Élu à la tête de l’Union des magistrats Sénégalais (Ums) le 7 août 2021, Ousmane Chimère Diouf a fait hier, sa première sortie médiatique. Occasion saisie par le magistrat pour se prononcer sur l’affectation de son prédécesseur, l’indépendance de la justice et les élections locales de janvier 2022.
L’affectation de Souleymane Teliko à la cour d’Appel de Tambacounda continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Après le ministre de la Justice, Me Malick Sall, c’est au tour du président de l’Union des magistrats Sénégalais (Ums) de livrer sa part de vérité. « Je tiens à préciser que Souleymane Téliko, lui-même était présent lors du dernier Conseil supérieur de la magistrature, en tant que représentant du collège des magistrats de son grade. Il a été élu pour ça. Au moment de son affectation, il était présent. Il s’est défendu et a fait de même pour d’autres collègues qui sont de son collège. L’Ums n’a pas un rôle actif à jouer », a expliqué Ousmane Chimère Diouf hier, lors de son face-à-face avec la presse au tribunal de Dakar.
Par contre, indique le successeur de Souleymane Téliko, « si nous nous rendons compte effectivement que de par une affectation on sanctionne un collègue, nous pouvons effectivement réagir parce qu’à l’issue du conseil, certains collègues se sont rapprochés du bureau pour attirer notre attention sur l’irrégularité, pour eux, de leur affectation. Certains l’ont fait et leurs préoccupations ont été prises en compte par le bureau qui a saisi qui de droit et le président Téliko n’en fait pas partie. On ne peut pas traiter d’un cas alors qu’on n’a pas d’éléments objectifs pour le faire. Donc je ne pourrai parler d’affectation sanction parce qu’il ne nous a pas saisis alors que d’autres collègues l’ont fait. Je ne sais pas ce qui est à l’origine de son affectation », a-t-il précisé.
« La politique n’est pas au-dessus de la loi… »
Sous un autre registre, le président de l’Ums a lancé des piques aux hommes politiques qui remettent en cause l’indépendance de la justice. « La justice est évaluée par l’opinion publique sur la base des décisions rendues et concernant des hommes politiques. Doit-on rappeler que la politique n’est pas un fait justificatif en droit et que la différence d’approche entre la conception de l’opinion fondée sur la qualité des personnes poursuivies, est radicalement différente de celle des juges, basée essentiellement sur les faits qui leur sont reprochés », a-t-il argumenté. « La politique n’est pas au-dessus de la loi et ne peut transférer à la justice ses propres règles de fonctionnement et de communication et il appartient à tout inculpé, prévenu, ou accusé, de se défendre librement », martèle-t-il.
Pour ce qui est des élections locales de janvier 2022, Ousmane Chimère Diouf a attiré l’attention de l’opinion sur le fait que les commissions départementales travaillent sur la base des procès-verbaux issus des bureaux de vote et aucun magistrat n’est présent au moment du dépouillement. « Par contre, tous les représentants de listes assisteront à cette opération et signeront les dits procès-verbaux avec ou sans réserve. Et tous les représentants de listes participent aux travaux de ces commissions et détiennent les copies de ces procès-verbaux, ceci pour lever toute équivoque liée à la sincérité des résultats qui seront proclamés », assure-t-il. Il rappelle « le rôle des magistrats dans le processus électoral qui a déjà commencé avec le contentieux préélectoral lié au dépôt des listes, qui va se poursuivre avec la supervision des opérations le jour du scrutin par le biais des délégués de la Cour d’appel qui vont sillonner le territoire national en se rendant au niveau des centres de vote, et par le travail des commissions départementales chargées de procéder au recensement des suffrages et de prononcer les résultats, sans oublier le contentieux postélectoral lié à la contestation des opérations de vote et à la proclamation des résultats », indique-t-il.