La plus haute juridiction de l’île Maurice a dépénalisé les relations sexuelles entre personnes homosexuelles, en déclarant comme non conforme à la Constitution une loi datant de l’époque coloniale britannique.
Cette décision historique a aussitôt été saluée par la communauté LGBTQ de cette île touristique de l’océan Indien, connue pour sa tolérance et qui avait déjà dans le passé accueilli des événements homosexuels. Mais jusqu’à présent, une loi datant de 1898 punissait toute personne coupable de sodomie d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Cet article du code pénal « n’a pas été introduit à Maurice pour refléter les valeurs mauriciennes mais est l’héritage de notre histoire coloniale avec la Grande-Bretagne », ont déclaré mercredi deux juges de la Cour suprême. « Nous déclarons en conséquence que l’article 250 (qui punissait les relations homosexuelles) est inconstitutionnel », ont-ils ajouté. Un recours en justice avait été introduit par la communauté gay, qui estimait que la loi bafouait les droits fondamentaux.
La décision de la Cour suprême a été saluée par les mouvements des droits de l’Homme ainsi que par l’ONUSIDA, l’agence des Nations unies chargée de la lutte contre le VIH/sida, qui ont souligné que cela allait contribuer à sauver des vies. Mais du travail reste à faire pour lutter contre la stigmatisation de la communauté LGBTQ, selon elle. Plusieurs religions coexistent à Maurice : environ la moitié des 1,3 million d’habitants sont hindous, un peu moins d’un tiers sont chrétiens et le reste sont musulmans.
Cette décision intervient au moment où une vague de répression contre les homosexuels s’abat sur plusieurs pays d’Afrique de l’Est, souvent encouragée par des conservateurs musulmans et chrétiens.
En Ouganda par exemple, pays à majorité chrétienne conservatrice, le président Yoweri Museveni a promulgué en mai une loi antihomosexualité qui prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la « promotion » de l’homosexualité.
Le crime d' »homosexualité aggravée » est passible de la peine de mort, sentence qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda. Cette loi, parmi les plus répressives au monde, a suscité l’indignation des Nations unies, des groupes de défense des droits humains et de nombreux pays occidentaux.