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Modou Galass Mbaye : « Cette année, les gens assisteront à un magal unique »

Des artistes ont opté pour le Mbalaax, le folk, le hip-hop, d’autres consacrent leurs belles envolées lyriques à Dieu et à des érudits de l’islam. Eux, on les appelle les chanteurs religieux. Il n’y a pas longtemps, ces derniers ne se produisaient que dans la rue et pendant les fêtes religieuses. Actuellement, c’est partout et à tout moment. Parmi eux, il y a le célèbre et très aimé Serigne Modou Gallas Mbaye, qui est sans doute le meilleur chanteur mouride en activité. Il remplit les plus grandes salles de ce pays. Pourtant Modou Gallas Mbaye, n’est pas né mouride. Parrainé par Serigne Fallou Mbacké, deuxième Khalife de Cheikh Mouhamadou Bamba Mbacké, Gallas entra miraculeusement dans la confrérie mouride. Jeune et plein d’ambitions, Gallas touche un plus large public dont les jeunes. Chanteur hors-pair, à la voix d’or, il occupe une plus grande place dans les programmes médias. Entretien avec ce chanteur religieux qui déclame les «Khassaïdes » avec dextérité.

Parlez-nous de vos débuts dans les chants mourides

J’ai commencé l’apprentissage des « khassaïdes» au Daara de Serigne Saliou. Mon père m’a emmené à l’école coranique vers les années 80-81 pour que j’y apprenne le Coran (au Daara de Serigne Saliou). J’y ai aussi appris aussi les « khassaïdes. » A l’école coranique, après les cours de coran en journée, le soir, nous apprenions les « khassaïdes. » Après avoir fini mes études à l’école coranique, je me suis mis à faire le chœur pour un grand monsieur et c’est de là que tout a commencé et que les choses sont devenues ce qu’elles sont aujourd’hui.

Nous sommes dans un contexte de pandémie. Comment avez-vous vécu cette période, a-t-elle impacté sur votre travail ?

J’ai  vécu cette crise comme tout le monde. Nous l’avons vécue avec Serigne Touba, c’est-à-dire  avec croyance, abnégation  car c’est la volonté  de Dieu. Pour dire vrai, la crise,  nous les chanteurs de khassaïdes, nous ne l’avons pas vraiment ressentie.

Bientôt la célébration du Magal de Touba. Comment préparez-vous cet événement?

Je prépare le Magal de Touba comme tout bon mouride le prépare et comme disent les Baye Fall « takh diouk ». D’ailleurs, je me prépare à y aller et je compte le célébrer comme il se doit comme l’a recommandé le guide religieux, s’il plait à Dieu.

Vu le contexte de Covid-19, des recommandations ont été faites afin de limiter la propagation du virus. Qu’en pensez-vous ?

Des recommandations ont bien été données afin de limiter les dégâts. Le Khalife général est raisonnable et réaliste ; il ne mettra jamais la vie des mourides en danger. S’il prend une décision, c’est parce que c’est la bonne. Quand le Khalife prend une décision, tous les mourides doivent s’y soumettre. Et quiconque ne le fait pas ou en doute, sort du Mouridisme. Et quand on ne fait plus partie du Mouridisme, on n’ose pas y rester encore moins donné son avis. Nous devons nous plier à ce qu’a dit le Khalife en mettant nos masques, en respectant les mesures barrières et tout ce qui a été recommandé. Et cela, nous le ferons.

Comment comptez-vous passer le Magal, quelles seront vos activités ?

Comme tout le monde ! Allez me recueillir auprès de mon marabout et lui remettre ma participation « Adiya ». Je tiendrai compte de tout ce qu’il me dira ou me demandera de faire. Après, je commencerai à faire mes « ziar » que j’ai l’habitude de faire.

Vous participiez souvent au grand festival de Salam. Comment ça se passait, comment le viviez-vous ?

Avec allégresse et fierté bien évidement. Un de mes proches avait pour habitude de dire à chaque fois qu’on se lève, on finit par faire de nouvelles rencontres, de nouvelles connaissances. Et avec le festival Salam, c’est ce qui m’est arrivé. J’ai fait beaucoup de rencontres et vice versa. A chaque fois qu’il y a ce festival, j’y participe, je ne l’ai jamais raté.  Mais, cette année, il n’a pas pu se faire avec la pandémie qui sévit toujours.

Nous avions l’habitude d’assister à l’évènement des deux Rakkas. Cette année, il n’a pas eu lieu. Comment l’avez-vous vécu ?

Je l’ai vécu avec beaucoup de bonheur. Quand on a pour habitude de se soumettre, on dit toujours au marabout qu’on se soumet à lui à jamais et quand on le fait, on est plus maître de soi. Quiconque est bien dans sa vie, c’est parce qu’il respecte les recommandations et quiconque ne l’est pas, c’est parce qu’il ne les a pas respectés. Et je rends beaucoup grâce à Dieu car c’est le guide religieux en lui-même qui a voulu qu’il en soit ainsi. C’est lui qui décide de ce qui se fait. D’ailleurs tout ce qui s’est fait ou s’est passé, c’est parce que le guide le voulait. Cette année, les gens verront et assisteront à un Magal unique, un Magal auquel ils n’avaient jamais assistés auparavant.

Quels genres de relations entretenez-vous avec les autres chanteurs religieux ?

Je ne dirais pas qu’il n’y a pas d’esprit de rivalité entre nous. D’ailleurs, ce sont des choses qui existent dans tous les milieux, que ça soit professionnel ou non. Mais, pour ma part, je n’ai pas de problème avec quelqu’un, je m’entends bien avec tout le monde. Vous leur demandez, ils vous diront la même chose, que je suis en bon terme avec tout le monde.

Quels est votre relation avec la Président Mbagnick Diop ?

Avec le Président Mbagnick Diop, nous ne nous sommes pas vus plusieurs fois. Mais le peu de fois qu’on s’est vus, j’ai appris pas mal de choses le concernant. C’est un monsieur très posé, un homme de mesure et c’est l’une des qualités que j’apprécie le plus chez une personne.

Quels messages donnez-vous aux talibés mourides pour la bonne tenue du Magal ?

Le message que je leur donnerai, c’est de se plier aux recommandations du Khalife des mourides. Faire le Magal comme nous avons habitude de le faire tout en tenant compte des conseils des médecins et laisser au Khalife ce qui lui appartient. Concernant les transporteurs, je leur demanderai d’être prudents sur la route car rien ne vaut la vie. Après le Magal, la vie continuera son cours normal.


ANNA THIAW(STAGIAIRE)

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