Les nouvelles nominations en Conseil des Ministres ce mercredi cachent mal la perpétuation d’une tradition bien ancrée chez nous : La récompense des alliés mais surtout des partisans, après la victoire. C’est ce que les juristes appellent ‘’le prix de la course’’. On aura remarqué, déjà, dans la formation du Gouvernement, l’entrée de beaucoup de ceux qui étaient au front contre le régime de Macky et qui étaient justement dans ‘’le Projet’’.
La nomination de Généraux au Ministère de l’Intérieur et des Forces armées sans oublier celle de Ousmane Diagne à la Justice n’a pas vraiment permis de démentir le respect de cette manie. Bien sûr, les nominations vont se poursuivre et ceux qui seront privilégiés seront les compagnons de galère, ceux qui ont eu à se battre aux côtés des leaders, ouvertement ou sous le manteau de quelques professions dont la nôtre. On aura compris, depuis le magistère de Wade, qu’il est possible de se positionner en sniper et de participer activement à la ‘’guerre’’, sous couverture. Car, la récompense pourrait tomber. Mais, la question est de savoir si les nouveaux tenants du pouvoir pouvaient faire autrement, malgré les promesses ?
Difficile à dire. Car, dans un pays comme le nôtre, aux réalités sociologiques spécifiques, ignorer ceux qui se sont battus pour promouvoir ceux qui parfois vous critiquent ou qui étaient passifs, relèverait de la démarche d’un surhomme. Or, nos dirigeants ne sont pas des supermans. On ne peut pas trop leur demander. Car, face aux regards inquisitoriaux des membres de la coalition, ils ont difficilement le choix. Point besoin de leur parler pour qu’ils comprennent. Ils sont des produits de la société. Ils en comprennent les codes. L’essentiel est cependant que tous ceux-ci se mettent au travail et rompent d’avec la corruption, le clientélisme, le trafic d’influence. Et qu’ils évitent de responsabiliser des gens incompétents, à la moralité qui est sujette à caution.
Et comme ‘’la chèvre broute là ou elle est attachée’’, il faut travailler à mettre en place des conditions qui ne facilitent pas la dilapidation des fonds publics, pratique qui oblitère tous nos efforts de développement. Diomaye et Sonko rêvent certainement de révolutionner les mœurs politiques chez nous et le mode de conduite des politiques publiques.
Et ils sont sans doute sincères dans ce souhait. Mais, comme pour la nomination aux postes, ils vont vite se rendre compte que la réalité est plus dure à combattre qu’ils ne le pensaient. Ainsi, malgré leur bonne volonté qui a pourtant fait qu’ils ont été élus, ils devront certainement décevoir nombre de leurs concitoyens qui s’attendaient à des transformations radicales et immédiates. Car, le problème du Sénégal, ce ne sont pas toujours ses dirigeants. C’est également le fait que les pesanteurs sociologiques sont telles qu’il est difficile de nager à contre-courant. Cependant, nous ne désespérons pas et croyons que des transformations importantes pourraient survenir si, bien sûr, la volonté politique ne fléchit pas.
Assane Samb