Homme de synthèse, Sym Sam incarne une fusion culturelle unique : Béninois d’origine ayant grandi à Dakar, il choisit aujourd’hui le wolof plutôt que sa langue maternelle pour son deuxième album « FII LAA YARO », témoignant ainsi de son ancrage profond dans la culture sénégalaise. Son parcours, véritablement initiatique, se nourrit d’influences diverses qui ont façonné son identité artistique. Bercé dès son plus jeune âge par les mélodies sacrées du Gospel, il s’est également imprégné de l’engagement caractéristique du hip-hop galsen et des rythmes envoûtants du mbalakh, portés par les légendes et les golden-boys de la scène dakaroise. Cette riche alchimie musicale définit l’artiste Sym Sam, qui assume pleinement sa « senegalité » sans artifices.
Le parallèle entre le wolof et le fon (langue béninoise) aux sémantismes familiaux de ses thèmes de prédilections font de sa musique une leçon de sociologie sénégalaise. Parfaitement intégré dans le tissu social dakarois, Sym Sam incarne un Sénégalais de cœur lucide, pour qui l’idéal ne réside pas dans une rêverie passive, mais dans l’engagement quotidien vers la réalisation de nos valeurs fondamentales. Bonne lecture !
Et si vous nous parliez de vous Sym Sam
Je suis Sym Sam, je suis un artiste pluridisciplinaire, à la fois batteur et chanteur. Mon parcours musical commence dès mon plus jeune âge au sein de l’église, où mon père occupe le rôle de maître de chœur. Mon intérêt pour la batterie m’a conduit à participer au concours Releve bi que j’ai remporté dans la catégorie musiciens. Au fil de ma carrière, je me suis illustré en tant que batteur et chef d’orchestre, collaborant avec de nombreux artistes notamment Ngaka Blindé, Mia Guissé, VJ Defma Madef, Samba Peuzzi ,Sahad Sarr, Faada freddy , Admow Flow….., pour n’en citer que quelques un. Aujourd’hui je présente mon album « FII LAA YARO » dans lequel je propose une fusion entre la musique urbaine sénégalaise et le gospel, adressant ainsi un message musical au Sénégal.
De batteur à l’église à la scène professionnelle, comment avez-vous vécu cette transition ?
Plutôt facile, la transition s’est révélée naturelle pour moi ! Parce qu’à vrai dire il n’y a pas de grande différence, mis à part la rémunération (cachet) qui est plus conséquente sur la scène professionnelle. En termes d’exigences, elles sont comparables, voire même plus élevées dans le gospel. En réalité, chaque style musical et chaque environnement à ses réalités et ses codes. La clé du succès réside dans la capacité à s’adapter et à respecter les conventions propres à chaque contexte musical. D’ailleurs c’est en les comprenant et en les appliquant qu’on parvient à produire un travail de qualité.
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Votre nouvel album « Fii Laa Yaro » signifie « J’ai grandi ici » pouvez-vous nous dire ce que représente ce titre pour vous après 25 ans d’influences sénégalaises ?
« FII LAA YARO » est bien plus qu’un simple album, c’est une douce réponse à ceux qui pensent que l’identité sénégalaise ne se prouve que sur le papier. « FII LAA YARO » représente 25 années d’immersion totale dans la musique sénégalaise, une période durant laquelle cette musique a été écoutée, comprise et appréciée. L’album reflète l’influence musical d’un artiste ( faisant toujours allusion à lui ) qui a été témoin des moments marquants de la scène musicale sénégalaise allant de l’âge d’or de Youssou Ndour, aux débuts de Wally Seck, à la transition d’Amadeus. Et tout ceci mixé au Gospel et à la musique Urbaine.
Comment avez-vous choisi les 5 artistes invités (Admow Flow, Xiirsa, Defa, Cool lams, Diaw Diop) pour collaborer sur cet album ?
Cela s’est fait très naturellement ! Ce sont des artistes de mon écosystème avec qui j’ai déjà travaillé ou partagé la scène .Du coup, toutes les collaborations se sont faites de manière spontanée et avec beaucoup d’amour.
Votre musique mélange urban Galsen, gospel et influences hip-hop, comment réussissez-vous à créer cet équilibre entre tradition et modernité ?
A la base je suis un grand fan de hip hop depuis mes début à la batterie .Comme beaucoup de jeunes je suis passé par cette étape .Etant également maître de chœur, l’influence gospel ne m’a jamais quitté et en y ajoutant le mbalax que j’ai longtemps consommé, où j’habitais à Castors Baah, ça donne Fii Laa Yaro : un beau mélange, à mon avis.
Après le succès de votre EP « Freedom », comment voyez-vous l’évolution de votre style musical dans ce nouvel album ?
C’est vrai que Freedom a eu un impact significatif dans le milieu Jazz fusion .Aujourd’hui Fii Laa Yaro est bien plus Light et plus accessible et j’aime ça. J’ai choisi de m’adresser à un autre type de public et j’aime beaucoup le rendu musical de cette nouvelle expérience.
Parmi les 7 titres de l’album, y a-t-il un morceau en particulier qui représente le mieux le message que vous voulez transmettre à travers « Fii Laa Yaro » ?
Il y en a même deux : « Fii ma Dieum » et « Boul Xaadi ». Dans « Fii Ma Dieum » je porte la voix d’un père de famille qui quitte son confort et sa zone de sécurité pour l’inconnu tout en étant pleinement conscient de la responsabilité qu’il a envers sa petite famille. Dans « Boul xaadi » j’aborde les différentes épreuves auxquelles sont confrontés certains chefs de famille, femmes au foyer et autres, en leur rappelant qu’il faut rester fort face à l’adversité et garder à l’esprit que Dieu est au contrôle
Comment avez-vous travaillé les arrangements pour créer cet équilibre entre « douceur mélodique et rythmiques » mentionné dans le dossier ?
On va dire que je suis un Batteur fleur bleue (rire). J’ai toujours été attiré par les mélodies douces et simples, ce qui se reflète naturellement dans mon projet. D’ailleurs ce travail ne s’est fait seul … « Fii Laa Yaro » est le fruit d’une collaboration avec de talentueux beatmaker comme Godpeace Key, Emen Key, Hackim Beat, Steady Key et K Guitz.
En tant que batteur-chanteur, comment avez-vous abordé la composition rythmique de cet album ? Quelle place occupe la batterie dans les arrangements ?
C’est assez surprenant, mais la batterie en tant que tel n’a pas beaucoup intervenu sur ce projet. J’en ai joué sur « Boul Xaadi »et au début de « Dieguema », mais pour le reste c’était de la programmation rythmique bien supervisé par le batteur que je suis.
Comment avez-vous choisi quelles langues utiliser dans les textes de l’album, sachant que la langue est mentionnée comme un élément important de votre appartenance à la culture sénégalaise ?
Le wolof, une des langues qui m’ont accompagné dans ma construction, que ce soit à l’école, au football, au marché ou dans les boutiques. Je m’y suis rapidement adapté, d’autant plus qu’elle partage des similitudes avec le fon (une langue du Benin). Par exemple, le mot « ici » se dit « fii » dans les deux langues et la « clé » se traduit « Tchabi » en wolof et « Tchabi » en wolof en fon. J’ai choisi le wolof comme langue principale du projet car je souhaite naturellement m’adresser au public sénégalais. Si le Sénégal avait eu le lingala comme langue dominante, l’album aurait été dans cette langue.
Quid de la promotion de l’album ? Avez-vous prévu une tournée ou des performances live particulières pour le présenter au public ?
Concernant la promotion du projet, avec mon équipe nous prévoyons effectivement une série de concerts. Pour moi le live reste le meilleur moyen de partager de l’énergie avec son public, lui transmettre de la joie, de la compassion aussi ou transformer leur peine en joie. Nous travaillons actuellement sur la mise en scène du spectacle et sommes en négociation avec plusieurs salles pour accueillir notre performance dès Avril. Les dates de la tournée seront annoncées prochainement
ANNA THIAW