La rupture : un mot que Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait ne cesse de chanter. A 100 jours à la dette du pays, des analystes ont posé le diagnostic en vue de s’intéresser à sa démarche. Mais pour Mamadou Sy Albert, il ne fait pas tomber dans le piège. »
« La rupture politique est un choix d’orientation stratégique et de gouvernance contraire ou opposée à ce qui existe déjà depuis un temps déterminé. Elle est pensée, élaborée et conduite par un groupe d’acteurs soudés par une volonté commune de changer le fonctionnement du pouvoir étatique et de prendre en charge de manière effective la gestion des affaires publiques » a défini Mamadou Sy Albert analyste politique. Ce dernier s’est penché sur la rupture tant chantée par Diomaye Faye et son gouvernement avec à sa tête Ousmane Sonko.
En effet, les trois premiers mois de l’exercice du pouvoir cristallisent la nécessité d’une meilleure compréhension de la rupture politique institutionnelle, sectorielle et d’une communication à la hauteur des ambitions déclinées par la feuille route présidentielle et des attentes des populations, en particulier, les besoins réels du Sénégal, des travailleurs, des jeunes et des femmes.
A en croire l’analyste, cette rupture politique est précisément « un projet de société, une vision et une démarche de conduite de l’Etat et ses démembrements. Croire que la rupture est un exercice mécanique de changement des hommes et femmes au pouvoir relève du changement utopique, des illusions et de l’imaginaire. » Il ajoute que « le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son pouvoir doivent se méfier d’une compréhension étroite de la rupture et des conclusions hâtives.
La rupture n’est point le changement du personnel politique et administratif au sommet de l’Etat. La première et la seconde alternance survenue respectivement en 2000 et en 2012 devraient servir de leçons. Les deux précédents changements de régimes ont échoué ». Il a rappelé qu’en lieu et place, fut la mal gouvernance et ses effets désastreux soulignant que le changement du personnel n’a produit, ni la rupture avec les défaillances structurelles du pouvoir antérieur ni avec la prise en charge des véritables préoccupations des sénégalais et du développement endogène.
Dans le même ordre d’idée, Mamadou Sy Albert a estimé que la rupture est un processus politique complexe par ses enjeux multiples et les conflits d’intérêt au cœur de la société sénégalaise et de la gouvernance. Elle est à envisager dans le court, moyen et long terme à travers une orientation stratégique et une planification rigoureuse des politiques publiques au service des populations. Elle n’est pas au service de groupes privés. « La majorité politique doit éviter de tomber dans les pièges des raccourcis, des polémiques stériles et contre productives. Le changement du personnel politique n’est au mieux que le début d’un long cheminement d’une gouvernance de rupture se mettant en place. La réussite dépend de la maîtrise des aléas politiques et le maintien du cap des orientations pour les transformations sociales, culturelles et économiques », a-t-il renchérit.
MOMAR CISSE