Les routes sénégalaises deviennent de plus en plus meurtrières. La preuve par ce grave accident enregistré hier sur la route de Ndiama (commune de Ndangalma). Le bilan est lourd de 16 morts calcinés et de plusieurs blessés dont certains dans un état grave. Un drame qui rallonge la liste déjà longue des accidents enregistrés depuis le début de l’année.
Les images se passent de commentaires. Un bus, entré en collision avec un camion, a été réduit en cendre. Un premier bilan fait état de 43 victimes au total. Parmi elles, 16 corps ont été retrouvés « complètement calcinés », rendant leur identification difficile. De plus, 22 autres personnes ont été blessées, 16 étant dans un état jugé critique. Selon des sources sécuritaires, l’accident s’est produit à Ndiama Fall (un village de la commune de Ndagalma, dans la région de Thiès). Alertés, les sapeurs-pompiers initient des opérations de sauvetage, alors que de nombreux corps sont restés coincés dans les décombres du bus calciné. « Nous avons été alertés vers les coups de 7h 56 mn. Sur les lieux, on a remarqué qu’il s’agissait d’une collision occasionnant 52 victimes sont 16 blessé légers et 20 blessé graves et 16 corps complètement calcinés », a expliqué la Capitaine Khoudia Ibrahima Mar, commandant de la 21e compagnie d’incendie et de secours des sapeurs-pompiers de Thiès.
Il a fallu l’intervention de lourds engins des soldats du feu pour extraire les victimes des débris. « Le problème c’était la désincarcération de ces victimes mais comme nous avons un véhicule de routier le travail a été fait. Les blessés ont été évacués à Khombole et les corps sans vie à Diourbel ». Dans un contexte où l’on prépare activement le Gamou commémorant la naissance du Prophète (Psl) dans diverses zones le Capitaine Mar a lancé un appel aux chauffeurs à faire preuve de prudence sur les routes
Koumpentoum, Fatick, Khourou Mbacké, Ndande Fall : plus de 44 personnes tuées
Le 17 aout, un grave accident s’était produit à la sortie de Koumpentoum, dans la région de Tambacounda, lorsqu’un bus est entré en collision avec un minicar. Le choc avait causé la mort de 7 personnes et fait 13 blessés. Un drame similaire avait été constaté à Fatick : un véhicule de transport en commun de type « 07 places » avait percuté un camion près du village de Ndiosmone, causant la mort d’une personne et blessant grièvement sept autres. Le 15 août dernier, à Khourou Mbacké, dans le département de Mbacké un autre accident avait occasionné la mort de 9 personnes.
Quelques semaines auparavant, 11 personnes perdaient la vie suite à un accident tragique sur la toute de Kébémer, à hauteur de Ndande Fall. Un bilan macabre qui avait suscité la réaction du ministre des transports, déplorant principalement les comportements humains, tels que le non-respect du code de la route, la négligence, les excès de vitesse et les dépassements dangereux. En parfaite collaboration avec les ministères des Forces armées et de l’Intérieur, le ministre des transports entendait « intensifier les contrôles routiers en multipliant les points de contrôle et en renforçant les sanctions et d’imposer des repos obligatoires aux chauffeurs, et des sanctions sévères, allant jusqu’à l’emprisonnement ou le retrait du permis de conduire ». Mais, ces mesures ont-elles fait l’objet d’une application rigoureuse ? La question se pose car, malgré toutes ces annonces, et les appels à la prudence adressés aux usagers de la route, les accidents demeurent aussi fréquents que meurtriers sur les routes.
Des états généraux du transport « pour une prise de conscience »
D’après les chiffres officiels, quelque 700 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route au Sénégal. Cette question a d’ailleurs été au cœur des débats lors des états généraux du transport public lancés au mois d’août par le ministère des Infrastructures et des transports pour trouver des solutions aux dysfonctionnements constatés dans le secteur. L’on se rappelle qu’au moins d’aout, le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens El Malick Ndiaye avait laissé entendre que leur objectif est de discuter sur de l’avenir des transports dans notre pays, de mieux comprendre les inquiétudes et les difficultés, de connaître davantage les aspirations et d’apporter leur contribution. Une rencontre qui faisait suite à une cascade d’accidents meurtriers mais aussi un secteur qui bat de l’aile. Malick Ndiaye avait à cette occasion lancé un appel solennel à tous ceux qui jouent un rôle crucial dans le transport routier, notamment l’AGEROUTE (l’agence chargée de l’entretien des routes), les forces de défense et de sécurité, les services responsables de la délivrance des permis de conduire et des cartes grises, ainsi que tous les automobilistes, qu’ils soient usagers privés ou professionnels.
22 mesures sous le magistère de Macky Sall suite à des accidents meurtriers en 2023
En 2023, dix-neuf personnes avaient été tuées et 24 dans une collision entre un car et un camion dans la zone autour de Louga où est survenu l’accident. Auparavant, une collision entre deux bus avait causé la mort d’environ 40 personnes le 8 janvier dans le centre du pays. Le 8 janvier, un autre drame avait eu lieu. La thèse de l’éclatement d’un pneu, avait suscité un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l’état des véhicules, malgré la multiplication des accidents qui posent également le problème des infrastructures. Il s’agit de la vétusté et aménagement dangereux des véhicules, conduite inconsidérée, ou encore corruption répandue des agents chargés de faire respecter les lois ou passer le permis de conduire.
Le gouvernent avait alors décidé de brandir des mesures dont une vingtaine dont l’interdiction des voyages nocturnes des bus et des pneus d’occasion. Les minibus communément appelés « 7 places » ne pouvaient plus circuler entre les localités de 23 heures à 5 heures. Le gouvernement sortant avait aussi demandé à ce que les moteurs des transports de personnes et de biens seront bridés à 90 km/h. Les transports de personnes ne pouvaient plus être exploités que pendant dix ans, les transports de marchandises pendant 15 ans.
MOMAR CISSE