Le président sénégalais Diomaye Faye a demandé au gouvernement d’engager une évaluation du système éducatif. Thiemoko Sory DIAKITÉ de Pastef balise le chemin au nouveau régime. Au Sénégal le système éducatif fait face à de nombreux défis qui ne permettent pas au pays de produire la ressource humaine nécessaire pour son développement. C’est pour ce constat que les nouvelles autorités du pays envisagent une réforme profonde.
Le président sénégalais Diomaye Faye a demandé au gouvernement d’engager une évaluation du système éducatif. Le président a fait cette recommandation lors du Conseil des ministres qu’il a présidé au Palais de la République, mercredi 5 juin. Parmi les priorités, Diomaye Faye place la formation des formateurs. A ce sujet, le renforcement des facultés et programmes d’enseignement en sciences de l’éducation, ainsi que des écoles nationales de formation d’instituteurs. Il recommande également de mettre en lumière l’enseignement des langues nationales, la généralisation de l’enseignement de l’anglais dès l’élémentaire.
Membre de Pastef et de la Commission justice du MONCAP France, Thiemoko Sory DIAKITÉ donne des pistes de solutions. « En matière d’enseignement des langues, il importe de noter deux positionnements : – soit, on dispense la langue à des apprenants étrangers. En l’occurrence, le wolof à des non wolophones. Dans ce cas, nous sommes dans un parcours Wolof Langue Étrangère (WLE). – Soit on dispense la langue par exemple le Wolof à des wolophones. Dans ce cas, c’est le Wolof Langue Seconde (WLS). », a-t-il confié. « En clair, ajoute-t-il, il y a une dichotomie entre être bi-langue (deux langues enseignées parallèlement et bilingue (quand les deux langues sont parlées sans distinction). » « Dans le premier cas, l’élève francophone dès l’entrée au collège, en plus de son français, apprend le Wolof et l’Anglais. Dans le dernier cas, le Francophone apprend le wolof ou une autre langue de son choix Anglais ou Allemand », soutient-il.
Il poursuit : « Ce qui nous ramène à soutenir, l’introduction du Wolof à l’école en soi, n’est pas une mauvaise chose, si et seulement si, le wolof permet une transversalité avec les langues dominantes dans lesquelles les travaux scientifiques sont publiés à travers le monde. » « A défaut, dit-il, nous enfermerons nos élèves dans un carcan sans suite. C’est dans cet esprit, j’estime que l’enseignement de nos langues nationales, comme seul vivier de nos apprentissages, au lieu des langues maternelles comme préconise le Ministre de l’Education Nationale, est un handicap. Ceci si nous envisageons des poursuites d’études à l’étranger ou des carrières à l’international. »
« Par contre, si nous choisissons d’étudier et travailler essentiellement au Sénégal, l’incidence est en effet moindre. Quant à l’anglais dans le parcours de l’école primaire, renvoie à faire de nos enfants des bilangues », souligne-t-il. Avant d’ajouter : « Ce qui est souhaitable, quand on sait de nos jours, que tous les travaux de recherches sont publiés en anglais.
Mais aussi, pour entrer en Master, il faut la maîtrise de l’anglais. Outre le fait, que parler Anglais vous permet de communiquer en Chine, dans les pays Arabes et bien au-delà. Ceci, contrairement à nos langues nationales à fortiori nos langues maternelles innombrables et sans codification. » Quid de la formation formation professionnelle ? « Elle qui est la mère des réformes, gagnerait à permettre d’une part mettre chaussures aux pieds à nos apprenants et d’autre part les compétences professionnelles doivent être mobilisées en termes d’activité et non de connaissances », explique-t-il.
Mada NDIAYE