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Politique: Le Sonko de l’après Macky devrait se distinguer de celui de l’avant Diomaye

Entre l’opposition et la nouvelle majorité, l’état de grâce ne pouvait durer. Le vieux contentieux (Sonko) qui tire sa source des méandres de Yewwi Askan Wi a très vite resurgi quelques semaines seulement après l’installation du président Faye au pouvoir. C’est cette guerre qui, en cette période de campagne électorale pour les élections législatives anticipées, se prolonge à travers un déluge de violence. Les conséquences peuvent être préjudiciables à la stabilité d’un Sénégal éprouvé depuis mars 2021 par de nombreuses secousses.

La violence s’est déployée avec les envolées juvéniles de Bougane Guèye et les gamineries de Barthélémy Dias qui, publiquement, a proféré des menaces contre quiconque oserait prononcer le nom d’Ousmane Sonko devant lui. L’appel à la vendetta lancé par Abass Fall, l’incendie du siège de ‘’Taxawu Senegaal’’, l’attaque de la caravane de Pastef à Koungheul… entrent également dans le lot.

L’ordre chronologique de ces évènements étant difficile à établir, il est tout aussi difficile de dire qui parmi ces protagonistes a péché le premier. Mais, la goutte de trop, c’est incontestablement cette agression contre des militants de Pastef à Saint Louis, le lundi 11 novembre dernier. Cet acte d’une rare barbarie est vivement répréhensible et ses auteurs devraient être punis à l’aune de la gravité de leurs faits. Cependant, cette violence gratuite, méchante et aveugle ne saurait justifier la sortie malheureuse du leader de Pastef et Premier ministre du Sénégal. Qu’il se soit exprimé sous le couvert du manteau de la première fonction ne l’acquitte nullement. Au contraire. Il est difficile voire impossible de distinguer dans le dédoublement fonctionnel incarné par Sonko, le visage du chef du Gouvernement de celui du président de parti.

Finalement donc, peu importe sous quel manteau il s’est couvert en manifestant publiquement sa colère de boxeur. Cette apologie de la violence sur fond d’appel à la vengeance frise l’irresponsabilité ! Ses propos, largement relayés par la presse nationale et repris en boucle par la presse internationale sont d’une gravité extrême et auraient pu avoir des conséquences incommensurables. Aussi, l’inanité de son propos ne s’épuise pas seulement à cet appel public à la vengeance.

Autrement inquiétant est sa propension à jeter en pâture le ministre de l’Intérieur et son collègue de la Justice. D’ailleurs, il est peu improbable que Jean Baptiste Tine et, surtout Ousmane Diagne, ne demandent pas à être déchargés de leurs fonctions au prochain remaniement ministériel qui suivra l’installation de la 15e législature. Il y a pire !

 Eviter d’isoler le président Bassirou Diomaye Faye

 Dire que « l’Etat a failli », c’est également porter un jugement négatif sur la personne de celui qui l’incarne par excellence. Le risque apparent ici, c’est d’en arriver à « isoler » le chef de l’Etat. A preuve, en l’espace de quelques heures, Bassirou Diomaye Faye a été la cible de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Qui pour dénoncer son appel au calme, qui pour fustiger son « immobilisme », voire sa « passivité ».

Et, le drame, c’est que de hauts responsables de Pastef se sont prêtés à ce jeu. Tout porte à croire qu’il y a une audacieuse volonté de remettre en cause les décisions et la posture du président de la République. Ce jeu tend à se confirmer après l’épisode de « l’affaire Samba Ndiaye » dont la nomination au poste de Pca de la Sn-Hlm a mis sa signature à rude épreuve. Comme de « vaillants canonniers », les ‘’pastéfiens’’ n’hésitent donc jamais à rappeler une participation à l’effort de guerre qui leur conférerait un droit de regard sur la conduite des affaires par le président de la République. C’est pour certains, le chant posthume du cygne, repris en chœur pour, disent-ils, honorer la mémoire des « martyrs » tombés au champ de bataille.

Au nom du « Projet » ! C’est peu dire que cette grille de lecture typiquement ‘’pastéféenne’’ n’est qu’une autre forme de violence. Elle est de mauvais augure et le chef de l’Etat lui-même devrait y mettre fin, en décidant définitivement de rester fidèle à la mission que lui impose sa très haute charge pour laquelle il a prêté serment devant la nation sénégalaise. C’est un choix constitutionnel et républicain ; et, « Ousmane » devrait l’y aider en devenant plus le Sonko de l’après Macky que celui de l’avant Diomaye.


Elhadji Mansor Ndiaye

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