Mamadou Djiggo, Dg de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat), a exprimé ses préoccupations suite aux violences survenues. Il a mis en garde les autorités car il est d’avis que « des gens guettent la moindre tension pour semer le chaos dans ce pays. »
L’aménagement du territoire. Faites-nous un état des lieux ?
Il faut savoir que l’aménagement est une organisation spéciale et une sorte de répartition intelligente des objets dont les infrastructures et des données démographiques. Le Sénégal a eu des difficultés en ce sens juste après les indépendances, faute de plan.. Donc il faut des projections et ce plan de 77 à 97 n’était pas mis en œuvre. Ce qu’a compris Macky Sall. En 2012, il a compris qu’il fallait un autre plan d’aménagements du territoire. Chose faite, les Sénégalais demandaient une autre capitale. Dakar était saturée. Il fallait juste créer dix autres métropoles d’équilibres et qui sont des capitales dont une dizaine.
Avec les réalisations, vous verrez des hôpitaux dans quelques régions. Donc il faut un équilibre. Vous avez vu la cartographie de la répartition des infrastructures judiciaires aussi. Je peux affirmer que nous avons l’équilibre car les réalisations des infrastructures économiques et l’emballage du territoire sont bien faits. Le maillage est bien fait.. L’infrastructure routière a aussi montré que ce pays est désenclavé. Un plan national a été validé en janvier 2020 avec une loi qui l’accompagne et de façon générale elle est respectée. Certes, il y a eu des déséquilibres. Car de 1960 à nos jours, il y a eu des avancées. Il n’y a pas eu une bonne connexion entre l’armature urbaine. Nous avons un diagonal de Dakar à Kidira et de nos jours, nous avons des autoroutes et ses infrastructures dignes de ce nom. Il y a une avancée extraordinaire.
Nous pensons souvent à l’occupation anarchique. Existe-t-il des efforts en ce sens ?
Oui, on avait conscience que la population allait augmenter. Les outils techniques que nous avions n’étaient pas idoines. Donc il fallait une loi qui intègre les zones inondables et à risques. Il nous fallait la cartographie diachronique. Le Sénégal, grâce aux outils, pourra identifier les pentes, les zones basses. Ce plan devait être accompagné d’une loi d’orientation pour montrer aux Sénégalais les zones inondables et les zones à risque. Mais cette loi n’avait pas vu le jour. Il y a aussi un visa de localisation et pour aider les gens afin qu’ils ne puissent plus habiter dans des zones inondables.
De ce plan peut-on attendre des solutions aux inondations avec l’Anacim qui annonce beaucoup de pluies ?
On a hérité d’une plaie qui se cicatrise, mais il faut du temps. Tout territoire qui a de l’eau est inondable, c’est le cas de Dakar. Avec l’absence de plan, les gens se sont installés dans des zones partout. On a identifié dans la région de Dakar des zones impropres à l’habitat. Vous voyez que les gens se sont installés dans les zones inondables non constructibles et il faut aussi moderniser. Ce n’est pas simple. Au Sénégal, votre voisin met devant chez lui du sable, ce qui peut créer des inondations. A Dakar l’infiltration n’est plus possible.
Alors pour Dakar c’est en marche avec ses pôles urbains…
Quand on mettait sur pied le plan décennal contre les inondations, on avait retenu un schéma directeur de l’aménagement de Dakar Thiès et Mbour. Macky avait vu juste car Dakar avait une seule centralité dont le Plateau avec Fann, Almadie etc. et la banlieue. Dans le centre commercial central, il y a un mouvement pendulaire. Des gens quittent chez eux, vont à la capitale et reviennent chez eux. Alors il fallait changer donc. Macky a dit par tous
les moyens qu’il fallait recréer des centralités pour faire de sorte que Dakar puisse continuer à aller en compétition avec d’autres métropoles, dont Abidjan, Accra, Paris etc. et donc il faut ces centralités conne Guédiawaye, Pikine et Keur Massar.
Des régions ne se retrouvent pas encore dans cet cartographie ?
Beaucoup de choses ont été faites. Il y a de quoi maintenir les jeunes sur place. Quand on regarde, on se rend compte que l’équivalent de la ville de Matam se déverse à Dakar dans le cadre de l’exode rural. Donc la formation est fondamentale et il faut des universités à Kaolack etc. On a eu 46 centres de formation. Par rapport à l’économie aussi il y a un programme en cours et en phase d’élaboration. Il y a des préalables dont la formation. Vous savez aujourd’hui on peut transformer des produits avec une micro industrie. Alors il faudra de grands groupes avec la technologie et une chaîne de froid pour que les sénégalais puissent transformer les produits.
Les gens avaient décrié Auchan au début. Mais on a autorisé Auchan à venir pour récupérer l’économie sénégalaise. Quand je vois des gens s’attaquer à ces groupes, ils ne comprennent pas. Quand on met en place des politiques, il faut de la géostratégie. Les boutiques de quartiers sont entre les mains des Guinéens. En Occident c’est le Chinois qui vous vend du poisson quand vous voulez faire du Ceebu Djeun. Notre marché intérieur et extérieur est entre les mains d’étrangers. Il faut recentrer l’économie, d’où le marché d’intérêt national.
Avec ce plan peut-on espérer une meilleure répartition des ressources ?
Oui de façon intelligente il y a une meilleure répartition des infrastructures. Nous avons des fruits en Casamance pour la transformation. Il faudra créer le bonheur collectif. Il faut penser à une répartition équitable de même que dans le domaine sanitaire. Les retombées seront partagées.
Les tensions ont récemment enflammé le pays, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je présente mes condoléances aux familles. Mais je constate que c’est malheureux car des gens sont dans des combats où ils ne comprennent rien. Le Sénégal est dans une convoitise à cause du gaz et du pétrole. Les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts. Le pays est devenu producteur, mais cette position géographique du pays change la donne. Ces Etats-là ont peur et ont envie que le pays sombre. C’est pourquoi quand on a des hommes politiques sans expérience, des gens qui ne comprennent rien aux actes posés, on aura des difficultés.
Le Sénégal est le seul pays qui a échappé à des guerres civiles. C’est pourquoi nous devons nous parler. D’où le sens de ce dialogue. Il y a des gens que nous devons sortir de la politique. Il faut être intelligent et patriote au vrai sens du terme. On me demande souvent pourquoi Macky doit gérer. Macky a réussi à faire le pont de la Sénégambie, avec une continuité territoriale du pays. Alors tous ceux qui avaient des rêves d’indépendance de la Casamance sont devenus des ennemis de Macky car c’est une paix définitive que nous sommes en train de vivre. Alors ce n’est pas le président qui a besoin du Sénégal. C’est le contraire. C’est le pays qui a besoin de lui par rapport à cette période transitoire. Des gens sans expérience dans beaucoup de domaines, viennent pour jeter le discrédit sur le pays. Comment un député en plein couvre-feu peut sortir de chez lui pour aller se faire masser dans un salon de beauté, c’est incompréhensible. S’il était franc, il aurait dû éviter à ce pays toute cette violence.
Pensez-vous à la dissolution de partis comme Pastef ?
Je suis démocrate. Je ne parle pas des partis mais des groupes qui parlent de la France dégage. On leur donne le micro et ils disent du n’importe quoi. Quand on s’attaque à l’université, aux banques, on cherche à détruire le pays. Un démocrate ne peut pas le faire ni un républicain. Ce sont les ennemis du Sénégal qui le font.