Entre combats et pandémie, Jaafar Ben Ali, vendeur tunisien de couvertures, est resté un an sans s’approvisionner en Libye voisine. Mais avec l’apaisement du conflit et la réouverture des frontières, il espère une reprise des échanges qui font vivre le sud de la Tunisie.
« De 2011 à 2016, la situation était acceptable. Après 2016 et l’attaque de Daesh, les opérations commerciales entre la Tunisie et la Libye sont devenues difficiles. On ne trouvait pas de marchandises parce qu’elles n’entraient pas du tout. Avec ce qui se passait en Libye et avec l’attaque qui a eu lieu à Ben Guerdane, c’était compliqué et cela avait des conséquences sur le marché et sur les commerçants.« , explique Jaafar Ben Ali, commerçant tunisien.
Couvertures bariolées ou rideaux chatoyants fabriqués en Turquie, électroménager et pneus chinois ou coréens : les souks de Ben Guerdane à 200 kilomètres de Tripoli, la capitale libyenne sont alimentés par les marchandises arrivant via l’ouest de la Libye. Un commerce qui fait vivre plusieurs familles dans le sud de la Tunisie ou les opportunités sont rares.
» Nous espérons que la situation va s’améliorer pour que les citoyens qui traversent la frontière ne restent pas bloqués là pendant deux, trois, quatre heures ou même toute la journée. Nous espérons que cette situation va s’améliorer. Ben Guerdane aura toujours la caractéristique d’être une frontière. ’’, a déclaré Faathi Aaboud, maire de Ben Guerdane.
La crise libyenne a coûté à la Tunisie 24 % de sa croissance économique entre 2011 et 2015 d’après la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale. Les milieux d’affaires comptent bien reconquérir des parts de marché en Libye.
» Ce que les Tunisiens essaient de faire en Libye avec le forum qui a eu lieu, les discussions, la présence de certains hommes d’affaires en Tunisie, les tentatives de signature de contrats, etc. Tout cela est bien, mais c’est désorganisé et pas nécessairement soutenu par une décision politique, et aucun pouvoir politique n’a défini une stratégie pour la Libye« , souligne Ezzedine Saidane, économiste tunisien.
Fin mai, plusieurs centaines d’hommes d’affaires tunisiens se sont ainsi rendus à Tripoli avec leur Premier ministre, Hichem Mechichi.
Tunis a obtenu que Tripoli rouvre des lettres de crédit pour les produits arrivant par voie terrestre, via la Tunisie, alors qu’elles avaient été limitées ces deux dernières années aux importations maritimes, jouant en faveur de la Turquie.