Mamadou ALBERT « Le départ de Taxawu de Yewwi est toutefois de l’ordre du politiquement possible »

Yewwi Askan Wi- Takhawu Sénégal.  Un tiraillement qui prend de l’ampleur. Deux entités qui se livrent à des réponses automatiques comme du berger à la bergère.  Pour Mamadou Sy Albert, analyste politique,  Khalifa est pris entre deux feux. Malgré qu’il existe une guerre larvée, son départ de Yewwi est du politiquement possible. 

Khalifa Sall, leader de Taxawu Sénégal participe au dialogue national initié par le Président de la République, Macky Sall. Ce choix « souverain » de Khalifa Ababacar Sall de prendre part au dialogue national suscite la polémique au sein de la Coalition Yewwi Askan Wi. Suffisant pour que la conférence des leaders publie un communiqué le menaçant de sanctions.

Pour l’analyste politique Mamadou Sy Albert, la divergence entre Taxawu Sénégal et Yewwi Askan WI a pris  désormais une nouvelle  tournure avec la menace brandie par les alliés de Yewwi. « La crainte d’un compromis ou d’une compromission avec le Chef de l’Etat cristallise une fracture latente  entre Taxawu et Yewwi. Evidemment, on est loin de l’explosion de la coalition la plus représentative de l’opposition. Loin s’en faut », a-t-il analysé. A l’en croire, le départ de Taxawu de Yewwi est toutefois de l’ordre du politiquement possible. La coalition Yewwi se veut l’incarnation de la troisième alternance et l’adversaire irréductible du Président sortant et sa majorité. Ainsi, entre les lignes d’une guerre larvée à travers  des communiqués de presse, des conférences des souteneurs et des leaders, la mésentente et les risques d’une séparation forcée ou à l’amiable n’est pas  à exclure. Khalifa  Ababacar Sall aura une marge étroite dans cette manœuvre le plaçant de manière consciente ou non entre deux feux de deux camps que tout opposera  au cours de l’année pré-électorale 2023. 

A cet effet, Yewwi écarte toute possibilité de collaboration avec le pouvoir. « En décidant d’ailleurs  de rejoindre la mouvance du mouvement des forces vives de la Nation F 24, la coalition Yewwi se démarque du dialogue national au profit du dialogue du peuple. Dans ces conditions marquées par des divergences profondes entre Yewwi et Benno Bokk Yaakar et son chef, comment Taxawu Sénégal et son leader pourraient à la fois participer à deux dialogues dont les objectifs sont contraires,  accepter les conclusions de deux dialogues antagonistes et mettre en œuvre des consensus inconciliables ? La réponse ne sera guère facile pour Khalifa Sall », argue Mamadou Sy Albert. Et de poursuivre : « Taxawu risque d’être piégé à la fin des dialogues et des confrontations en perspective.

Les partisans du Taxawu auront du mal à convaincre de la pertinence de cette double stratégique bien équivoque et quant à leur engagement pour une rupture avec la majorité présidentielle. Au mieux Taxawu Sénégal pourrait jouer à terme  la carte de la troisième voie entre Yewwi et Benno. Un exercice plus compliqué qu’on peut l’imaginer. » L’analyste souligne qu’au pire, Taxawu pourrait être politiquement  le grand perdant des dialogues et des manœuvres souterraines à quelques mois de la présidentielle de 2024. Car, « toute erreur d’appréciation dans les choix et les positionnements sera fatale à la candidature de Khalifa Ababacar Sall, l’espoir de Taxawu Sénégal, de pans entiers de la famille socialiste et des déçus du Parti Socialiste historique Senghorien. »