Le nombre des listes rejetées lors de ces investitures en perspective des locales, est effarant. A Kaolack, Mbour, Dakar et un peu partout dans le pays, les coalitions, notamment de l’opposition, souffrent de ce phénomène qui a été diversement interprété par les états-majors politiques, quant aux causes qui l’expliquent.
Certains rejettent la responsabilité sur le pouvoir et son leader, Macky Sall, notamment, sur les réseaux sociaux, d’autres estiment que c’est l’amateurisme des leaders de l’opposition qui a conduit à cette situation. Les premiers pointent du doigt une administration complaisante envers le pouvoir et même complice. Les leaders de Yewwi qui se sont réunis en conférence de presse, restent convaincus qu’il s’agit de manœuvres destinées à les affaiblir dans les localités concernées.
Du reste, cet argument ne saurait être totalement écarté, parce que la Cena, chargée de réguler tout le processus électoral, a sorti un communiqué pour s’insurger contre une décision prise par une autorité administrative de Dakar rejetant la liste de Defar sa gokh, au seul motif que ses couleurs seraient similaires à celles de Benno bokk yakaar.
A ce propos, la Commission électorale nationale autonome (Cena) est formelle : ‘’La Commission électorale nationale autonome (Cena) a été informée par ses démembrements de décisions prises par des autorités administratives de notifier à la coalition DEFAR SA GOKH le rejet de sa liste dans certaines circonscriptions électorales sur la base de couleurs et de symboles qui seraient comparables à ceux d’une autre coalition.
La Cena précise à l’endroit des autorités administratives que les motifs de rejet sont bien spécifiés dans le Code électoral (articles L.250 et L.285). Et cette énumération ne comporte aucun point relatif aux couleurs et symboles d’un parti, d’une coalition ou d’une entité indépendante.’’ Ce désaveu est cinglant et rend compte d’une interprétation fallacieuse des textes et d’un excès de zèle de la part d’autorités administratives qui, manifestement, n’ont pas respecté la déontologie administrative en matière d’impartialité et d’égalité des citoyens.
Toutefois, en dehors de ce cas de Dakar, il n’est pas encore clairement établi que d’autres autorités administratives ont fait preuve de ce même excès de zèle. En effet, il est aussi vrai que certaines listes regorgent de manquements qui expliquent la réticence des autorités administratives à les accepter.
Si la liste est incomplète, si elle ne respecte pas la parité ou si le mandataire a disparu, comme c’est la nouvelle tendance ou ne s’est pas présenté à temps, parce qu’il s’est trompé de lieu de dépôt, etc., la liste risque d’être rejetée. Et l’autorité administrative serait fondée à le faire.
Alors, il appartient à ceux qui s’estiment lésés, de faire constater la situation par huissier et de saisir la Cour d’appel pour vider le contentieux. C’est d’ailleurs ce que la plupart d’entre eux ont fait.
Alors, attendons tous que la Cour se décide et conformons-nous à ces différentes sentences qui seront motivées en droit. Mais, il est important de tirer toutes les leçons d’une pareille situation. Il ressort des observations qu’en réalité, beaucoup de mandataires ont été mal choisis ou choisis à la hâte. Ces derniers, souvent mal formés aux procédures électorales, ont causé beaucoup de tort aux partis et aux coalitions qui ont tout intérêt à former leurs plénipotentiaires à la chose électorale, plus complexe qu’on ne le croit.
D’ailleurs, il serait heureux que, dorénavant, le Ministère de l’Intérieur organise des séances de formation à l’endroit des plénipotentiaires des partis, aux charges de l’Etat, à la veille de chaque élection et que le débat soit porté en public pour une participation active des médias et du public.
Mieux, des réformes doivent être envisagées pour mettre à l’abri partis et coalitions contre l’incurie de certains mandataires qui, en réalité sont, soit manipulables, soit infiltrés.
En clair, si toutes les leçons sont tirées de ces Locales, les prochaines élections seront envisagées avec beaucoup plus de sérénité.
Assane Samb