L’affaire Ndiaga Diouf sera vidée le 22 décembre prochain par la Cour suprême, saisie en cassation par l’ancien maire de Mermoz Sacré-Cœur. Condamné en première instance à deux ans de prison dont 6 mois ferme, Barthélémy Dias avait vu sa peine confirmée par la Cour d’appel de Dakar le 21 septembre 2022. Il sera définitivement fixé sur son sort dans ce dossier par la Cour suprême.
De l’issue de l’audience prévue le 22 décembre prochain, dépend l’avenir de l’actuel maire de Dakar qui pourrait perdre son mandat en cas de confirmation du verdict de la Cour d’appel. Barthélémy Dias perdrait alors la capacité juridique et l’autorité morale nécessaires à l’exercice de ses fonctions.
Ironie du sort, la date de l’audience de la Cour suprême coïncide avec le 13e anniversaire des événements qui ont eu pour théâtre la mairie de Mermoz, le…22 décembre 2011. Ce jour, un groupe de nervis à bord de pickups pavoisaient aux abords de la mairie de Mermoz Sacré-Cœur, alors dirigée par l’ancien patron des jeunesses socialistes. Le maître des lieux qui était sorti pour faire face aux visiteurs, avait tiré quelques coups de feu. «Des tirs de sommation, dans le cadre d’une légitime défense», se défendait M. Dias, mis en cause dans la mort par arme à feu d’un des assaillants du nom de Ndiaga Diouf. Arrêté et mis en prison dans le cadre de cette affaire, Barthélémy Dias bénéficiera d’une liberté provisoire en mai 2012, quelques semaines seulement après la prestation de serment du nouveau président de la République, Macky Sall qui, au second tour de la présidentielle, avait bénéficié du soutien du Parti socialiste.
Avec des relents politiques, cette tournure de l’affaire n’avait pas manqué de susciter inquiétudes et indignations chez les défenseurs des droits de l’homme. Elles seront sans effet : inscrit en bonne place sur la liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), Barthélémy Dias sera élu député à l’issu du scrutin législatif de juillet 2012. Pour autant le chapitre Ndiaga Diouf n’était pas définitivement fermé. Dépoussiéré ou soigneusement rangé dans les tiroirs, le dossier semble obéir aux humeurs politiques de la majorité au pouvoir. Aujourd’hui, sa fin judiciaire a sans doute sonné. Car, sauf renvoi de dernière minute, il sera vidé le vendredi 22 décembre prochain. Deux scénarios se présentent à Dias fils : une infirmation ou une confirmation de l’arrêt de la Cour d’appel.
Et, en cas de confirmation, Barthélémy Dias suivra sans doute les pas de son mentor et lointain prédécesseur à la Mairie de Dakar, Khalifa Sall. Lequel avait été révoqué de ses fonctions de maire de la capitale sénégalaise, en août 2018 (décret 2018-1701 du 31 août 2018), au lendemain de sa condamnation en appel à cinq ans de prison ferme. Aussi, si la jurisprudence Khalifa Sall devrait lui être appliquée, Barthélémy Dias sera remplacé à la tête de la Mairie par sa première adjointe, Mme Ngoné Mbengue, militante de la coalition ‘’Taxawu Senegaal’’, promue le 9 août dernier à la place du coordonnateur du Pastef à Dakar, l’honorable député Abass Fall. A l’instar de Mme Soham Wardini qui avait remplacé Khalifa Sall, Ngoné Mbengue devra alors assurer l’intérim de Barthélémy Dias jusqu’aux prochaines élections territoriales.
Elhadji Mansor Ndiaye