Nous la craignions beaucoup. Elle est là, bien présente. Nous y voilà. La campagne électorale débutée il y a moins d’une semaine est émaillée partout dans le pays d’actes de violence graves.
Des sénégalais sont blessés par leurs concitoyens parfois à l’arme blanche. Et même s’il n’y a pas encore de morts, la situation reste particulièrement préoccupante. De Dakar à Kaolack en passant par Mbour et jusqu’au Nord du pays, c’est l’argument des biceps. Des actes de violence qui semblent être aujourd’hui des arguments de campagne. Bien sûr, les procureurs entrent en action mais le mal est déjà et tout indique que la violence ira crescendo.
Celle-ci s’explique par plusieurs facteurs dont le premier est l’absence de formation des militants et cadres, le pilotage informel des mouvements et des partis, le règne de l’argent et de la corruption et l’incitation de certains leaders qui sont toujours dans la violence morale par les invectives, les injures, les récriminations, etc. Le climat était déjà délétère depuis longtemps. Et la charte de non-violence qui était agitée n’a pas manifestement aidé à désamorcer une bombe qui était là. Ce qui est grave dans les violences, ce sont les justificatifs avancés par chaque leader pour essayer de disculper ses proches. C’est toujours l’autre camp qui est responsable alors que nous savons tous que le diable rode partout.
C’est dire que nous avons raté tous nos efforts de prévention en la matière. Les marabouts, la société civile, la presse, tout ce beau monde a tenté d’obvier ce qui allait inéluctablement advenir. Donc, il ne reste que la répression. Il est important en effet que les forces de défense et de sécurité prennent toutes leurs responsabilités et s’évertuent à traquer et â arrêter tous les auteurs de violence. Pour qu’une telle détermination soit payante, il faudrait qu’il y ait égalité de tous devant la loi et qu’il n’y ait pas de discrimination. Car, pour l’homme politique, c’est toujours l’adversaire qui est coupable. Et dans cette hargne pour vaincre et subjuguer, seul un parfait professionnalisme des hommes de loi peut aider à relever le défi.
Car, il est dommage d’attendre qu’il y ait vraiment mort d’homme pour agir. Nous avons fini de faire de l’engagement en politique une sorte de sacerdoce qui garantit le succès. Se faisant la politique a attiré tous les fainéants et manipulateurs de la République. S’il faut y ajouter tous les violents et agressifs, le cocktail ne peut être qu’explosif.
Et plus on s’acheminera vers la fin de la campagne, plus il y aura de tension et de violence. Mais si les arrestations et emprisonnements suivent le même rythme, on pourra sauver ceux qui ont décidé de faire de la politique d’une façon acceptable, c’est à dire avec civilité et responsabilité.