C’est en suivant les pas de sa mère, ancien mannequin, que Camilla Diagne s’est lancée à la conquête des podiums. De sa première couronne de Miss Dakar 2018 à son aventure aux Philippines pour Miss Earth 2022, cette Sénégalaise au caractère bien trempé vient de décrocher le titre prestigieux de Miss Planète 2024 au Cambodge. Un parcours d’excellence pour celle qui, repérée sur Instagram par le comité Miss Planète International, a dû batailler contre vents et marées, affrontant les regards sceptiques et déjouant même des tentatives d’obstruction à son départ pour le concours. Mais derrière le glamour des projecteurs se cache une femme de conviction. Touchée au cœur par la disparition de son père des suites d’un cancer, elle a fait de la lutte contre cette maladie son cheval de bataille. Avec l’appui du Grand Théâtre et du ministère, cette ambassadrice de charme ne compte pas s’arrêter là : elle rêve de transformer les concours de beauté au Sénégal en véritable vitrine touristique. Rencontre avec une Miss qui prouve que l’engagement peut briller autant que les strass !
Pouvez-vous nous raconter comment est née cette passion pour les concours de beauté ?
J’ai toujours été passionnée par la mode et tout ce qui gravite autour de cet univers. Ma mère, qui était mannequin, a été une grande source d’inspiration pour moi. En suivant ses traces, elle est devenue mon modèle et mon idole.
Comment avez-vous vécu votre victoire en tant que Miss Dakar 2018 ?
C’était émouvant. Je savais que j’avais les qualités pour être parmi les meilleures : mes talents en danse, mes longues jambes, et mon aisance avec les talons. Pourtant, en dehors de mes parents, ma famille et quelques amis, peu de gens me soutenaient.
Pourquoi n’avez-vous pas pu pleinement exploiter ce titre pendant votre année de règne ?
Sous contrat, on perd une certaine liberté. La responsable du comité Miss Sénégal, qui a succédé à feu Ambroise Gomis, est connue pour exploiter les Miss. Je n’en dirai pas plus. Étant une femme instruite et chérie par ses parents, personne ne pouvait m’utiliser à ses fins.
Qu’est-ce qui vous a motivée à participer à Miss Earth en 2022 aux Philippines, après la période Covid ?
Après trois années de lassitude et de découragement, j’ai retrouvé ma motivation grâce au soutien de ma mère, ma famille, et particulièrement d’un ami précieux, un jeune créateur qui, tel un compagnon de guerre, m’a aidée à avancer.
Quelle expérience retenez-vous de cette participation internationale ?
Cette expérience m’a permis d’évoluer et de mieux me connaître. J’ai vécu des moments contrastés, notamment la fascination des Asiatiques pour la peau noire et le complexe de la race blanche. Ce qui m’a le plus marquée, c’est leur passion pour les concours de beauté, ils se levaient très tôt pour attendre les Miss dans les rues, c’était un spectacle magnifique.
Comment avez-vous été contactée pour représenter le Sénégal au concours Miss Planète internationale ?
La licence Miss Planète Sénégal n’ayant pas été achetée, le comité Miss Planète International m’a repérée via mon compte Instagram. Après avoir obtenu l’accord de ma mère, qui a échangé avec eux, je me suis engagée dans un travail considérable et exigeant.
Que représente pour vous cette victoire en tant que représentante du Sénégal ?
Cette victoire, bien que je vise encore plus haut, confirme mon potentiel et ma détermination. Contrairement aux sceptiques qui considèrent cela comme une perte de temps, et malgré ceux qui ont tenté d’empêcher mon départ à l’aéroport, j’ai relevé ce défi. Toutes ces années d’investissement (frais de shooting, transport, répétitions) n’ont pas été vaines.
Quels sont vos objectifs en tant que Miss Planète 2024 et comment souhaitez-vous utiliser votre titre pour impacter la société sénégalaise et internationale ?
En participant à l’élection Miss Planète, mon projet était de lutter contre le cancer, une maladie dévastatrice qui a emporté mon père après une longue souffrance. Aujourd’hui, je souhaite devenir porte-parole et conseiller les gens touchés par cette maladie. Avec mon équipe de soutien, et grâce à l’aide précieuse du directeur du Grand Théâtre et du ministère, nous voulons structurer les concours de beauté au Sénégal pour faire du pays une destination touristique attractive.
Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui rêve de suivre vos pas ?
Il y a quelques jours, nous avons sollicité l’aide d’une créatrice qui, de façon sarcastique, m’a fait comprendre que je ne devais compter que sur moi-même. Face aux difficultés, j’ai réalisé que c’était mon choix de m’engager dans cette voie et que je devais persévérer. Je tiens donc à conseiller toutes les femmes qui souhaitent participer aux concours de beauté et leur dire que c’est un véritable parcours du combattant qui demande beaucoup de courage. Soyez vigilantes : certains managers peuvent être exploiteurs, et beaucoup de gens vous réduiront au stéréotype de « belle mais bête ». Le soutien de vos proches est essentiel pour tenir dans cette aventure.
ANNA THIAW