En ces périodes où la violence commence sérieusement à se généraliser, les citoyens ainsi que les forces de défense et de sécurité sont constamment menacés, notamment en ce qui concerne leur intégrité physique.
C’est pourquoi, à mon avis les autorités policières et militaires responsables du maintien de l’ordre doivent s’efforcer davantage à communiquer sur les mesures disciplinaires prises sur certains actes isolés de traitement inappropriés d’individus interpellés et même les circonstances de certains cas de décès.
Je sais d’expérience que des sanctions sont prises dans de pareils cas, à chaque fois qu’une responsabilité personnelle est engagée. Et c’est d’ailleurs ce qui dédouane l’autorité susvisée de ses supérieurs ainsi qu’aux yeux de l’opinion nationale et internationale.
Parce que le citoyen ignore la réalité et pense à tort ou à raison que ces actes sont cautionnés au sein de la police, de la gendarmerie ou penser qu’il s’agit d’une violence systématique.
Et cela expose malheureusement le personnel et leurs familles à d’éventuelles représailles portant atteinte à leur intégrité physique.
Le ministre de l’intérieur qui est une autorité politique dont la posture fait souvent objet de controverses ne devrait pas être seul à communiquer dans pareils cas.
Les Sénégalais doivent comprendre qu’un policier ou un gendarme sur le terrain n’est qu’un agent d’exécution qui sert loyalement sa patrie, sans possibilité de remise en cause des ordres. S’ils reçoivent l’ordre d’agir, il mettront en œuvre l’instruction reçue. J’en sais quelque chose et c’est à juste raison.
En effet, la loi 70-023 du 06 juin 1970 portant organisation de la défense nationale et son instruction d’application précise qu’au maintien de l’ordre les forces de l’ordre sont requises par l’autorité administrative …….. et la loi prévoit des cas où l’usage de la force est obligatoirement mentionnée sur la réquisition.
Et un commandant de la force publique qui s’abstiendrait de faire agir la force publique sous ses ordres est puni par la loi (article 205 du code pénal).
Il serait donc injuste de vouloir faire payer à un agent sur le terrain les dérives de l’autorité politique ou des conséquences des décisions judiciaires. Aussi, ne pas confondre les forces de l’ordre et certains individus irresponsables qui crient à tort et à travers que force reste à la loi alors qu’ils sont installés confortablement dans leurs salons.
Surtout éviter de jeter du cocktail Molotov sur un homme en équipement au maintien de l’ordre, cela pourrait attenter à la vie d’un père de famille, d’un citoyen qui s’est engagé exclusivement à servir son pays.
Nous devons protéger notre Police et la gendarmerie de la contagion politique parce que c’est tout ce qui nous reste aujourd’hui.
Personnellement, tout ce que je vous apprends aujourd’hui, je l’ai appris au sein de la gendarmerie et grâce mes formateurs et camarades, donc meilleur que moi, qui y sont encore. C’est pour vous dire la chance que nous avons d’avoir une ressource humaine de qualité au sein des forces de défense et de sécurité en dehors de toute considération éthique, politique et géographique.
* Le surtitre et le titre sont de la rédaction
Seydina Oumar TOURÉ (ex-capitaine de la gendarmerie nationale)
30 mai 2023