La journée mondiale de lutte contre le paludisme a été célébrée samedi à Diourbel sous le thème : « Il est temps d’atteindre zéro palu: investir, innover, mettre en œuvre ». Les acteurs ont fait le plaidoyer pour atteindre zéro cas de paludisme.
Le Gouverneur de la région de Diourbel, Ibrahima Fall a présidé la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Selon lui, dans leur région au niveau de tous les districts, 1 216 033 moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) ont été distribuées gratuitement aux populations pendant la campagne de masse en 2022. » Dans la distribution de routine 36 650 moustiquaires ont été distribuées dont 7 355 aux femmes enceintes et 1 552 aux enfants de moins de 5 ans et cette distribution continue dans les activités de routine », dit-il.
Et de poursuivre : »Concernant les Aspersions Intra domiciliaires (AID) dans les Daaras du district de Touba, en 2021, 1845 sur 1857 Daaras ont été couverts, 13 202 pièces aspergées et 27 483 personnes protégées, soit un taux de couverture de 99%« . Il renseigne que la chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) a commencé à partir de 2019 dans les postes de santé à incidence supérieure à 10 %% (10 pour mille habitants) avec 27 postes de santé à Touba et 16 à Diourbel. « Les taux de couverture obtenus pendant la CPS en 2022 sont de 97% à Touba et de 93% à Diourbel », fait-il savoir.
A l’en croire, le district sanitaire de Mbacké bénéficie de toutes les catégories d’interventions. Celui de Bambey, depuis plus de 5 ans, est en pré- élimination, ce qui veut dire qu’il a une incidence inférieure à 5 %. » Ces résultats forts intéressants sont l’œuvre de l’ensemble des acteurs qui portent la politique nationale de santé et d’action sociale », estime-t-il. De son avis, devant le poids persistant du paludisme dans le monde en général et en Afrique en particulier, la situation épidémiologique de notre pays le Sénégal laisse apparaître, de 2017 à 2021, une baisse significative de la morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, respectivement de 26,3% et de 51,1%. « Le défi majeur de notre pays reste, aujourd’hui plus que jamais.
L’élimination du paludisme à l’horizon 2030 avec le soutien de nos partenaires. En cela, les recommandations de l’OMS, de Roll Back Malaria et la disponibilité de nos autres partenaires rencontrent la pleine volonté du Chef de l’Etat », dit-il. Revenant sur le thème, le gouverneur indique qu’il souligne la nécessité d’actions urgentes.
« Des efforts ont été faits, mais il y a des défis à relever », selon l’OMS
Pour le chef de bureau pays de l’organisation mondiale de la santé (OMS), Vincent Sodjinou, le paludisme demeure la première cause de consultation, d’hospitalisation et de décès dans de nombreux pays. « Les conséquences sociales constituent un fardeau et l’élimination de la maladie demeure une urgence pour sauver des vies. Nous devons donc réinventer, innover dans nos approches de prévention et de réponse, mobiliser et investir les ressources nécessaires pour mettre en œuvre les interventions à impact prouvé sur la maladie », dit-il. En délivrant le message de la directrice régionale de I’OMS pour la Région africaine de l’OMS, le Dr Matshidiso Moeti, il laisse entendre que le paludisme est un ennemi tenace de la santé publique. « En 2021, cette maladie a tué 619 000 personnes, dont environ 96 % vivaient en Afrique. Le paludisme est six à 20 fois plus susceptible de se propager dans les environnements exposés aux moustiques que le variant Omicron du SARS-CoV-2″, fait-il savoir. Et d’ajouter:
«Les efforts concertés donnent des résultats positifs. En 2021, grâce aux mesures prises conjointement par les pays touchés et par les partenaires, la mortalité liée au paludisme a baissé par rapport à 2020, malgré les effets néfastes de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). En outre, plus de 1,6 milliard de cas de paludisme et 11 millions de décès dus à cette maladie ont été évités dans la Région africaine de l’OMS entre 2000 et 2021. Dans l’ensemble, en ce qui concerne la réduction de l’incidence du paludisme, huit pays (à savoir l’Afrique du Sud, Cabo Verde, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Mauritanie, le Rwanda et le Zimbabwe) sont sur la bonne voie pour atteindre la cible fixée pour 2025 dans la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme. Mais 15 pays ont obtenu une réduction insuffisante alors que 20 pays ont connu une stagnation ou une augmentation du nombre de cas.
Dix pays ont enregistré une hausse de la mortalité liée au paludisme. Le rythme des progrès doit être accéléré si nous voulons atteindre les objectifs fixés pour 2025 et pour 2030″. En ce sens, il regrette le fait que les décès dus au paludisme restent à un niveau inacceptable et que le nombre de cas reste en augmentation depuis 2015. « A elle seule, la Région africaine de l’OMS a enregistré 234 millions de cas de paludisme et 593 000 décès dus à cette maladie en 2021, selon les estimations, ce qui signifie que notre Région supporte la plus lourde charge de morbidité et de mortalité palustres, avec plus de 95 % des cas et 96 % des décès notifiés dans le monde. Près de 30 % des personnes vivant dans la plupart des pays africains n’ont pas accès aux services de santé essentiels et la majorité des populations sont confrontées à des dépenses de santé trop élevées pour être acceptables », se désole-t-il. A l’en croire, en 2021, les pays d’endémie et leurs partenaires n’ont mobilisé que 50 % des financements nécessaires pour rester sur la bonne voie qui leur permettra de vaincre le paludisme. Ainsi, il appelle aux Etats membres pour qu’ils maintiennent le paludisme parmi les priorités de leurs programmes d’action sanitaire au moment où ils allouent des ressources à la santé. « Au Sénégal, les progrès dans la lutte contre le paludisme ont été faits. » En effet, la prévalence parasitaire est passée de 1,2 % en 2014 à 0,4% en 2017. Malgré un rebond enregistré ces deux dernières années, l’évolution des indicateurs de morbidité et de mortalité est globalement satisfaisante dans la période 2016-2019. L’incidence du paludisme a baissé de 8 % entre 2018 et 2021. Le taux de mortalité pour 100 000 habitants est passé de 3,5 à 2,3 soit une réduction de 35 %. On note une réduction appréciable de la mortalité palustre avec une baisse de 28 % du nombre de décès liés au paludisme dans la population générale. Les taux de réalisation des tests ont atteint des performances supérieures à 99 % et la dispensation des ACT est à 97 % au niveau des structures sanitaires et au niveau communautaire. La troisième dose de Traitement Préventif Intermittent chez les femmes enceinte est passée de 45 % en 2015 à 64,8 % en 2021″, dit-il.
Et de regretter: «Cependant, malgré la baisse importante du nombre de cas observée sur toute l’étendue du territoire, des régions comme Kolda, Tambacounda et Kédougou continuent de porter le fardeau du paludisme et méritent une attention particulière. Devant cette situation, il faut renforcer les actions envers les groupes à risques, basées sur la micro- stratification et une meilleure analyse pour guider les interventions dans l’innovation », préconise-t-il. Il invite à relever les défis comme la réduction continue de l’incidence, du maintien de la surveillance régulière de la sensibilité des vecteurs aux insecticides, de la sensibilité des parasites aux médicaments antipaludiques, le contrôle du paludisme dans les zones Sud et Est du pays, le renforcement du secteur privé, l’intensification de la lutte transfrontalière et l’amélioration de la qualité des données à travers le DHIS2.
NGOYA NDIAYE