L’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) a présenté ses rapports 2019, 2020 et 2021, aux autorités publiques sénégalaises comme le lui recommande la loi. Cette fois-ci, on ne peut pas parler de retard. L’institution de contrôle a fait son travail dans les règles de l’art et les conclusions remises à qui de droit. De hauts cadres de l’Etat qui ont en charge diverses responsabilités dans plusieurs domaines ont été épinglés. Parmi eux bien entendu des ministres et des Directeurs généraux.
Ces rapports dont la presse a eu connaissance a permis de se rendre compte des pratiques nébuleuses et des actes de précarisation en vogue dans plusieurs secteurs notamment dans la passation des marchés.
Ce travail, très sérieux, ne mérite pas d’être classé, enterré, oublié.
Malheureusement, c’est largement le cas depuis sa création. Beaucoup de rapports de l’Ofnac, transmis au Procureur, sont sans suite. Ils sont déjà avant ces derniers, plus d’une trentaine.
Cette pratique découlant de l’opportunité des poursuites attribuée au Procureur, ne permet pas un traitement équitable de tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir posé des actes malveillants de délinquance financière.
Ainsi, ils sont aujourd’hui nombreux à être passés par les mailles des filets parce que simplement protégés par les hautes autorités qui peuvent donner des instructions au Parquet. Il en est ainsi de notre système judiciaire qui permet ainsi une réelle tutelle sur ceux qui détiennent le pouvoir de poursuite.
Donc, si le Parquet dépend du Ministère de la Justice, on peut aisément en déduire que l’impunité dont certains bénéficient jusqu’ici découle justement de cette forme de protection.
C’est pourquoi, nous osons espérer que cette fois-ci, les choses seront différentes.
Il ne s’agit pas de déclencher des poursuites tout azimut, mais de situer les responsabilités, d’enclencher des enquêtes judiciaires avec des mises en examen qui se font fi de la coloration politique du prévenu.
Ce second mandat finissant de Macky doit être l’occasion de davantage entrer dans l’histoire par le respect, enfin, des principaux sacro-saints du caractère général et impersonnel de la loi.
Ce sera une occasion de crédibiliser davantage l’Ofnac, de rendre plus utile le travail de ses équipes et de lutter efficacement contre la corruption des fonctionnaires et la délinquance à col blanc.
Il appartient tout simplement au Président Sall de changer de fusil d’épaule.
ASSANE SAMB