Pinochet, Moussa Dadis Camara… Aminata Touré a cité ces deux anciens dirigeants ayant fait l’objet de poursuites judiciaires après leur départ du pouvoir. L’ancienne Première ministre du Sénégal ne voit donc pas pourquoi, Macky Sall, objet d’une pétition visant sa traduction devant la justice, devrait faire exception. Invité ce jeudi de l’émission ‘’ En tête à tête’’ sur les antennes de France 24, celle qui fut ministre de la justice entre 2013 et 2014, ne semble y voir aucun inconvénient. Au contraire…
A la question de savoir s’il faut poursuivre Macky Sall en justice, Aminata Touré rappelle d’abord qu’elle est « une militante des droits de l’homme ». A ce titre, explique-t-elle : « Il ne peut pas y avoir de paix durable sans justice. Il faut qu’on sache qui sont les responsables de la mort de ces jeunes qui manifestaient ». Et, malgré la loi d’amnistie votée au Sénégal « juste avant le départ du président Macky Sall », l’ancienne ministre de la justice considère qu’il faut « éclaircir tout ce qui s’est passé lors de ces évènements sanglants et que les responsables aillent en justice ».
Pour conforter son propos, elle rappelle la pratique dans d’autres pays. « On l’a vu au Chili (avec le général Pinochet). Ici à côté de chez nous, l’ancien président Dadis Camara fait face à la justice pour des exactions et des manifestations sanglantes », explique encore Aminata Touré avant de préciser que « le Sénégal ne devrait pas faire exception ». Interrogée à nouveau sur la portée de la loi d’amnistie dont ont bénéficié les nouvelles autorités le président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, notamment l’ancienne Première ministre, précise d’abord que ces dernières ont été « injustement emprisonnées ». « C’est deux choses qui n’ont rien à voir. Des candidats qui, parce qu’ils sont dans leur position, sont emprisonnés, cela n’a rien à voir avec des jeunes qui manifestent et qui sont tués. C’est justement cet amalgame qu’il ne faudrait pas faire. (…) Que l’on efface, ce que je considère comme des crimes contre de jeunes manifestants, ce n’est pas admissible », plaide l’ancienne tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar aux Législatives de 2022.
En désaccord avec Macky Sall au lendemain de l’installation de la 14e législature, Aminata Touré qui a vu la présidence de l’Assemblée nationale lui passer entre les doigts a été écartée de l’hémicycle. Elle entame alors une lutte âpre contre le troisième mandat » et s’engage aux côtés de l’opposition.
En 2024, une candidature à la présidentielle invalidée par le Conseil constitutionnel, elle rejoint la coalition « Diomaye Président » où elle reste encore active.