Métisse africaine, Mary Jo, votre invitée people du jour, est une plurielle dans une singulière. Vraie patchwork culturelle, la chanteuse est un composite de plusieurs nationalités africaines. De là sa particularité certes, mais aussi son aisance à exprimer l’émotion qu’est la sienne d’être une artiste du mix. Amoureuse de l’amour, elle en fait son thème mignon qui, tel un leitmotiv, meuble sa muse pour voiser au monde. Fille du sérail, elle tient de sa maman, son ascendance vocale, celle de la grande Berouard du Kassav de qui elle a le patronyme et de son papa la rigueur dans le travail. Femme d’expérience, elle sait victoiriser les échecs pour atteindre de graal qui blufferont. Elle le promet et nous la prenons à sa voix qui d’or rossignol.
PRESENTEZ-VOUS A NOS LECTEURS !
Je me prénomme Tossou Ahou Marie Jocelyne à l’état, et Mary Jo de nom d’artiste. Je suis chanteuse Ivoiro-togolaise-béninoise et ghanéenne. Un bon mix de L’Afrique (rire).
VOUS ÊTES ISSUE D’UNE FAMILLE DE MUSICIENS ET DE CHANTEURS, LE CHANT, ETAIT-CE UNE ÉVIDENCE ?
Plus qu’une évidence même je dirais ! Faut savoir que ma mère m’a donné le prénom Jocelyne à cause de sa chanteuse préférée JOCELYNE Beroard du groupe Kassav. Et donc comprenez que ce nom a agi sur moi car dès que j’ai su parler, c’était la chanson et jusqu’à aujourd’hui, c’est la chanson. Ma mère m’a comme prédestinée à ça.
QU’EST-CE QUE CELA FAIT D’INTÉGRER UN ORCHESTRE AU COTE DE GRANDS ARTISTES TELS QUE MOISE ATTA, BEBI PHILLIP, KEESE KOFFO… ?
C’est très stressant (rire). Pour être sérieuse, je dirais que ça met beaucoup de pression, on a envie de se surpasser pour montrer qu’on mérite d’être là. C’est en quelque sorte un challenge permanent, et ça, ça aide beaucoup, on évolue sans s’en rendre compte, on progresse.
VOUS FAITES DANS PLUSIEURS GENRES MUSICAUX, COMMENT AVEZ-VOUS TRAVAILLE VOTRE VOIX ?
Honnêtement, je ne la travaillais pas ma voix, je contrôlais juste mon alimentation avant chaque scène. Mais j’ai eu une extinction de voix dans le courant des années 2010 et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à avoir une routine gargarisme, faire des exercices vocaux sous la douche pour l’humidité qui dégaine mes voix, respirer et favoriser les montées sans être inquiète de me faire mal aux cordes vocales à cause du vent. Je me repose beaucoup aussi, c’est très important dans le processus d’entretien de la voix.
EST-CE A DIRE QUE CELA A TOUJOURS ÉTÉ FACILE POUR VOUS MARY JO ?
Oohhh lala pas du tout ! Ça n’a pas été facile pour moi. C’est vrai, j’ai eu la chance d’être vite en contact avec la musique de façon professionnelle, mais j’avais besoin de travailler ce talent et à ce effet, j’ai eu des formateurs très strictes (elle cite : « mon père Freddy Assogba arrangeur, Thomas ola, feu Pépito, ancien batteur du groupe Magic Systèm, Anderson, bassiste actuel du groupe Magic System). Ces pères-là n’ont pas hésité à nous laisser sans manger une journée entière juste pour nous apprendre et laisser assimiler des morceaux. Des exemples pour montrer combien de fois ça a été dur, il y en a tellement. Mais bon je vais m’arrêter là ! Mais juste dire qu’on peut avoir du talent, être prédestiné à
quelque chose, mais sans travail acharné, on n’y arrivera pas.
COMMENT DEFINISSEZ-VOUS VOTRE STYLE MUSICAL ?
Comme une variété. Je fais de la musique urbaine mais je mélange les rythmes entre eux pour donner une couleur nouvelle. Par exemple, pour produire un son, je peux utiliser un fond de musique mbalax et des couleurs d’instrument coupé décalé et enfin ajouter une touche de samba. C’est un peu ça. Ma variété de recherche.
VOUS AVEZ PARTICIPE AU SHOW TELEVISE THE VOICE AFRIQUE FRANCOPHONE. QU’EST CE QUI A CHANGE DEPUIS ET QU’EN AVEZ-VOUS TIRE ?
Tout a changé. Ma conception de la musique, ma conception de moi-même en tant que chanteuse. The Voice a été pour moi l’expérience qui m’a fait avoir confiance en moi, en mon talent, en toutes ces années d’apprentissage. Et qui surtout m’a fait aussi comprendre que c’est le moment de faire entendre ma voix. Je n’ai peut-être pas remporté ce concours, mais pour moi, je suis plus que gagnante, car j’ai tout surpassé, mes peurs, mon manque de confiance, tout ! The Voice a modelé la chanteuse que je suis aujourd’hui. J’en ai tiré une grande leçon de vie et d’apprentissage. De toute façon, on ne finit jamais d’apprendre (dit-elle de façon amusée).
LE THÈME DE L’AMOUR REVIENT SOUVENT DANS VOS CHANSONS, UNE RAISON PARTICULIÈRE ?
L’amour pour moi devrait être le sujet qu’on aborde au quotidien, qu’on apprend à tous parce que si l’amour véritable tient ce monde, il serait meilleur. L’amour c’est la vie pour moi, le partage, l’amour c’est tout. Juste pour ça, aucune de mes chansons ne s’éloignera vraiment de ce thème parce que je respire l’amour.
VOUS AVEZ A VOTRE ACTIF 4 SINGLE, UN PROJET D’ALBUM ?
Oui bien sûr. Je suis d’ailleurs en train de préparer mon premier album. Petite info : les 4 premiers singles font partie de cet album, mais j’avais opté pour une forme de communication différente. Je vais bientôt proposer l’album qui aura 10 titres (inshallah) dont les 4 premiers que vous connaissez déjà. Ce qui veut dire qu’il y aura sur mon premier album 6 titres inédits.
COMMENT VOYEZ-VOUS LA GENT FEMININE DANS LE MILIEU MUSICAL ?
Elle n’est pas très mise en valeur je trouve. Il y a beaucoup de préjugés, mais elles sont vaillantes, battantes et c’est de vraies lionnes pour faire entendre leur voix, leur musique dans ce milieu où les acteurs veulent à tout prix qu’elles mettent leur corps à profit pour avancer. Mais je suis sûre que les mentalités évoluent au fur et à mesure et donc les choses s’amélioreront. Par contre, beaucoup d’entraide entre elles serait la bienvenue.
QUID DU HARCÈLEMENT MÂLE ?
C’est triste d’être en 2023 et de parler encore de harcèlement. Mais je dirai qu’il y a beaucoup de changement. Le talent véritable se fait entendre de plus en plus et prévaut sur tout. Mais il reste beaucoup à faire. Pour ma part, je n’ai pas encore été victime de ça dans le milieu, mais je ne dirai pas que c’est terminé, ça existe toujours. Tout est éveil de conscience, changement de mentalité.
UN PETIT TOUR AU SENEGAL, VOUS Y PENSEZ ?
Ahhhh mais le Sénégal, c’est devenu un peu ma maison j’y suis déjà venue 3 fois. J’ai composé mes chansons TOUCHER ET LA COLLE DE L’AMOUR au
Sénégal. J’y étais récemment début janvier et j’ai fait des émissions télé et radio. Je présente au passage mes condoléances encore à toutes les familles des victimes de ce terrible accident à Kaffrine. En plus, toujours avec mon arrangeur Tché on the beat <<Akatche >> nous sommes en train de préparer d’autres chansons sur l’album, donc je reviendrai très bientôt au Sénégal c’est sûr.
ANNA THIAW