En politique, toute question comporte son problème et porte avec elle son paradoxe. En ce qui concerne le parrainage, nous sommes au cœur du paradoxe qui pose la question suivante : jusqu’où peut-on aller dans l’octroi des droits fondamentaux des citoyens et comment les restreindre à priori ? C’est au nom de la loi et du peuple Sénégalais que l’Etat veut imposer la loi sur le parrainage, c’est aussi au nom de cette même loi et de ce même peuple que l’opposition la conteste et la rejette et veut son abrogation.
Le constat est que malgré la décision de la haute cour de justice de la CEDEAO, malgré les recommandations de la mission d’observation de l’Union Européenne (Moe-Ue) lors des dernières élections présidentielles, l’Etat maintien toujours sa décision d’imposer la loi sur le parrainage pour les élections législatives : c’est la loi.
Dans un processus électoral, accréditer des observateurs nationaux et internationaux, c’est pour, d’une part jouer la carte de la transparence, légitimer les élus, mais en même temps, pointer du doigt les manquements , s’appuyer sur les recommandations et améliorer le système électoral dans lequel l’on baigne. Appartenir à une organisation régionale comme la CEDEAO, c’est à priori, connaître ses modalités de fonctionnement et appliquer les décisions rendues par sa cour de justice : Les décisions rendues par la haute de cour de justice ont force obligatoire.
L’introduction de la loi sur le parrainage dans le système électoral a toujours été accueillie et regardée, par une partie de l’opposition et de la société civile, sous le filtre, de la violation du secret du vote, d’une entrave à la libre participation à une élection, du scepticisme, du doute, du blocage ; d’un canal permettant aux tenants du pouvoir de choisir leurs adversaires.
Vendu dans un contexte où, dans nos pays, la culture de l’évaluation est assez faible dans la sphère publique, le parrainage est une marchandise qui n’a jamais inspirée confiance. Testée pour la première fois lors des élections présidentielles de 2012, l’introduction de la loi sur le parrainage marquait un moment de rupture avec le cours normal des choses, un changement dans l’organisation du processus électoral. Au sortir des élections, en faire l’évaluation était devenu un enjeu fondamental, pour la consolidation des acquis démocratiques dans notre pays, une nécessité pour l’améliorer, en mesurer son efficacité et ses impacts, l’aider à gagner en perfection et en clarté, éviter de contrarier son élan, de le ruiner de l’intérieur et d’en saper les fondements. En un mot de l’aider à devenir une vérité dans le processus électoral.
La loi est toujours habile ; dans le cadre du parrainage, elle est un masque de force, qui au finish, sert à tenir pour légitime le candidat dont la liste n’a été parrainée par un citoyen. Avant l’instauration de la loi sur le parrainage, l’opposition abordait les élections avec plus ou moins de tranquillité, mais depuis son introduction, c’est toujours une source d’inquiétude chez certain candidat.
Aujourd’hui, il est évident qu’un Etat qui fait fi des recommandations de la Mission d’Observation de l’Union Européenne (MOE-UE), concernant la loi sur le parrainage, lors des dernières élections présidentielles de 2019 et des Décisions de la haute cours de justice de la CEDEAO ne fléchira pas sous la pression d’une opposition sénégalaise qu’il cherche à ‘’réduire à sa plus simple expression’’. C’est pourquoi nous pensons qu’au vu des expériences passées, boycotter une élection, c’est toujours passer à côté de l’essentiel et que la meilleure façon, pour cette opposition, de passer le barrage des parrainages c’est d’en comprendre les mécanismes et de les aborder avec sérénité. Nous savons tous, qu’une fois à l’assemblée, les députés de l’opposition vont essayer de se réunir autour de blocs pour former des groupes parlementaires afin de mutualiser leur force. Il s’agira, pour certaines grandes coalitions de l’opposition, en principe mieux équipées, de puiser dans leur socle électoral, pour les autres moins nantis, nous les exhortons à commencer cette mutualisation des forces et ce travail de synergie, dès maintenant, en allant ensemble à la chasse des parrains autour d’une base de données commune et faire le dispatching avant le dépôt des dossiers. Ceci passe impérativement par des réunions d’harmonisation et stratégies de déploiement bien planifiées sur le terrain et du sérieux dans le travail.