Invité de l’émission ‘’Grand oral’’ sur Rewmi TV, Me Mame Adama Guèye a rendu un vibrant hommage à la Justice. L’ancien candidat à l’élection présidentielle a également commenté l’actualité qui tourne autour de la candidature de Macky. D’autres sujets ont également retenu l’attention de cet ancien bâtonnier de l’ordre des avocats qui, bien qu’il soit détourné de la politique après 25 ans d’engagement, ne manque pas de finesse dans l’analyse…
Depuis quelques temps, de nombreuses arrestations sont notées dans les rangs de l’opposition et des activistes. Que faut-il en déduire de cette situation ?
Elle est inquiétante car anormale. Nous sommes dans une dérive liberticide qu’il faut arrêter. Je n’ouvre pas toutes les portes à l’excès. Je l’ai même précisé. Parmi les personnes qui sont dans les prisons, il y’en a qui sont des délits d’opinion. Il ne faut pas tomber dans un débat sémantique. Il faut des faits. Même quand une personne commet un délit il faut aussi faire attention car cela peut ouvrir à d’autres choses très graves. Qui a la certitude absolue ? Qui peut systématiquement le dire. Dans une démocratie avec une presse il faut un curseur souple et de permettre aux journalistes de faire leur métier. Des fois il faut juger leur bonne fois et pas le fait de dire que voilà le journaliste doit avoir la certitude absolue ! Mais justement le journaliste qui est la pour interpeller et analyser. Il tire la sonnette d’alarme. Il faut faire attention quand on parle de diffusion de fausses nouvelles. Elle doit être utilisée quand il y a eu diffusion de fausses nouvelles de mauvaise foi avec un objectif non déclaré et faire bouger les populations pour créer des troubles. Il faut du discernement. Alors il faut faire attention et graduée les choses. Je suis étonnée qu’on implique la Dic. Mais c’est incroyable. Même si veut poursuivre un personne et pour l’entendre, a-t-on besoin de le faire passer la nuit ? On fini l’interrogation mais qu’on le laisse rentrer chez lui et lui dire de revenir demain. Pourquoi une garde à vue prolongée ? Quand on met une personne en garde à vue il faut le faire pour une nécessité de l’enquête. De la même manière quand on présente une personne est présentée au juge d’instruction pourquoi la mettre sous mandat de dépôt ?Donc c’est à revoir. On peut l’inculper et la laisser en liberté. Même quand on voit des personnes connues pourquoi leur mettre le bracelet électronique. Ce sont des personnes domiciliés et qui ont des fonctions. Mais quand même, il faut être raisonnable. Dans les pays où on met le bracelet électronique c’est que ce sont des personnes à surveiller. Par exemple un violeur ou un pédophile, on lui met le bracelet pour savoir s’il s’approche des écoles c’est le sens. La garde à vu comme le mandat de dépôt ce sont deux choses dangereuses. J’ai l’impression qu’on les utilise comme une forme de sanction sous sans- couvert judiciaire. Une forme de pré-peine. Comme si vous n’aviez rien fait malgré le fait que vous passez plusieurs jours en prison. On vous aura humilié. La détention n’est pas une petite chose. Arrêter un chef de famille qui a son travail c’est l’humilier, toucher à sa dignité. Il y a des références. Moi j’invite nos autorités malgré leur mise sur la police et la justice de faire preuve de discernement. Il faut tout revoir et faire preuve de responsabilité. Les élections approchent et il faut dialoguer. Car les autorités ont cette main mise sur la police et le parquet.
On parle de commando, de force spéciale au moment où les choses sont assez difficiles n’est- ce-pas ?
Quand on parle de dialogue j’ai entendu des structures dont la F24 fixant les conditions. Il s’agit de la libération des tous les détenus politiques. Je ne pense pas et il faut faire attention. Car il existe des casseurs et des voleurs, et des personnes soupçonnées d’avoir fabriquée des cocktails molotovs. Je ne parle pas de cela. Il faut le préciser. Il faut faire un tri. Des gens ont pillé et ont volé et sont attaques a des biens et a des boutiques. Je reconnais le fait que l’Etat doit veiller à la sécurité des biens et des personnes. C’est pourquoi on interpelle les politiques. Quand on a la capacité de mobiliser des gens on doit aussi mesurer les externalités négatives avec certaines formes de mobilisation. Souvent il existe des brebis galeuses et profitent de tout. Il faut un dialogue permanent. Ce qui fait peur aux gens ce sont les effets collatéraux graves.
Le fonctionnement de la Justice comment appréciez- vous cela. A-t-on une justice dépendante ?
Cette question est fondamentale car la Justice est la clé de voute pour toute société. Elle a un rôle de régulation politique, économique et social. Un pays sans justice ce n’est pas bien. La première fois que j’ai tire la sonnette d’alarme c’est du temps de Abdou Diouf où Jacques Baudin était ministre. Le 1ier Serigne Diop m’entend . On a eu des discussions très dures. De même que Me Boucounta Diallo qui parlait de 5ieme colonne lors d’une réunion. En 2010 le bâtonnier que j’étais alors a tenu un discours, j’ai reçu de volet de bois verts. Ce n’est pas nouveau. Quand on pose le problème, a froid les acteurs politiques le société civile ne reprennent pas cela. Ces problèmes doivent être réglés à froid mais pas à chaud. C’est un vieux problème. Quand Mme Aminata Touré était nommée ministre, j’ai été la voir pour une réflexion et une justice performante. Elle avait décidé de mettre en place un comité pour travailler sur le sujet. De même que sur les Tdr avec Amadou Tall qui coordonner tout. Mais en vain. Jai eu un dossier de faits graves de corruption avérée de magistrats. J’ai tenu une conférence de presse qui m’avait valu une plainte de l’union des magistrats du Sénégal. J’ai été convoqué à la brigade de colobane. J’ai dû mon salut à la mobilisation de tous les avocats. Ce n’est pas nouveau. On s’intéresse à la justice que quand une personne connu a des problèmes alors que tous les jours les citoyens ordinaires vivent des conditions graves du fait des disfonctionnements de la justice. La justice a des problèmes graves. Dans mon analyse les moyens de pression qui font que certains magistrats ne sont pas indépendants ne viennent pas du pourvoir exécutif. Mai de celui de l’argent, du religieux etc. Il faut aborder le problème de manière holistique et trouver des solutions. Cette affaire avec l’Ums a été réglée avec les avocats dont le bâtonnier qui s’est mobilisé. A la suite de cela le Président de la république a envoyé le ministre de la Justice Me Sidiki Kaba pour qu’il aille voir le bâtonnier Ahmed Ba pour lui dire qu’on va organiser les états généreux de la Justice. Alors cela ne s’est jamais passé car j’ai eu ses informations. A l’époque l’Ums avait dit au ministre que si vous l’organisez vous allez donner raison à Me Mama Adama Gueye. Alors tant qu’on n’aura pas organisé les états généraux de la justice on ne pourra pas régler le problème de fond de la justice. L’institution est malade mais il ne faut pas l’achever. Il faut une institution judicaire et ne pas l’achever mais on la soigne et il ne s’agit pas d’un tête-à-tête avec les magistrats et le ministre. Toute discussion doit être un débat ouvert avec les acteurs sociaux et religieux. Faire de sorte que la Justice détentrice de cette image retrouve son lustre qu’elle a perdu. Il faut des reformes en profondeur et réduire le pouvoir de l’exécutif sur le conseil supérieur de la magistrature dont les nominations sont des affectations. Cela n’est pas rassurant et je le dis. On se connais dans la Justice mais cela pouvait être plus objectif avec le profil de l’emploi. C’est jusque dans pour attirer l’attention et redorer le blason.
Alors par rapport au dialogue au regard du dialogue n’est-il pas nécessaire de dialoguer ?
Jai des réserves sur les principes mais l’approche n’est pas la bonne. Il n’y a pas de place pour la raillerie et il faut être sérieux. Il faut de la solennité quand on souhaite un dialogue et quand Assane Gueye lui pose la question de savoir, il devait porter une robe d’avocat crédible pour le dialogue. Je suis pour le dialogue certes mais il faut être sérieux. Il faut qu’on s’entende aussi. Car si c’est pour des raisons électorales, pour des question partisanes il faut arrêter. Ce pays n’est pas pour les politiciens. Il faut que des acteurs sociaux économiques dynamiques et non qui sont très passifs. Ce pays ne peut pas vivre d’élections. Il doit fonctionner de manière permanente aussi. Que les gens investissent et fassent fonctionner ce pays. L’État emploient combien de gens dans ce pays ! Il faut une asymétrie entre ces gens la. Le débat public concerne les questions de sociétés. Tantôt je suis tombé sur un communiqué du Conseil des ministres de 2022. Le président invitait les ministres au mode fast track..Ce sont des choses qui intéressent populations. Mais aussi il faut suivre et surveiller et faire du monitoring. Il faut changer de culture et que les débats soient à ce niveau. La presse a l’habitude de surdimensionner le débat politique. C’est trop facile. Vous avez un rôle de conscientisation des masses. De même il faut juger de l’utilité réelle des certains sujets. Mais la presse en ligne surtout joue le rôle de relais. Mais il faut verifier et interpeler les auteurs. Mesurer surtout car cela risque d’être de la communication. La discussion doit servir à quelque chose. Une affaire de groupement d’intérêts personnels. Cela ne m’intéresse pas. Car cela ne fait pas avancer les choses.
Alors sur la 3ieme candidature la tension est la. Que pensez-vous de cette problématique
Ca reviens parce qu’ on ne traite jamais les questions de fond dans ce pays. Cela va revenir tout le temps dans ce pays. On élit un monarque mais pas un président. Les questions de fond abordées avec les assises nationales à la veille de 2012 on a tout occulté. Les reformes sont aux oubliettes. Ce n’est pas une question juridique car je partage leurs avis. Une prétention illégitime, illégal et immoral. Car pour moi, il faut un respect de sa parole. On ne doit pas épiloguer et c’est clair. Il n’est jamais trop tard car la conscience du président va lui parler. Il existe un système clientéliste. On élit un monarque qui a tous les pouvoir et qui fait de ceux la des milliardaires. Tous ces gens qui parlent parle ne sont intéressés que par leur intérêts patrimoniaux. Si Macky part ils n’existeraient plus. C’est ça qui les motive mais on espère que sa conscience prendra le dessus. Les reformes en profondeurs aussi doivent aussi permettre des changements en profondeurs dans la domaine de la justice. C’est un détournement de pourvoir surtout que nos dirigeants prêtent sermon pour défendre et servir les intérêts des citoyens. Mais on nomme une personne sans savoir ses compétences c’est dangereux. La méritocratie doit être mise en avant. On a peur d’avoir un président qui ne veut pas scier la balance sur laquelle il est assis. Ce n’est pas facile. Il faut évoluer. On en a marre de A et on met B. Alors il y a des questions fondamentales et cela risque d’être la même chose. Le messie n’existe pas. On n’a pas besoin de quelqu’un qui donne le pouvoir.
Au-delà des problèmes l’éthique est importante aussi. Comment dans une société on vit cela ?
L’éthique est incontournable. Lors d’un conseil ministre il est écrit : « Le chef de l’État a demandé au Pm de prendre toutes les dispositions nécessaire pour assurer la poursuite de la qualité dans tous les secteurs en faisant respecter les règles de déontologie qui encadrent exercice de la profession de la fonction publique. Avec l’objectif de finaliser le code du service public en veillant sur des principes de discrétion professionnelle (extrait conseil des ministres ) » Il aborde le sujet sous l’angle de la discrétion. Mais ce n’est pas une question de discrétion c’est par rapport à l’éthique du service public vis-à-vis aux usagers. Donc c’est ça. Il y a 7 à 8 ans sous initiative de Maguette Wade du patronat. Jai été copte dans une équipe de consulat pour lutter contre la corruption. On avait fait un travail et on a formé des déontologues. Aujourd’hui il faut des interlocuteurs sur l’éthique et la déontologie dans les services publics. Des agents ne savent pas que ce code existe. Le mal est grave et on a patrimonialisé l’administration. Beaucoup de fonctionnaire avec une once de pouvoir patrimonialise cet espace. L’administration est une question centrale. Dans un pays ou les fonctionnaires sont des milliardaires !!!.
Est-ce que Me Mame Adama sera candidat ?
Non ! Moi c’est fini la politique et j’ai décidé de me retirer. Je reste un citoyen actif et c’est fini car la politique ce n’est pas fait pour moi.
Êtes-vous déçus
Non. J’ai fait 25 ans d’engagement. Vous avez vu ce que cela a donné. Aujourd’hui il y a la naissance de la conscience citoyenne , gouvernance participative…mais tout cela c’est la contribution du forum civil. Les marchés publics et donc on n’a fait beaucoup de choses et ce n’est pas vain du tout. Bien entendu j’ai eu à penser que je pouvais le faire sur le champ politique mais je me suis rendu compte que je n’avait pas le profil et je refuse de me soumettre à des exigences . Je l’ai dit en 2007 à Pape Ale. Si la politique doit me changer j’abandonne la politique. C’est ce que j’ai fais aujourd’hui pour obtenir des résultats. Il y a des choses à faire et je ne suis pas prêt à le faire. Et je rends grâce à dieu et j’ai fait un voyage et je me suis retiré de la vie politique. Vous êtes la à chercher des informations et de se faire inviter. Mais j’ai trouvé cette équilibre. Maintenant c’est Travail, famille et vie citoyenne. Mais candidat, non.
Le Sénégal est à l’ère du pétrole et du gaz ? Votre point de vue
Des dispositifs sont mis en place. J’entends des critiques simplistes. Restons vigilants mais pas d’accusations à la légère. Des choses sont en place mais voilà que tout le monde doit surveiller cette dynamique. De la monitorer. Je travaille sur la mise en place des acteurs pour une plate-forme économique. Il faut des observatoires sur des politiques publiques. Signaler les dérives et refuser la manipulation. Car un ignorant est manipulable. Il ne faut pas penser qu’avec ce pétrole tout sera ok. Mais surtout s mobiliser sur la chaines de valeur. Que les opérateurs se mettent en position et saisir les opportunités qui seront offertes.
MOMAR CISSE