Notre destin ne réside pas dans les étoiles, mais en nous-mêmes. C’est un fait indéniable qui est pleinement illustré par l’histoire de notre invité de renom aujourd’hui sur notre page people. Depuis toujours, Mouhamadou Moustapha Ngom, de son vrai nom, vit, mange et respire le théâtre. Malgré les difficultés qu’il a pu rencontrer pendant ses études, il a suivi son instinct et a choisi de poursuivre sa passion pour le théâtre plutôt que de se conformer aux attentes de la société. Depuis son passage au collège, il savait qu’il devait arrêter l’école pour se consacrer pleinement à sa recherche artistique, et c’est justement dans cet art du théâtre qu’il a trouvé sa voie. Depuis lors, il n’a jamais abandonné ce monde pour lequel il se nourrit d’une passion dévorante, même s’il le combine avec son métier d’agent de propreté. Il le dit lui-même : « Le théâtre est ma passion, c’est ma vie ! Je suis dévoué à mon métier et je choisis soigneusement les projets auxquels je participe. À ce stade de ma carrière, je suis conscient de l’impact que j’ai en tant que personnage public et je ne peux pas me permettre de faire des erreurs. » Son rôle actuel dans la série populaire « Baabel », où il incarne un père de famille modèle et respecté, en est la preuve éclatante. Découvrez son parcours, ses ambitions et bien plus encore dans notre interview exclusive !
Qui est Mouhamadou Moustapha en dehors des séries télévisées ? Parlez-nous de vous.
Je suis Mouhamadou Moustapha Ngom ! En plus de mon travail d’agent de propreté à la Sonaged depuis 30 ans, je suis également conseiller auprès de la directrice au département de l’éducation, de la sensibilisation et du changement de comportement. Mes responsabilités s’étendent à la commune de Golf Sud et de Sam Notaire. Mais en dehors de mes fonctions, mon véritable terrain de jeu est le théâtre. Une passion que je nourris depuis toujours. Je suis le premier président de l’Arcots de Guédiawaye (association regroupant les artistes comédiens du théâtre sénégalais) et cet honneur, je l’ai exercé pendant 7 ans.
Quel est votre parcours ?
En ce qui concerne mes études, j’ai poursuivi jusqu’au collège. Cependant, en raison de ma situation familiale, j’ai dû arrêter mes études car les conditions ne me permettaient pas de les poursuivre. Malgré tout, j’étais parmi les meilleurs de ma classe. Comme le dit un adage, le destin se cherche ou se force. C’est pourquoi j’ai rapidement arrêté mes études pour me consacrer à d’autres choses. J’ai exercé toutes sortes de métiers, comme la vente de viande ou encore le travail pour un programme alimentaire. Dans la vie, aucun métier n’est dévalorisant. Ce qui compte le plus, c’est de pouvoir subvenir à ses besoins.
Pourquoi cette voie artistique?
En tant qu’artiste né, je suis fier de faire partie d’une lignée familiale religieuse. Je suis le petit-fils de Cheikh Samba Diarra, dont le talent pour chanter Serigne Touba a laissé une marque indélébile. Mon oncle, le célèbre Coly Mbaye, a été le premier à remporter le prix du chef de l’Etat, et c’est lui qui m’a personnellement éduqué. Son influence m’a inspiré à poursuivre une carrière dans le théâtre, un métier noble que j’aime profondément. En tant que comédien, je me plais à faire rire le public, mais mon travail va bien au-delà de l’amusement : j’utilise également cette plateforme pour transmettre des messages importants. J’ai eu l’opportunité de collaborer avec de nombreux labels, et en ce moment même, plusieurs d’entre eux souhaitent travailler avec moi. Le théâtre est ma passion, c’est ma vie ! Je suis dévoué à mon métier, même si je ne prends pas tous les projets qui se présentent à moi. En effet, à ce stade de ma carrière, je suis conscient de l’impact que j’ai en tant que figure publique et je ne peux pas me permettre de faire des erreurs. Je représente quelque chose aux yeux des Sénégalais et je prends cela très au sérieux.
Vous qui avez eu l’opportunité de participer à plusieurs productions, quel est votre avis sur l’environnement cinématographique sénégalais ?
Le cinéma sénégalais est en pleine croissance, avec un progrès significatif entre les productions d’autrefois et celles d’aujourd’hui. Cela mérite d’être souligné et félicité.
Sont-ils suffisamment originaux ? Reflètent-ils véritablement nos réalités ?
Le monde évolue et avec lui, le cinéma sénégalais évolue également. Inspirés par les paroles de Feu Thione Seck, nous comprenons que l’art qui ne nourrit pas l’esprit ne remplit pas son rôle et qu’il est temps de le réveiller. Le théâtre aussi en fait partie. Cette année, nous avons vu une prise de conscience dans nos productions qui mettent en lumière le quotidien des Sénégalais. C’est un pas important vers la restauration de nos valeurs. Nous ne devons plus chercher à imiter les réalités européennes, mais plutôt embrasser les nôtres. Les décors, les scénarios et autres aspects sont en train de prendre une tournure plus naturelle, et c’est un changement bienvenu.
En tant qu’acteur de la célèbre série Babel, vous incarnez avec brio le rôle de Papa Ndiouga, un père de famille exemplaire. Cependant, il est important de se demander : les modèles de paternité sont-ils encore présents aujourd’hui ?
Il y a des moments dans la vie où l’on se retrouve à un certain endroit sans vraiment le prévoir. C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’ai rejoint l’équipe de tournage par accident lors des auditions. Mais je crois que c’était le destin qui a voulu que je fasse partie de cette série. Au départ, c’était un autre acteur plus âgé qui devait incarner mon rôle, mais en raison d’une blessure, les producteurs ont fait appel à moi au dernier moment. Lorsque j’ai intégré le tournage, c’était tout un défi pour moi. Je voulais donner le meilleur de moi-même et m’assurer de jouer mon rôle à la perfection. Ce personnage est cher à mon cœur, car je joue un père de famille respectueux et admiré par tous. Un papa modèle, dont l’image doit être reflétée à l’écran. Ici, au Sénégal, certaines personnes ont tendance à dire que les parents ont abandonné leur rôle de père. Mais je ne suis pas d’accord avec ça. Les difficultés que rencontrent les familles aujourd’hui les obligent souvent à travailler dur et à rentrer tard le soir, uniquement pour subvenir aux besoins de leur famille. En tant qu’artiste et comédien, nous avons une voix qui porte et il est de notre devoir de transmettre des valeurs positives et de rappeler l’importance de notre rôle de parents. Alors, partageons ces valeurs et veillons à ce qu’elles soient à nouveau ancrées dans notre société.
N’aviez-vous pas eu de problème à vous mettre dans la peau du personnage ?
Je n’ai jamais rencontré de difficultés à incarner ce personnage, car je l’ai moi-même créé. Dans notre milieu, lorsqu’on vous attribue un rôle, votre première préoccupation devrait être de décrire le personnage, de l’étudier et d’y ajouter votre touche personnelle. Je suis dans ce métier depuis 30 ans et cela n’a pas été un défi pour moi. Cela a été un honneur d’incarner le personnage de Ndiouga Thiam et je suis convaincu que je ne rencontrerai jamais de problème à le faire. J’ai dû travailler dur pour arriver où je suis aujourd’hui, et mon expérience de vie m’a permis d’être en mesure d’interpréter n’importe quel rôle avec aisance. C’est mon vécu qui m’a permis de faire partie des grands de ce métier.
Quel est le rôle qui vous a le plus marqué jusqu’à présent ?
Celui de Ndiouga Thiam ! Ayant eu l’opportunité de collaborer avec de nombreux labels et de participer à plusieurs séries, je peux affirmer que l’expérience avec Ndiouga Thiam a été marquante. Je remercie chaleureusement la maison de production ainsi que tous les acteurs et le réalisateur pour leur complicité.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?
Il y a tant de choses que j’adore dans ce domaine ! En plus d’être un artiste, un comédien est avant tout un éducateur. Un noble métier où le moindre faux pas n’est pas permis.
Nourrit-il son homme ?
Et bien sûr, l’art peut nourrir l’âme. Je suis peut-être un salarié, mais je vis grâce à ma passion pour le théâtre. L’art m’a apporté tant de choses ; il m’a tout donné, et je prospère grâce à cela.
Quels sont les clés essentielles pour devenir un bon acteur ?
Un acteur de qualité ne doit pas être pressé de réussir. S’il se précipite, il ne pourra jamais atteindre ses objectifs. Au contraire, il doit être calme et réfléchi. Il doit être à l’écoute et avoir une présence scénique marquante. Ce sont là des éléments essentiels.
Des projets ?
De nombreux jeunes de la banlieue aspirent à se lancer dans le métier de l’art. Malheureusement, l’opportunité leur est rarement donnée. À notre époque, il était difficile de poursuivre une carrière théâtrale et de pouvoir exercer son art. C’est pourquoi il est primordial de trouver un label afin de leur apporter toute l’aide nécessaire. Ces jeunes sont passionnés par leur métier, mais ils manquent du soutien essentiel pour pouvoir le pratiquer.
ANNA THIAW