexuel de payer le taxi et l’appartement à chaque fois qu’ils devaient se voir.
Le cœur meurtri, la partie civile a informé que sa nièce avait bloqué le numéro du gestionnaire de compte pour qu’elle n’entre pas en contact avec ce dernier. Aussi, elle a vidé ses comptes Wave et Orange money, avant de s’emparer de la pension de retraite de son frangin. Bintou W. F. a demandé le remboursement des 2,4 millions francs. Le substitut du procureur jugeant les faits constants, a requis l’application de la loi. Conseil d’Abdoulaye M. S., Me Soumaré a chargé la prévenue qui, d’après lui, a une libido qui dépasse la normale. « Elle ne vit que de plaisir. C’est ce qui l’a poussé à aller retirer de l’argent pour aller voir des hommes pour assouvir ses désirs sexuels », a martelé Me Soumaré. Son confrère Me Abdou Aziz Djigo a relevé que la fille sortait avec son client Abdoulaye M. S. et Ousmane Sow en même temps alors que ces derniers habitent la même maison. « Elle est frivole », a-t-il fustigé. Les deux conseils ont ainsi plaidé le renvoi des fins de la poursuite.
Après avoir disqualifié l’extorsion de fonds en recel, la juge a condamné Abdoulaye M. S. à deux ans, dont trois mois ferme. Quant à Bintou D., elle a écopé de deux ans, dont six mois ferme. Les prévenus doivent solidairement payer 2,4 millions de francs, à titre de dédommagement.
KADY FATY